Je vous ai présenté l'enclos de Guimiliau, il est donc impensable que je ne vous raconte pas l'histoire d'une jeune fille qui a pris place parmi les personnages représentés sur le grand Calvaire. Il est à noter que l'on peut également la retrouver sur le calvaire de Plougastel-Daoulas.
Deux légendes évoquent le triste sort de Katell Gollet(Catherine la Perdue), les voici :
Katell Gollet était une belle jeune fille de 16 ans qui vivait dans le château de son oncle, à la Roche- Maurice, près de Landerneau.
Sa beauté, malheureusement, n'avait d'égale que la perversité de son esprit. Le comte, voulant se décharger de cette lourde tutelle, espérait bien pourtant lui trouver un mari qui prendrait soin de la raisonner. Néanmoins, la belle préférait se livrer aux plaisirs de la danse et de la fête plutôt que de songer au mariage.
Pour contrer son oncle, elle usa d'un subterfuge, lui faisant déclarer qu'elle épouserait tout homme capable de la faire danser douze heures d'affilée. Nombreux furent les jeunes gens du comté à tenter leur chance. Mais elle les épuisait tant que certains, morts de fatigue, ne voyaient pas le jour suivant.
L'hécatombe était telle que son oncle l'enferma dans une des tours du château. Mais Katell s'en échappa et se rendit au pardon de la Martyre accompagné d'un nouveau cavalier. Gavottes, plinns, jabadaos s'enchaînèrent, les deux danseurs s'en donnant à coeur joie.
Mais le jeune homme non plus ne résista pas à l'infatigable Katell qui, prise dans le feu de la danse et de l'alcool, invoqua les puissances de l'enfer demandant de nouveaux musiciens. C'est ainsi que le diable l'entraîna dans une gigue infernale et lui fit ainsi franchir les portes du royaume des damnés.
Katell Gollet était une ravissante jeune femme qui ne vivait que pour le plaisir et la débauche. De peu de vertu, elle collectionnait de multiples amants. Un jour, l'un d'entre eux, lui demanda de voler une hostie dans le sanctuaire de Dieu. La jeune femme, désireuse de lui plaire, satisfit sa demande. Malheureusement, c'était Satan en personne qui avait revêtu les apparences de l'amoureux et Katell fut condamnée aux tourments éternels de l'enfer.
Le Chateau de Roc'h Morvan à la Roche Maurice
La première mention connue du château date de 1263. Il fut l'une des demeures des vicomtes de Léon jusqu'en 1363, date de l'extinction de la lignée. La forteresse occupait une position centrale qui permettait à ses seigneurs de diriger l'ensemble de leurs fiefs et plus particulièrement l'importante châtellenie de Landerneau riche de trente paroisses et Trèves. La Roche-Maurice fut également, jusqu'au XVe siècle, siège de la juridiction de Sizun-Ploudiry, qui comprenait basse, Moyenne et Haute justice. Des fourches patibulaires se dressaient face au château, sur une colline de la rive droite de l'Elorn. Un ruisseