posté le 17-05-2014 à 07:57:46

Curry de filets de merlan

Cette recette était autrefois une excellente ruse pour ma mère pour me faire manger du poisson que je détestais "cordialement". Je vous donne la recette initiale avec le curry mais si vous ne l'appréciez pas, il peut être facultatif.

 

 

 

 

 

Ingrédients :

1 filet de poisson blanc par personne(cela peut être du merlan, de l'empereur, de la sole...)

1 banane par personne

1 pamplemousse

Riz

Beurre

Farine

Sel, poivre

Curry

 

Si, je ne vous mets pas les mesure exactes en beurre, riz et curry c'est afin que vous adaptiez aux nombres de convives ainsi qu'à votre goût pour cet épice si particulier.

Commencez par vous occupez de votre riz, faites fondre dans une cocotte un peu de beurre(ne le faites pas brûler), jetez y votre quantité de riz souhaitée et laissez rissoler quelques instants en remuant pour que le riz devienne translucide. Ajoutez alors 2 FOIS 1/2 la quantité d'eau (pour un verre de riz, vous rajouterez 2 verres et demi d'eau). Ne salez pas trop, rajoutez le curry(pour 4 personnes aimant l'épice on met une cuillerée à café). Laissez cuire sur feu doux jusqu'à totale absorption de l'eau.

Pendant ce temps :

Salez et poivrez vos filets de poisson puis farinez les(afin que la farine se répartisse régulièrement partout, mettez les dans un sachet en plastique avec la farine, fermez ce dernier et secouez le délicatement jusqu'à ce que les filets soitent bien enrobés). Laissez vos filets en attente, lorsque le riz est presque cuit, mettez les à dorer dans une poêle avec un peu de beurre. Le temps dépendra de l'épaisseur de vos filets.

Pressez le pamplemousse

Epluchez les bananes, coupez les en deux, en même temps que le poisson, mettez les à dorer dans une autre poêle jusqu'à ce qu'elles aient une belle couleur dorée sur les deux faces.

 

Dressez votre plat de riz, en déposant le poisson sur le dessus et les bananes autour. Servez le jus de pamplemousse à part.

Tags: #recettes
 


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posté le 16-05-2014 à 07:51:36

Le célèbre "Barbe noire"

Certains de ces aimables personnages ne sont qu'une légende sortie tout droit de l'imagination mais pour beaucoup ils existèrent vraiment et  celui dont je vais vous parler est fort probablement le plus cruel et le plus fou de tous les pirates ayant écumé les mers. Il en est devenu un mythe et même si l'on connaît peu de choses de sa jeunesse, des films rocambolesques nous raconte ses péripéties qui en firent à son époque l'ennemi numéro 1.

Barbe Noire avait l'habitude de porter, au combat ou non, plusieurs épées, couteaux et

six pistolets. Il était connu également pour son habileté à coudre le chanvre et il avait l'habitude, avant les assauts, d'allumer des mèches de poudre à canon dans son abondante barbe noire, ce qui lui valut son surnom. 

Cependant, cette habitude rencontre le scepticisme de certains historiens. En effet, il est possible que cette image de « pirate à la barbe de flammes » ne soit qu'une des nombreuses exagérations dues à la notoriété toute particulière du personnage. Une autre version serait qu'il cachait des mèches à canon sous son chapeau et y attachait les tresses de sa barbe.

 

Barbe Noire

 

Barbe Noire dont en fait on ne connaît pas le véritable nom, il serait pour beaucoup Edward Teach(Thatch, Tash ou Tach) mais également Edward Drummond ( c'est celui que lui donne Daniel Defoe dont je reparlerai prochainement) naquit selon les sources de l'époque en Angleterre à Bristol en 1680; cependant une découverte récente datant de mai 2009 pourrait prouver qu'il serait né en 1690 à Beaufort en Caroline du Nord, et que son nom serait Edward Beard.  Non seulement personnage haut en couleur il est en plus un homme mystérieux.

Il s'engage sur un bâtiment corsaire anglais pendant la guerre de Succession d'Espagne au service de la reine Anne de 1702 à 1713. En dépit de sa témérité et de son courage dans l'abordage des navires français, il n'a aucun avancement. Dépité par si peu de reconnaissance, il va devenir pirate en 1716 lors de sa rencontre avec le célèbre Benjamin Hornigold à New Providence. Selon le gouverneur de l'île, Edward Teach commandait deux navires pirates britanniques qu'Hornigold lui avait confié, armés l'un de huit canons, l'autre de douze et embarquant un total de 250 hommes.

 

Pavillon Pirate de "Barbe Noire

 

Le 28 novembre 1717, ils capturent "Le Concorde", un navire français en provenance de Nantes et transportant des esclaves, près de la Martinique. Barbe noire  reçoit alors  de son capitaine le commandement de ce navire armé de 40 canons et rebaptise « Le Concorde » en "Queen Anne's Revenge" (« La Revanche de la Reine Anne »). 

Avec Hornigold et leurs équipages respectifs, ils pillent six autres navires cette année là, sur la côte américaine et dans les Caraïbes. Vers la fin de l'année, il capturent un navire français chargé d'or, de pierres précieuses et d'autres richesses, après quoi les deux pirates se séparent : Barbe Noire se dirige vers l'Amérique alors qu'Hornigold retourne à New Providence. 

Durant les deux années qui suivent, Barbe Noire se forge une solide réputation de pirate téméraire et cruel en attaquant régulièrement les installations navales et côtières des Antilles et de la côte atlantique del'Amérique du Nord. Cette notoriété est renforcée lorsqu'il sort victorieux d'un duel contre le "Scarborough", un bâtiment de guerre de la couronne de Grande Bretagne armé de 30 canons.

Il continue d'attaquer les navires marchands, les forçant à laisser ses hommes monter à bord du navire et transborder toutes les richesses,les alcools et les armes. Si l'équipage n'offre pas de résistance, Barbe Noire laisse le navire repartir et continuer sa route. Dans le cas contraire, tous les résistants sont tués.

 

Barbe Noire installe un beau jour plusieurs quartiers généraux aux Bahamas ainsi qu'en Caroline du Nord et du Sud. Il vit essentiellement sur l'île de New Providence où on lui donne l'appellation de Magistrat de la République des Corsaires. Le Gouverneur de la Caroline du nord , Charles Eden, reçoit régulièrement des parts du butin en échange d'une protection non officielle.  Barbe Noire sera ensuite forcé de quitter  l'île lorsque le Gouverneur Woodes Rogers lance la chasse aux pirates.

 

Notre forban repart donc écumé les mers mais pas seulement. 

 

Maynard contre Barbe Noire

 

En 1718, il bloque le port de Charleston. Il capture le fils de Rogers et demande une rançon : liberté contre médicaments. Face à l'augmentation du nombre de ses attaques, Charles Eden perd patience et envoie des troupes à sa poursuite. Barbe Noire est acculé par le HMS "Pearl", un bâtiment de guerre de la Couronne de Grande-Bretagne dirigé par Robert Maynard, au large des côtes d'Ocracoke. Il reçoit plus de 25 blessures dont 5 par balles au cours d'une lutte devenue célèbre (Au matin du 22 novembre 1718, l'abordage est lancé, un combat féroce s'ensuit. Teach et Maynard se retrouvent face à face. Chacun étant armé d'un sabre et d'un pistolet. Ils se livrent à un duel au pistolet. Teach est touché. Les deux hommes s'affrontent ensuite au sabre, celui du Lieutenant se brise sous les assauts de son terrible adversaire. Teach se rue sur lui pour lui porter le coup fatal, lorsqu'un matelot lui assène un coup de poignard à la nuque. Surmontant sa douleur, le sang l'inondant, Barbe-Noire continue à combattre courageusement en dépit de ses multiples blessures quand un autre matelot se mêle au combat et l'assaille de coups de couteaux. Hurlant et fou de rage, Barbe-Noire se bat de toutes ses forces. Les autres matelots tirent sur lui, cherchant à l'achever et enfin, Maynard le touche mortellement d'un coup de pistolet. Le pirate s'écroule lourdement...
Dans un ultime effort, Barbe-Noire sort le dernier des six pistolets qu'il porte à la poitrine et s'apprête à tirer mais il n'y parvient pas et sombre, sans vie.). Décapité par Maynard. Sa tête sera placée en guise de trophée sur le beaupré du "Pearl." Une légende raconte que son corps, après avoir été jeté à la mer, aurait fait deux fois le tour du bateau à la nage avant de couler.

 

La tête de Barbe Noire sur le beaupré du Pearl

 

Quant à son navire, il serait ensablé dans une baie de Caroline du Nord difficile d'accès. Des recherches méticuleuses entreprises depuis plusieurs années tentent à prouver d'une façon irréfutable que ce vaisseau serait bien  le

"Queen Anne's Revenge"

mais jusqu'à présent seules de fortes présomptions demeurent. 

 

"Le Queen Anne's Revenge"

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posté le 14-05-2014 à 10:59:36

La légende des pierres de Plouhinec

Bernez aimait Rozenn qui le lui rendait bien. Mais de mariage entre eux, il ne pouvait être question, car Bernez n'était que valet de la ferme du père de Rozenn.

La veille de Noël, Bernez se joignit à la veillée chez son maître, tout heureux de passer la soirée près de sa bien-aimée. Bouillie de froment arrosée de beurre, lard et boudins, crêpes, miel et cidre râpeux s'étalaient en abondance sur la grande table. Aussi toute l'assemblée accueillit-elle de bon coeur le vieil homme qui s'en vint réclamer la part du pauvre, bien qu'on le sache chapardeur et qu'on le dise sorcier.

 

 

PLOUHINEC

 

 

Lorsque chacun s'en alla dormir, le vieux s'abrita dans la petite étable où Rozenn gardait un vieil âne et un boeuf décharné, compagnons de ses jeux d'enfant. A peine couché dans la paille, l'homme entendit un murmure. Il ne rêvait pas...L'âne et le boeuf se parlaient et il les comprenait ! Un peu docte, le boeuf rappela à son voisin que , cette nuit ils étaient doués de parole en mémoire de leurs lointains parents, gardiens de l'enfant Jésus. Puis, il glissa dans la longue oreille duveteuse de son ami que le Noël de cette année était extraordinaire. En effet, la nuit prochaine, les pierres dressées sur la lande de Plouhinec, à deux pas d'ici, iraient boire à la rivière. Cela n'arrive qu'une fois tous les cent ans, et pendant ce temps , les trésors enfouis à leurs pieds sont offerts à ceux qui osent les prendre. L'âne répliqua illico que les pierres revenaient si vite qu'elles risquaient d'écraser leur voleur, à moins qu'il ne porte sur lui un bouquet de gui et de trèfles à 5 feuilles. Finalement, le boeuf eut le dernier mot en disant que les richesses volées tombent en poussière si elles ne reçoivent pas en dédommagement la vie d'un homme.

Le lendemain matin, notre sorcier s'en alla arpenter les talus et revint vers midi à la ferme, où il s'entretint longuement avec Bernez. On le devine, la promesse de la richesse agitée par la vieille crapule enthousiasma le jeune homme. Rendez-vous fut pris pour le soir, près des pierres dressées. Bernez arrivé en avance, s'occupa à sculpter une croix sur le plus haut des mégalithes. A l'heure dite, le sorcier était là et lorsque le clocher sonna minuit, les deux hommes teriffiés entendirent le grondement de tonnes de pierre s'arrachant du sol et virent passer, en un vol serré tous les menhirs qui filaient vers la rivière. D'un seul élan, ils sautèrent dans les fosses découvertes où l'or brillait sous la lune. A peine avaient ils enfourné quelques poignées de pièces dans leurs poches que retentit un grand vacarme...les pierres revenaient.

"-Nous allons mourir hurla Bernez

 -Toi, oui mais pas moi, mes herbes me protègent!" rétorqua le vieil homme brandissant son bouquet de gui et de trèfle.

 

 

LES PIERRES DE PLOUHINEC

 

 

L'instant d'après, les pierres arrivaient en file indienne. La plus haute d'entre elles, qui les menaient, s'arrêta devant Bernez, l'abritant de sa masse rugueuse marquée d'une croix. Les autres la contournèrent pour rejoindre leur excavation. Bernez sauvé par le signe qu'il avait gravé, était tombé à genoux dans l'ombre de son mégalithe. Enfin l'énorme bloc se souleva d'un bond par-dessus Bernez et plongea sur le sorcier qui agitait frénétiquement ses herbes. Mais la pierre n'obéïssait plus aux anciennes coutumes, elle bouscula l'homme qui tomba dans la fosse où elle l'écrasa de son poids.

Bernez mit un moment à reprendre ses esprits. Et s'il murura une vague prière devant la dalle d'où rien ne transparaissait du drame, il n'alla pas jusqu'à verser de larmes sur celui qui l'avait condamné en riant. Puis il revint vers la ferme, les poches emplies d'or qui lui gagnerait la main de sa Rozenn.

 


Commentaires

 

josiane/tachka  le 14-05-2014 à 09:23:00  #   (site)

Elle m'avait été racontée il y a bien longtemps et je la relis avec plaisir !
Bonne journée pour toi avec bisous

 
 
posté le 12-05-2014 à 08:53:49

La Légende de Louënn KERMENOU

 

 

 

Il y avait un marchand, nommé Jean Kerménou, qui avait gagné une grande fortune. Il avait plusieurs navires sur la mer, et il allait dans les pays lointains avec des marchandises de son pays, qui lui coûtaient peu de chose, et qu'il revendait très avantageusement. Il n'avait qu'un fils, nommé Louenn, et il désirait le voir devenir marchand et homme de mer, comme lui. Aussi, un jour, lui parla-t-il de la sorte :
— Voici que je me fais vieux, mon fils, et, après avoir beaucoup travaillé, toute ma vie, et m'être donné beaucoup de mal, je voudrais rester enfin tranquille, à la maison, pour attendre la mort, quand il plaira à Dieu de me l'envoyer. Mais, vous, qui êtes jeune et plein de force et de santé, je voudrais vous voir travailler et voyager, comme je l'ai fait, car tout homme, dans ce monde, doit travailler pour vivre. Je vais donc vous donner un navire, chargé de marchandises du pays, que vous irez vendre dans les pays lointains ; vous reviendrez avec une autre cargaison de marchandises étrangères, et apprendrez ainsi le commerce et augmenterez votre avoir.
Louenn, qui ne désirait rien tant que de quitter la maison de son père et de voyager au loin, entendit ces paroles avec une grande joie. On lui chargea donc un navire de toutes sortes de marchandises et il partit, muni de lettres pour les pays où il se rendait. Les vieux matelots de son père étaient avec lui, et, après une longue navigation, avec toutes sortes de temps, et du bon et du mauvais, il arriva dans une ville dont je ne sais pas le nom. Il présenta les lettres de son père, reçut bon accueil, vendit bien sa cargaison et en fit beaucoup d'argent.
Un jour qu'il se promenait par la ville, il vit un rassemblement de curieux et entendit des aboiements de chiens. Il s'approcha, et fut fort étonné de voir le cadavre d'un homme livré en pâture à un troupeau de chiens. Il demanda ce que cela signifiait, et apprit que cet homme avait beaucoup de dettes, et qu'après sa mort, son corps avait été livré en pâture aux chiens, selon la coutume du pays, à l'égard de ceux qui mouraient insolvables. Louenn eut pitié de ce pauvre mort et dit :
— Chassez les chiens ; je paierai ses dettes et lui ferai rendre les derniers devoirs.
On arracha le cadavre aux chiens, et Louenn fit publier par la ville que tous ceux à qui cet homme devait quelque chose n'avaient qu'à venir le trouver et ils seraient payés.
Il se présenta beaucoup de monde, et il lui fallut une grande somme d'argent pour les désintéresser tous ; puis, quand personne ne réclama plus rien, le cadavre fut enseveli et mis en terre avec les honneurs convenables.
Quelques jours après, Louenn Kerménou remit à la voile, pour revenir dans son pays, avec le peu d'argent qui lui restait, et sans acheter d'autres marchandises. Comme il était en mer avec ses matelots, ils aperçurent un navire tout tendu de noir :
— Que signifie ceci ? Se demandèrent-ils ; il faut aller voir.
Et ils se dirigèrent vers le navire tendu de noir, et, quand ils furent auprès, Louenn cria à ceux qui le montaient :
— Pourquoi êtes-vous ainsi tendus de noir ? Vous est-il arrivé quelque malheur ?
— Oui, il y a malheur assez ! Lui répondit-on.
— Qu'est-ce donc? Parlez, et si nous pouvons vous être utiles, ce sera avec plaisir.
— Il y a un serpent qui habite dans une île, près d'ici, et, tous les sept ans, il faut lui livrer une princesse du sang de notre famille royale.
— La princesse est-elle avec vous ?
— Oui, elle est avec nous et nous la conduisons au serpent, et voilà pourquoi notre navire est tendu de noir.
Louenn, à ces mots, monta sur le navire tendu de noir et demanda à voir la princesse. Quand il vit combien elle était belle, il s'écria :
— Cette princesse ne sera pas la proie du serpent !
— Hélas ! répondit le maître du navire, il nous faut la lui conduire, ou il mettra tout le royaume à feu et à sang.
— Je vous dis qu'elle ne sera pas conduite au serpent, et qu'elle viendra avec moi. Je vous donnerai en échange beaucoup d'argent, et vous pourrez acheter ou enlever, quelque part ailleurs, une autre princesse, que vous livrerez au serpent.
— Si vous nous donnez assez d'argent…
— Je vous en donnerai à discrétion.
Et il leur donna tout l'argent qui lui restait et emmena la princesse sur son navire.
Les gens du navire tendu de noir allèrent alors chercher une autre princesse, et Louenn Kerménou s'en retourna dans son pays, avec celle qu'il leur avait achetée. Mais, il n'avait plus d'argent, ayant tout donné.
Quand le vieux marchand apprit que le navire de son fils était rentré au port, il se hâta de s'y rendre et lui demanda :
— Eh bien ! Mon fils, avez-vous fait un bon voyage ?
— Oui, vraiment, mon père, il a été assez beau, répondit-il.
— Que rapportez-vous ? Faites-moi voir, Louenn conduisit le vieillard à sa cabine et lui dit, en lui montrant la princesse :
— Voyez, mon père, voilà ce que je rapporte.
— Oui, une belle fille, comme il y en a beaucoup dans ces pays-là ; mais, vous avez de l'argent aussi, puisque vous n'avez pas de marchandises ?
— J'ai eu beaucoup d'argent, il est vrai, mon père; mais je n'en ai plus.
— Qu'en avez-vous donc fait, mon fils ?
— J'en ai employé une moitié, mon père, à racheter et à faire ensevelir convenablement le cadavre d'un pauvre homme jeté en pâture aux chiens, parce qu'il était mort sans pouvoir payer ses dettes; et j'ai donné l'autre moitié pour cette belle princesse, que l'on conduisait à un serpent, pour être dévorée par lui.
— Il n'est pas possible que vous ayez fait tant de folies, ou vous n'êtes qu'un sot, mon fils !
— Je ne vous dis que la vérité, mon père.
— Eh bien ! Disparaissez de devant mes yeux, et ne remettez jamais les pieds dans ma maison, ni vous ni votre princesse; je vous maudis.
Et le vieillard s'en alla, furieux.
Louenn était fort embarrassé ; où aller avec sa princesse, puisque son père ne voulait pas le recevoir, et qu'il n'avait plus d'argent ? Il se rendit chez une vieille tante qu'il avait, dans la ville, et lui conta tout : comment il avait employé son argent à payer les dettes d'un homme mort insolvable et à racheter la belle princesse qu'elle voyait auprès de lui, et que l'on conduisait à un serpent; et comment enfin son père leur avait donné sa malédiction à tous deux, en leur défendant de remettre jamais les pieds dans sa maison.
La tante eut pitié d'eux, et leur donna l'hospitalité.
Mais, bientôt Louenn voulut épouser la princesse. Il se rendit auprès de son père, pour solliciter son consentement.
— La fille est-elle riche ? Lui demanda le vieillard.
— Elle le sera, un jour, mon père, puisqu'elle est fille de roi.
— Oui da ! Quelque drôlesse, qui vous aura fait croire qu'elle est fille de roi : faites comme il vous plaira, du reste ; mais, vous n'aurez rien de moi, si vous l'épousez.
Louenn s'en retourna tout triste et raconta à la princesse et à sa tante la réception que lui avait faite son père. Quoi qu'il en soit, le mariage fut célébré, la tante en fit les frais et céda aux jeunes époux une petite maison, qu'elle possédait, non loin de la ville, et où ils se retirèrent.
Environ neuf ou dix mois après, la princesse donna le jour à un fils, un fort bel enfant.
Un oncle de Louenn, un frère de sa mère, avait aussi des navires sur la mer, pour aller faire du commerce dans les pays lointains. Il se faisait vieux, il était riche aussi et ne voulait plus naviguer. Il confia à son neveu un beau navire, chargé de marchandises, pour aller les vendre dans les pays où le soleil se lève. Quand la princesse apprit cela, elle dit à son mari qu'il fallait mettre leurs portraits à tous deux et celui de leur enfant, bien ressemblants, à l'avant du navire. Ce qui fut fait. Louenn fit alors ses adieux à sa femme, embrassa tendrement son enfant, et mit à la voile. Il fut jeté par le vent, sans qu'il en sût rien, dans la ville où habitait le père de sa femme. Les gens de la ville accoururent pour voir son navire, et, quand ils virent les trois portraits sculptés à l'avant, sous la misaine, ils reconnurent dans l'un d'eux la fille de leur roi, et allèrent en avertir celui-ci. Le roi courut aussitôt au navire, et, dès qu'il vit le portrait, il s'écria :
— Oui, c'est bien ma fille ! Serait-elle donc encore en vie ? Il faut que je m'en assure, à l'instant.
Et il demanda à parler au capitaine du navire. Quand il vit Louenn, il reconnut facilement que c'était l'homme dont le portrait se trouvait avec celui de sa fille, à la proue du navire, et il lui dit :
— Ma fille est sur votre navire, capitaine ?
— Excusez-moi, seigneur, lui répondit Louenn, il n'y a ni fille ni femme sur mon navire.
— Je vous dis qu'elle est ici, quelque part, et il faut que je la voie, à l'instant.
— Croyez-moi, seigneur, votre fille n'est pas sur mon navire.
— Où donc est-elle ? Car vous la connaissez, sans doute, puisque son portrait est près du vôtre, sur l'avant de votre navire.
— Je ne saurais vous dire, seigneur, où est votre fille, car je ne la connais pas.
Louenn ne voulait pas avouer, de crainte qu'on ne lui enlevât sa femme. Le roi était fort en colère, et dit :
— Nous verrons bien, tout à l'heure; et quant à toi, tu auras la tête tranchée.
Et il visita tout le navire, avec ses deux ministres et quelques soldats, qui l'accompagnaient, et, comme ils ne trouvèrent pas la princesse, Louenn fut jeté en prison, en attendant qu'on lui fît tomber la tête, le lendemain, et son navire fut livré en pillage au peuple, et ensuite incendié.
Louenn, dans sa prison, conta ses aventures à son geôlier, qui paraissait s'intéresser à son sort. Il lui dit comment son père l'avait chassé de sa maison, parce qu'il avait employé tout l'argent qu'il avait eu de sa cargaison à racheter un homme mort qui avait été jeté en pâture aux chiens et à lui faire rendre les derniers devoirs, et à délivrer une belle princesse d'un serpent auquel on la conduisait, laquelle princesse il avait épousée et lui avait donné un fils ; un frère de sa mère lui avait confié un navire pour aller commercer dans les pays lointains, du côté du Levant, et il avait mis sur l'avant de ce navire le buste de sa femme, le sien .propre et celui de leur enfant, sculptés en bois et fort ressemblants. Le roi prétendait reconnaître, dans le buste de sa femme, celui de sa fille, qu'il croyait avoir péri, victime du serpent, et, comme il ne la retrouva pas sur le navire, puisqu'il est vrai qu'elle n'y était pas, étant restée à la maison avec son enfant, il l'avait fait jeter en prison, et son navire avait été pillé par le peuple, puis incendié.
— Ainsi donc, répondit le geôlier, vous avez sauvé du serpent la fille du roi, et elle est, à présent, votre femme?
— Je l'ai achetée au capitaine d'un navire qui la conduisait à un serpent, dans une île, et, selon ce qu'elle dit, elle serait fille d'un roi, mais je ne sais de quel roi.
Le geôlier courut faire part au roi de ce qu'il venait d'entendre. Le roi donna l'ordre d'amener, sur-le-champ, le prisonnier en sa présence, et, quand il eut entendu son histoire, il s'écria :
— C'est sûrement ma fille ! Où est-elle ?
— Elle est restée à la maison, dans mon pays, avec son enfant, répondit Louenn.
— Il faut me l'aller chercher, vite, pour que je la voie encore, avant de mourir !
Et l'on donna un nouveau navire à Louenn, pour aller chercher la princesse et la ramener à son père. Les deux premiers ministres du roi reçurent aussi l'ordre de l'accompagner, dans la crainte qu'il ne revînt pas. Ils arrivèrent sans encombre dans le pays de Louenn, et s'en retournèrent aussitôt, ramenant la princesse et son enfant.

 

 

 


Un des deux ministres du roi aimait la princesse, depuis longtemps, et, pendant la traversée, il recherchait sa société et voyait son mari d'un mauvais œil. Si bien que la princesse craignit qu'il ne méditât quelque trahison contre Louenn, et pria celui-ci de rester avec elle, dans sa chambre, et d'aller moins souvent sur le pont du navire. Mais Louenn aimait à être sur le pont et même à aider lui-même les matelots, dans leurs manœuvres, et sa femme ne pouvait le retenir auprès d'elle. Voyant cela, elle lui mit sa chaîne d'or au cou. Une nuit qu'il était appuyé sur le bord du navire, regardant la mer, qui était calme et belle, le ministre qui poursuivait sa femme s'approcha de lui, tout doucement, le prit par les pieds et le précipita dans la mer, la tête la première. Personne ne le vit faire le coup. Peu après, il cria : — Le capitaine est tombé à la mer !… On envoya des hommes avec des embarcations à sa recherche, mais, c'était trop tard, et on ne le retrouva pas. Alors, le traître se rendit auprès de la princesse et lui dit que son mari avait été jeté à la mer par un coup de vent et qu'il était noyé. La pauvre femme fut désolée, à la pensée que son mari était mort ; mais, heureusement que Louenn Kerménou était bon nageur, et il nagea vers un écueil, qu'il aperçut non loin de l'endroit où il était tombé, et s'y sauva. Laissons-le là, pour un moment, et suivons la princesse jusqu'à son pays.
Elle prit le deuil, s'habilla tout de noir, et ne donna plus aucun signe de joie. Elle soupçonna bien quelque trahison de la part du ministre de son père, et elle ne voulut plus le revoir. Quand elle arriva chez son père, elle reçut bon accueil et le vieux roi pleura de joie. On fit un grand repas, avec des fêtes et des réjouissances publiques. Mais, hélas ! La pauvre princesse ne pouvait plus rire et ne trouvait de plaisir à rien. Le perfide ministre s'appliquait toujours à lui plaire, et il fit tant et si bien qu'il finit par rentrer en grâce auprès d'elle. Ils se fiancèrent et prirent date pour la célébration du mariage. La fiancée défendit que l'on prononçât jamais en sa présence le nom de son premier mari, dans l'intervalle des fiançailles au mariage. Trois ans s'étaient écoulés, depuis qu'elle l'avait perdu, et elle pensait bien qu'elle ne le reverrait jamais, et qu'elle pouvait se remarier, en toute sûreté.
Retournons maintenant, en attendant le jour fixé pour le mariage, auprès de Louenn Kerménou, sur son rocher, au milieu de la mer.
Il y avait trois ans qu'il était là. Il n'avait pour toute nourriture que les coquillages qu'il pouvait recueillir contre son rocher et les poissons qu'il réussissait à prendre, de temps en temps. Il était complètement nu et son corps était tout couvert de poil, si bien qu'il ressemblait plus à un animal qu'à un homme. Un trou sous un rocher lui servait d'habitation. Il avait encore au cou la chaîne d'or de sa femme. Aucun navire ne passait jamais par là, et il avait perdu tout espoir d'en sortir. Une nuit, pendant qu'il dormait dans son trou, il fut éveillé par une voix qui disait:
— Froid !… froid !… Hou ! Hou ! Hou!… Puis il entendait comme les claquements de dents d'un homme transi de froid, et, un moment après, le bruit d'un animal ou d'un homme qui se jette à l'eau. Tout cela l'étonna; mais il ne sortit pourtant pas pour voir ce que ce pouvait être. La nuit suivante, ce fut la même chose. Il ne parla pas encore, ne sortit pas de son trou et ne vit rien.
— Qu'est-ce que tout ceci pourrait bien être ? Se demandait-il ; c'est peut-être une âme en peine. Demain soir, si j'entends encore, je parlerai et je sortirai, pour voir.
La troisième nuit, il entendit encore, comme les deux précédentes, et plus près de lui :
— Froid !… froid!… Hou! Hou! Hou!… et des claquements de dents. Il sortit et vit, au clair de la lune, un homme complètement nu, le corps sanglant et couvert d'horribles blessures, le ventre entr'ouvert, avec les entrailles qui s'en échappaient, les yeux arrachés de leurs orbites, et, au côté gauche, une énorme plaie, par où l'on voyait son cœur. Il frémit d'horreur, et demanda pourtant :
— Que vous faut-il, mon pauvre homme? Parlez, et si je puis quelque chose pour vous, je vous promets de le faire.
— Ne me reconnaissez-vous donc pas, Louenn Kerménou ? demanda le fantôme; je suis celui dont vous avez arraché le cadavre aux chiens qui le dévoraient, et à qui vous avez fait rendre les derniers devoirs, après avoir payé ses dettes, de votre propre argent. Par reconnaissance pour ce que vous avez fait pour moi, je veux aussi faire quelque chose pour vous. Vous désirez, sans doute, être retiré de dessus ce rocher désert, où vous souffrez depuis trois ans ?
— Ah! Si vous pouviez me rendre ce service, mon Dieu!… s'écria Louenn.
— Promettez-moi de faire bien exactement tout ce que je vous dirai, et je vous retirerai de là, et vous conduirai auprès de votre femme.
— Oui, je ferai tout ce que vous me direz.
— C'est demain que votre femme doit se marier avec le ministre de votre beau-père qui vous a jeté à la mer.
— Mon Dieu, serait-ce donc vrai?
— Oui, car elle vous croit mort, n'ayant eu en aucune façon de vos nouvelles, depuis trois ans. Mais, promettez-moi de me donner une moitié de tout ce qui appartiendra à votre femme et à vous, dans un an et un jour, et je vous conduirai jusqu'à la porte de la cour du palais de votre beau-père, pour demain matin, avant l'heure où le cortège se rendra à l'église.
— Oui, je vous promets de vous donner cela, et davantage encore, si vous faites ce que vous dites.
— Eh bien ! Montez, à présent, sur mon dos, et souvenez-vous bien, car, dans un an et un jour, vous me reverrez, en quelque lieu que vous soyez !
Louenn monta sur le dos de l'homme mort, qui se jeta avec lui à la mer, nagea comme un poisson et le conduisit, pour le lever du soleil, à la porte du palais de son beau-père, puis il s'en alla, en disant :
— Au revoir, dans un an et un jour. Quand le portier du palais ouvrit sa porte, le matin, il fut effrayé en voyant auprès un animal comme il n'en avait jamais vu, et il s'enfuit en courant et en criant au secours. Les valets accoururent à ses cris. Ils prirent Louenn pour un sauvage, et, comme il ne paraissait pas méchant, ils s'approchèrent de lui et lui jetèrent des morceaux de pain, comme à un chien. Il y avait trois ans qu'il n'avait mangé de pain, et il sautait dessus et les mangeait avec avidité. Les servantes et les femmes de chambre du palais étaient aussi accourues pour voir l'homme sauvage. La femme de chambre de la princesse était là aussi, et elle reconnut à son cou la chaîne d'or de sa maîtresse et courut lui dire :
— Maîtresse, si vous saviez ?…
— Quoi donc ? demanda la princesse.
— Votre mari, Louenn Kerménou…
— J'ai fait défense expresse, vous le savez, de prononcer ce nom devant moi, avant que je ne sois mariée.
— Mais, maîtresse… il est là, dans la cour du palais !…
— Cela n'est pas possible, ma fille, car voici déjà trois ans qu'il est mort, comme tout le monde le sait.
— Je vous assure, maîtresse, qu'il est là; je l'ai bien reconnu, à votre chaîne d'or, qu'il a encore au cou.
À ces mots, la princesse se hâta de descendre dans la cour, et dès qu'elle aperçut le prétendu sauvage, bien qu'il ressemblât plus à un animal qu'à un homme, elle reconnut son mari, et lui sauta au cou pour l'embrasser. Puis, elle l'emmena avec elle dans sa chambre et lui donna des vêtements pour s'habiller. Les valets et les servantes étaient tout étonnés de ce qu'ils voyaient, car nul autre que la femme de chambre de la princesse ne savait que c'était là son premier mari. Ceci se passait le matin du jour où elle devait être remariée, au premier ministre de son père. Dans ce temps-là, à ce qu'il paraît, la coutume existait, aux grandes noces, que le repas avait lieu avant d'aller à l'église. On avait invité beaucoup de monde, de tous les coins du royaume, et aussi des royaumes voisins. Quand le moment en fut venu, on se mit à table. La princesse, belle et parée magnifiquement, était entre son père et son fiancé. Vers la fin du repas, on chanta et on fit des récits plaisants, selon l'habitude. La princesse fut priée par son futur beau-père de dire aussi quelque chose, et elle parla de la sorte :
— Monseigneur, donnez-moi votre avis, je vous prie, sur le cas que voici : J'avais un gentil petit coffret avec une charmante clef d'or. Mais, je vins à perdre la clef de mon coffret, et je la regrettai beaucoup. Alors, j'en fis faire une nouvelle. Mais, quand la nouvelle clef fut prête, je retrouvai l'ancienne, de sorte que j'ai aujourd'hui deux clefs, au lieu d'une. Cela m'embarrasse un peu. Je connais l'ancienne clef, elle était bonne et je l'aimais, et je ne sais pas ce que sera la nouvelle, dont je ne me suis jamais servie encore. Dites-moi, je vous prie, laquelle des deux clefs je dois garder, l'ancienne ou la nouvelle ?
— Gardez votre ancienne clef, ma fille, puisqu'elle est bonne : pourtant, si vous me faisiez voir les deux clefs ? répondit le vieillard.
— C'est juste, dit la princesse; attendez un instant, et vous allez les voir.
Et elle se leva de table, se rendit à sa chambre et revint un instant après, tenant par la main Louenn Kerménou, et parla de la sorte :
— Voilà la clef nouvelle! Et elle montrait du doigt le ministre qui devait l'épouser — et voici l'ancienne, que je viens de retrouver ! Elle est bien un peu rouillée, parce qu'elle a été longtemps perdue ; mais, je la rendrai, sans tarder, aussi belle qu'elle le fut jamais. Cet homme est Louenn Kerménou, mon premier mari, et le dernier aussi, car je n'en aurai jamais d'autre que lui !
Voilà tout le monde ébahi d'étonnement, en entendant ces paroles, et le ministre devint pâle comme la nappe qui était devant lui. La princesse prit encore la parole et conta tout au long les aventures de Louenn Kerménou.
Le vieux roi, furieux, se leva alors, et, s'adressant aux valets, il dit :
— Faites chauffer le four, sur-le-champ, et qu'on y jette cet homme !
Et il désignait du doigt son premier ministre. On exécuta son ordre et le ministre fut jeté dans une fournaise ardente.
Louenn Kerménou et sa femme restèrent à la cour, et y vécurent désormais tranquilles et heureux. Au bout de neuf mois, la princesse accoucha encore d'un fils. Leur premier enfant était mort.

 

 

 


Louenn ne songeait plus à l'homme mort et au marché conclu entre eux pour le retirer de dessus son rocher désert, au milieu de la mer. Mais, quand le moment fut venu, au bout d'un an et un jour, un jour du mois de novembre que sa femme et lui étaient tranquillement auprès du feu, la mère chauffant son enfant, et lui les regardant, quelqu'un arriva inopinément dans la maison, ils ne surent comment, et dit :
— Bonjour, Louenn Kerménou !
La princesse fut tout effrayée, à la vue de cet inconnu, d'un aspect horrible. Louenn reconnut l'homme mort qu'il avait arraché aux chiens. Celui-ci reprit :
— Vous rappelez-vous, Louenn Kerménou, que lorsque vous étiez seul sur votre rocher aride, au milieu de la mer, il y a de cela un an et un jour, vous me promîtes de me céder, pour vous retirer de là, une moitié de tout ce qui appartiendrait à votre femme et à vous, au bout d'un an et un jour?
— Je me le rappelle, répondit Louenn, et je suis prêt à tenir ma parole.
Et il demanda les clefs à sa femme, ouvrit toutes les armoires et tous les coffres où étaient leur or, leur argent, leurs diamants et leurs parures, et dit :
— Voyez! Je vous donnerai du fond du cœur une moitié de tout ce que nous avons là, et ailleurs aussi.
— Non, Louenn Kerménou, ce n'est pas de ces biens-là que je demande et je vous les laisse tous; mais, voici quelque chose de plus précieux et qui vous appartient encore à tous deux (et il montrait l'enfant entre les bras de sa mère), et une moitié m'en appartient aussi.
— Dieu ! s'écria la mère, en entendant cela, et en cachant son enfant dans son sein.
— Partager mon enfant !… s'écria, de son côté, le père, saisi de terreur.
— Si vous êtes homme de parole, reprit l'autre, songez à ce que vous m'avez promis, sur le rocher : que vous me céderiez, au bout d'un an et un jour, la moitié de tout ce qui appartiendrait en commun à votre femme et à vous, et je pense que cet enfant est bien à vous deux ?…
— Hélas ! c'est vrai, je l'ai promis, s'écria le malheureux père, les larmes aux yeux ; mais, songez aussi à ce que j'ai fait pour vous, quand votre cadavre avait été livré en pâture aux chiens, et ayez pitié de moi!…
— Je réclame ce qui m'est dû, une moitié de votre fils, comme vous me l'avez promis.
— Jamais je ne permettrai que mon fils soit partagé en deux, emportez-le plutôt tout entier ! s'écria la mère.
— Non, j'en veux la moitié seulement, selon nos conventions.
— Hélas ! Je l'ai promis et je dois tenir ma parole, dit Louenn, en sanglotant et en se couvrant les yeux de sa main.
L'enfant fut alors déshabillé tout nu et étendu sur le dos, sur une table.
— Prenez maintenant un couteau, Louenn Kerménou, et taillez-moi ma part, dit l'homme mort.
— Ah ! Je voudrais être encore sur le rocher aride, au milieu de la mer ! s'écria le malheureux père.
Et, le coeur brisé de douleur, il leva le couteau sur son enfant, en détournant la tête. L'autre lui cria, en ce moment :
— Arrête ! Ne frappe pas ton enfant, Louenn Kerménou ! Je vois clairement, à présent, que tu es homme de parole, et que tu n'as pas oublié ce que j'ai fait pour toi. Moi aussi, je n'ai pas oublié ce que je te dois, et que c'est grâce à toi que je vais maintenant en Paradis, où je ne pouvais aller, avant que mes dettes eussent été payées et que mon corps eût reçu la sépulture. Au revoir donc, dans le Paradis de Dieu, où rien ne m'empêche plus d'aller…
Et il disparut alors.
Le vieux roi vint à mourir, peu après, et Louenn Kerménou fut roi à sa place.



 

 

 


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posté le 11-05-2014 à 08:32:54

L'homme et la mer

L'HOMME ET LA MER  

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

 
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur,
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

 
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

 
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié, ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !

(Les fleurs du mal)

Baudelaire

 

 

 

 

Tags: #poèmes
 


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posté le 10-05-2014 à 10:38:40

Les "Rothéneuf"

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Le village de Rothéneuf

 

 

Après vousz avoir fait découvrir le site de l'Abbé Fouéré, il me paraît indispensable de vous raconter une histoire vraie même si sa conclusion peut faire penser à une légende tout droit sortie de l'imagination des villageois.

Il s'agit en fait de la vie des "Rothéneuf", seigneurs régnant sur la commune au seizième siècle. Famille de naufrageurs locaux, elle demeurait dans une propriété près du rivage et vivait de pêche, de chasse, de contrebande et de diverses rapines. Ces corsaires devenus pirates se déplaçaient sur des navires efficaces et extrêmement rapides qu'ils construisaient eux mêmes (ces vaisseaux étaient appelés "Les Flèches à Flots).

Les "Rothéneuf" amassèrent peu à peu un fabuleux trésor n'acceptant plus d'autres lois que les leurs. Portant des noms pittoresques tels que : Gargantua, La Bigne, Le Grand Chevreuil, La Goule...etc, ils auraient continué leurs activités de pillage jusqu'au dix huitième siècle.

 

 

 

 

 

Durant la révolution, ayant pris le parti de la Chouannerie, ils se firent un beau jour tous massacrés par d'autres familles de la région dans les rochers au pied de leur domaine où un monstre marin attiré par l'odeur des cadavres sortit des profondeurs et les dévora jusqu'au dernier aggripé au trésor patriarcal.

 

Ainsi disparut une lignée dont le village conserva cependant le nom. Dans l'article précédent sur la Bretagne, vous avez déjà découvert  l'endroit même où se déroula cette sanglante bataille...

 

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L'anse du Lupin

Tags: #bretagne
 


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kryspassions  le 10-05-2014 à 15:11:17  #   (site)

Tu as entièrement raison mais il y a tellement de légendes en Bretagne qu'il est dur de savoir lesquelles sont fondées sur une réalité
Bisous

josiane/tachka  le 10-05-2014 à 08:47:11  #   (site)

Ne dit-on pas que toutes légendes ont un fond de vérité ?!
Bisous

édité le 10-05-2014 à 10:47:41

 
 
posté le 09-05-2014 à 09:40:47

Paramé et son quartier de Rothéneuf

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Le havre de Rothéneuf à marée basse

 

Si vous le voulez bien, nous allons poursuivre notre périple le long de la  côte. En contournant la presqu'île Besnard, tout en continuant le long du sentier des douaniers, ce qui semble être un lac intérieur(surnommé autrefois le Lac Suisse) apparaît à nos yeux. Le Havre de Rothéneuf encore appelé le Havre du Lupin s'ouvre en fait sur la mer par un étroit goulet sableux.

 

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La plage de rothéneuf

 

 

Cette petite baie d'environ 1 km 500 de long, fermée au nord par l'île Besnard et à l'ouest par le village de Rothéneuf, assèche complètement à marée basse pour le plus grand plaisir des pêcheurs à pied. Ce petit bourg se situe sur l'ancienne commune de Paramé, érigée en paroisse en 1865, il fut le fief de cette terrible famille dont je vous ai conté l'histoire il y a peu. Tout comme Paramé, et Saint Servan , il fut rattaché à Saint  Malo en 1967, pour former le grand Saint Malo(ce pour des raisons politiques, administratives et touristiques).

 

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Le port naturel de rothéneuf

 

 

Rothéneuf niché tout au fond du Havre qui est un grand port naturel offrant de nombreux mouillages à toute une flotille de bateaux multicolores, a conservé son charme d'antan. Lieu de villégiature fort agréable pour les touristes, l'endroit est célèbre non seulement pour ses légendes de corsaires et pirates mais également par le biais d'un site dont je vais vous parler un peu plus bas.

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Le manoir de Jacques Cartier

 

Avant que d'accéder au centre ville, nous allons traverser l'anse du Lupin surplombée par le Manoir de Limoëlou, résidence secondaire du célèbre explorateur Jacques Cartier. Pour ceux qui aiment les musées, il y a là de quoi se régaler les yeux. Un peu plus loin, des ruines nous attendent, ce sont celles d'un ancien moulin à marée, le seul du littoral d'Ille et Vilaine. Tous les autres sont éparpillés le long de la Rance où je vous emmènerai faire un tour dès notre visite de Saint Malo terminée. Ce moulin à cage de bois possédait deux roues , appuyé sur une digue de pierre, il profitait de la forte amplitude des marées et fut exploité jusqu'en 1899.

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L'abbé Fouéré

 

 

Une fois sortis du village où nous prendrons le temps bien sûr de nous désaltérer et de flâner, nous rejoindrons le sentier côtier afin nous rendre dans un endroit que l'on vient voir de très loin. Il est temps pour moi de vous conter l'histoire d'Adolphe-Julien Fouéré né le 4 septembre 1839 à Saint Thual(Ille et vilaine). Après des études au séminaire de Rennes, il devint prêtre en 1863; vicaire à Paimpont et à Guipry, il devint par le suite le recteur de Saint Maxent et de Langouët. Ce fameux abbé se distinguera notamment en allant défendre la cause des ouvriers en grève des forges de Paimpont. Véritable force de la nature, il s'écroule pourtant un jour terrassé par un accident cérébral qui le laissera sourd et muet. Obligé de prendre sa retraite, il décide alors de venir s'installer à Rothéneuf, il n'a que 54 ans mais est devenu incapable de poursuivre son ministère. Enfermé dans son monde de silence, c'est sur les falaises à la sortie du village qu'il va entreprendre un travail gigantesque(1893-1909). Sur près de 500 m2, l'homme frappe, sculpte et façonne le granit.

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Le patriarche de la tribu et les monstres marins

 

Muet avec ses semblables, il dialoguera avec la roche. L'abbé a en fait décidé d'immortaliser la légende de la famille "Rothéneuf".

La visite du site commence par le gouffre du Paradis où est représentée la chapelle Saint Budoc(saint patron du village). Le gouffre de l'Enfer ou Saut de la Mort nous tend ensuite les bras; c'est là que par un escalier nous accèderons aux falaises.

 

L'egyptien

 

Sur notre droite, apparaissent plusieurs hommes de main aux visages burlesques, en nous tournant vers la gauche notre regard rencontre, figés dans la roche, l'Egyptien(un homme ayant gravité autour de la tribu) et Monsieur de Rothéneuf(le patriarche) aux pieds duquel sommeillent de nombreux monstres marins. Ce n'est que plus bas que sont représentés les épouses et autres personnages de la famille. Le tableau central raconte à sa façon le destruction totale de la famille avec une cinquantaine de sujets imbriqués dans une lutte désespérée.

 

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Le panneau central

 

Par contraste, on aperçoit de çà de là quelques scènes comiques, comme une scène de ménage où Gargantua de Rothéneuf assène à sa femme un magistral coup de pied sur les fesses.

 

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Gargantua frappant sa femme

 

l'Abbé a aussi imaginé de nombreuses représentations religieuses(des pénitents, des scènes de la vie de Saint Budoc...).Durant seize longues années, il poursuivra sa tâche inlassablement pour laisser au final un extraordinaire jardin de pierre comprenant près de trois cents personnages. Un travail titanesque , une oeuvre étonnante et un héritage spirituel qui lui ont valu  le surnom de "Facteur Cheval breton".

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A nouveau Le Patriarche de la famille

 

En remontant vers le sentier, tout près des Roches Sculptées se trouve une petite chapelle. Surplombant la mer, elle n'était qu'une maisonnette ou guérite comme il y en a beaucoup le long de nos côtes. En 1867, son propriètaire fit placer la statue de la vierge sur le toit de l'édifice et le baptisa Notre Dame Des Flots.

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Notre Dame des Flots

 

Une vingtaine d'années plus tard, on en fit un petit oratoire en y plaçant un autel où trônait une autre statue de la vierge, le tout protégé par une épaisse grille. Dès lors chaque année une procession suivit les sinueux sentiers menant à la chapelle afin de rendre hommage aux disparus en mer, il y a peu une chapelle plus moderne a été construite et l'ancienne est quelque peu délaissée.

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La plage du Val

 

 

En poursuivant notre route, nous longeons les plages du Val et du Nicet au sable blond où il fait bon venir se baigner l'été(même si la température de l'eau n'atteint pas les 20 degrés). Encore un petit effort et nous parvenons à la pointe de La Varde où une vue splendide enchante les yeux. A son extrêmité, le fort d'Arboulé construit en 1694 avait pour mission de protéger le mouillage dit de la "Fosse aux Normands".

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La Pointe de la Varde

 

Point stratégique, il servira aux Allemands qui y installeront une position anti chars.

 

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La plage du Pont

 

De l'autre côté de la pointe nous redescendons vers la plage du Pont, pour terminer notre longue balade un peu plus loin sur celle du Minihic.

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La plage du minihic

 

Nous sommes maintenant presque au pied des remparts, préparez vous donc pour la visite de la vieille ville que je vais tenter de vous faire découvrir le mieux possible...Mais il y a tant à dire sur la cité corsaire...

Tags: #bretagne
 


Commentaires

 

kryspassions  le 10-05-2014 à 08:25:26  #   (site)

Et bien tu m'en vois ravie
bisous

josiane/tachka  le 09-05-2014 à 07:53:41  #   (site)

Tu m'as fait faire une bien belle balade !
Bisous

 
 
posté le 08-05-2014 à 08:59:37

La Côte d'Emeraude - Le littoral de St Coulomb

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Anse Dugesclin

 

Et bien, il serait peut être temps temps que je vous libère du village lui -même pour vous emmener sur le bord de mer afin que vous puissiez admirer les plages splendides appartenant à cette petite commune qu'est St Coulomb. L'été approche et cela vous donnera peut être envie de faire un petit détour si vous passez dans le coin.

Nichée entre la pointe du Nid et la pointe des Gros Nez, l'anse Duguesclin est l'un des fleurons de nos côtes en plus d'être le berceau de la ville ainsi que je vous l'ai déjà expliqué. Superbe croissant de sable blond, la plage est abritée au Sud par des dunes où abonde le panicaut maritime.

Si vous êtes bon nageur, n'hésitez pas à faire les deux cents mètres qui vous séparent du petit rocher affleurant à marée haute. Un banc d'huîtres sauvages vous y attend. Pour les gourmets, n'oubliez pas votre couteau afin de les déguster sur place tranquillement assis sur l'écueil.

 

Pointe du Gros Nez

 

Reprenez ensuite le sentier qui prolonge la plage, gravissant ainsi la Pointe des Grands Nez. Vous passerez près d'un ancien abri de douanier occupé longtemps par un ermite qui a disparu depuis quelques années. Enfermé dans sa solitude, il n'appréciait sans doute que le bruit du ressac roulant sur les galets de la petite crique qu'il surplombe et craignait la faune bruyante et parfois trop curieuse des visiteurs de passage.

 

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Plages de la Touesse et du Port

 

Vous arriverez ensuite à l'anse de la Touesse dont la superbe plage, parfaitement abritée des vents d'Ouest offre un coin de plénitude. Séparée de la Touesse par la pointe des Petits Nez le plage du Port prolonge la baie pour ne faire qu'une avec sa voisine par marée basse. Dans sa partie basse, l'Anse des Courtils, elle abrite un peit port naturel où sont amarrés quelques bateaux apportant une touche colorée à la nature sauvage du paysage. Dès l'arrivée des beaux jours, les aires de stationnement aménagées sur les hauteurs de la falaise en bordure de la route départementale ne désemplissent pas, tant le site est fréquenté !

 

Une des pointes les plus appréciées de la région par les randonneurs, la pointe du Meinga, ancien éperon barré, s'élance ici vers la mer tel un doigt gargantuesque ! Sur son sommet, un peu en retrait, un ancien abri de douanier construit au 18ème siècle a trouvé une autre destination : il est devenu une petite résidence secondaire qu'un acquéreur chanceux n'occupe que quelques jours par an. Accolé au flanc Est de la Pointe, un petit port de mouillage abrite les embarcations de quelques privilégiés : quelques anneaux y sont réservés par des habitués jaloux de leurs prérogatives : les places sont rares !

 

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Ponte du Meinga-Plage de la Guimorais

 

Le sentier surplombe un nombre impressionnant de failles abruptes aux abords desquelles une flore marine abondante s'épanouit parce qu'inaccessible. Plus loin, en contournant le Meinga, le versant Sud enlace une autre superbe plage : la plage des Chevrets, sur le territoire du hameau de la Guimorais. Ici, les vents ascendants favorables attirent des adeptes du parapente et, certains jours, des voiles de toutes les couleurs montent et descendent en un ballet silencieux, parfois accompagnés de goélands curieux. Cette vaste étendue sablonneuse s'étend des dunes des Chevrets , tombolo qui relie la pointe du Meinga à l'Ile Besnard, cette flèche façonnée par le vent et les marées est la seule du littoral d'Ille et Vilaine. A l'Ouest, les ilots des Petit et Grand Chevrets(réserve naturelle) accessibles à marée basse hébergent une population diversifiée (lézards de muraille...)

 

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Ilots des Petit et Grand Chevrets

 

Nous approchons progressivement de St Malo mais avant de retrouver la cité corsaire nous ferons un petit tour à Rothéneuf lors du prochain article.


Tags: #bretagne
 


Commentaires

 

kryspassions  le 09-05-2014 à 07:24:21  #   (site)

Je t'attends pour te faire visiter en réel
bisous

josiane/tachka  le 08-05-2014 à 07:22:16  #   (site)

De quoi rêver, belle balade!
Bizes

 
 
posté le 06-05-2014 à 08:23:55

La côte d'Emeraude...St Coulomb et son histoire

En franchissant la Pointe du Nid(frontière de Cancale à l'Ouest), nous pénétrons dans la petite commune de St Coulomb située un peu en retrait du littoral. Village rural , St Coulomb posséde non seulement un patrimoine naturel et architectural d'une belle richesse  mais également un passé historique que je ne peux manquer de vous relater avant de reprendre notre circuit côtier.

 

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Point de vue du Chemin des Douaniers

 

Le peuplement du site est très ancien. Au second âge de fer, vers 450 avant JC, sur la Pointe du Meinga, un éperon barré formait un retranchement d'environ 15ha, il subsiste encore un fragment du mur d'enceinte. On trouve également trace de la présence romaine en divers endroits de la commune(îlot du Guesclin).

Vers 580, Saint Colomban, moine irlandais, débarque sur la plage(actuelle Anse Du Guesclin). Au contraire d'autres chefs comme Maclow qui fonde Saint-Malo, Colomban ne fait que passer en Armorqiue. Après avoir créé un petit monastère que la tradition situe au lieu dit l'Hermitage, il part vers le Nord Est et fonde l'abbaye de Luxeuil, il se rend en Suisse puis en Italie où il meurt en l'an 615.
Une croix marque l'emplacement présumé de cette arrivée.

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Croix de St Colomban

 

Si Saint Colomban n'a pas laissé de traces matérielles de son passage sur nos terres, il a laissé son nom à la commune. Colomban ou Colombanus est en effet la traduction latine que les moines firent de Koulman, diminutif du mot breton « Koulm » qui signifie Colombe. En gallo, la colombe mâle porte le nom de « Coulomb » A l'entrée du bourg, une sculpture représente le Saint avec une colombe sur l'épaule.

Selon la légende, au VIIIème siècle, un roi sarrasin, Acquin, tentant d'échapper aux armées carolingiennes, débarqua sur une plage du littoral armoricain et s'installa sur un rocher appelé Le Glay avec femmes, enfants et esclaves. Il y resta 30 ans. A l'annonce de l'arrivée imminente de Charlemagne, il quitta précipitamment l'îlot, abandonnant dans sa fuite un enfant. Charlemagne recueillit celui-ci et lui donna le patronyme de Glay Acquin. Au fil des siècles, Glay Acquin se transforma en Guarplic, puis Du Guesclin. Les descendants de cet enfant régnèrent alors sur la seigneurie de Saint-Coulomb. Vers l'an 800, les ancêtres du Connétable de France édifièrent sur l'îlot à l'est de la plage une 1ère forteresse, probablement sur les ruines d'une construction romaine. Les seigneurs du Guarplic y régnèrent jusqu'en 1250. Vers1254, ils firent ériger une bâtisse plus facile à défendre à l'intérieur des terres, Le Plessis Bernard. Au Moyen age, cette seigneurie étendait sa juridiction sur les paroisses de St Coulomb, Cancale et les communes avoisinantes jusqu'au pied des remparts de St Malo. On peut encore voir les ruines du château, démantelé en 1598; du Plessis Bernard dépendait le plus ancien moulin à mer de Bretagne, dont on peut assurer qu'il existait déjà en 1200(seule la digue subsiste à l'heure actuelle).

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Forteresse du Plessis Bernard

 

Au XVIIème siècle, les riches armateurs malouins, à l'étroit à l'intérieur des murs de Saint-Malo, firent construire dans l'arrière-pays,les Malouinières au style fortement marqué par l'architecture militaire de Garangeau, disciple de Vauban qui procédait alors à la mise en défense des îlots de la baie de Saint-Malo. On compte près de vingt malouinières sur la commune, toutes habitées et entretenues par des propriétaires passionnés. Il faut bien évidemment faire un détour pour voir une de ces célébres demeures : 

La propriété de la Ville Bague fut achetée en 1660 par une famille de riches armateurs malouins qui avaient de nombreux comptoirs à l'étranger.

 

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Malouinière de la Ville Bague

 

Si la révolution épargna son Saint Patron(la commune prit alors le nom de Coulomb rocher), il n'en fut pas de même de ses hommes. En témoigne le drame de la Fosse Hingant, malouinière marquée par la trahison, en mars 1793, d'un proche du marquis de La Rouërie, un des événements déclencheurs de la Chouannerie.

Aux XIXème et XXème siècles, les Colombanais furent nombreux à partir sur les bancs de Terre-Neuve pêcher la morue. L'économie locale était alors assurée par la culture des légumes primeurs.

C'est en 1911 que la marquise de Morny, plus connue sous le nom de Missy, acheta, au nom de son amie, Sidonie-Gabrielle Colette, une villa située sur la plage de la Touesse, Roz Ven. Colette y séjourna entre 1911 et 1926. La maison accueillit alors de nombreux artistes et auteurs tel Théophile Briant, poète et éditeur qui séjournait à la Tour du Vent, à Saint-Malo Elle y écrivit en particulier « Le Blé en Herbe » qui conte les amours de deux adolescents dans le décor rustique du Saint-Coulomb d'alors.

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Villa Roz Ven

 

Dans les années 60, Léo Ferré et sa célèbre gueunon Pépé habitèrent l'ilôt Du Guesclin. La brutale mort de cette dernière entraîna le départ du chanteur pour la toscane où il demeura jusqu'à sa mort.

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Ilot Du Guesclin

 

Aujourd'hui, Saint-Coulomb se développe au sein de la communauté  "Saint-Malo Agglomération" ; poumon vert du littoral d'Ille et Vilaine, l'endroit attire de nombreux touristes.

Dans le prochain article, nous reprendrons le fameux chemin des Douaniers que nous avions quitté l'espace d'un petit cours d'histoire afin de découvrir la beauté du bord de mer colombanais. Nous descendrons de la Pointe du Nid afin de poser le pied sur cette première plage qui n'est autre que le berceau de la commune.

Tags: #bretagne
 


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posté le 04-05-2014 à 11:51:25

La légende de la Fée de l'île du Loch

L'île du Loc'h  est  la plus grande des Glénans, même en déduisant la surface très variable, (4 à 5 hectares au minimum), d'un étang qui occupe le centre de l'île et lui donne son nom. L'eau de cet étang est saumâtre et les bords marécageux n'évoquent guère le souvenir de la Fée du Loch, dont la légende, fort embellie, est racontée par Emile Souvestre.

 

 

 

Jadis, dans le pays de Léon, vivaient Houarn et sa fiancée Bellah ; tous deux s'aimaient tendrement mais ne pouvaient se marier faute d'argent pour se mettre en ménage et acheter une petite vache et un pourceau maigre. La mort dans l'âme, Houarn un jour se résolut à tenter au loin la fortune et se mit en route avec deux reliques que lui donna sa fiancée, la clochette de saint Koledok qui sonne en cas de péril, et le couteau de saint Corentin qui détruit les maléfices. Bellah conserva le bâton magique de saint Vouga pour pourvoir rejoindre Houarn en cas de besoin.

Arrivé à Pont-Aven, le pauvre voyageur entendit parler de la Groac'h de l'île du Loc'h, plus riche que tous les rois réunis de la terre, car un courant diabolique lui apportait les trésors de tous les navires engloutis. Bien des audacieux étaient partis à leur conquête, mais on n'avait jamais revu aucun de ces téméraires. Malgré tous les conseils, Houarn résolut d'aller s'en emparer et se fit conduire à l'île du Loch, Arrivé au bord de l'étang, qui en occupe le centre, il voit se Balancer près du bord un bateau en forme de cygne ; il y monte, mais aussitôt la nacelle s'anime et entraîne l'impudent au fond des eaux.

Sans trop savoir comment, le Léonard se trouva dans le palais merveilleux de la Groac'h ; la fée le reçut avec empressement et lui donna à boire cinq douzaines de gobelets d'excellent vin. Ces libations firent oublier au pauvre Houarn ,Bellah et ses serments, et il accepta avec joie l'offre de devenir l'époux de la Sirène. C'en était fait de son âme, quand, grâce au couteau de saint Corentin, un poisson qu'il allait découper, et qui venait d'être pêché par la sorcière, l'avertit que, malgré sa forme, il n'était qu'un ancien fiancé de la fée, et que pareil sort l'attendait lui-même s'il demeurait dans ce palais. Houarn voulut fuir, mais la Groac'h le saisissant avec un filet magique, qu'elle portait toujours à sa ceinture, le transforma en grenouille.

Heureusement pour l'infidèle, à cet instant la clochette de saint Kolédok tinta jusqu'à Lannilis, et Bellah vola au secours de son fiancé ; grâce à son bâton magique elle parvint en quelques instants à l'étang enchanté. En route, sur les conseils d'une ancienne victime de la Groac'h, elle s'habilla en homme et apprit que, si elle parvenait à s'emparer du filet maudit, la fée deviendrait impuissante.

Le costume de Bellah trompa la sirène, la jeune fille sut la séduire et obtint la faveur de pêcher elle-même les poissons du vivier, mais, à peine en possession du filet magique, elle le ,jeta sur la Groac'h et la métamorphosa en crapaud. Le couteau de saint Corentin rendit la forme humaine à tous les anciens fiancés de la fée, et Houarn et Bellah, chargés de merveilleux trésors, revinrent à Lannilis.

 


Commentaires

 

kryspassions  le 05-05-2014 à 07:26:21  #   (site)

coucou
Oh, je pense que tu l'avais déjà vu sur mon ancien blog que je suis entrain de transporter ici. Je me suis rendue compte que dans certains articles c'était la débâcle complète au niveau des images et photos. Marre des bugs à répétition qui endommageaient en permanence des heures de travail;
bisous

josiane/tachka  le 04-05-2014 à 10:01:26  #   (site)

J'adore les légendes !!!!!
Bisous et merci

 
 
 

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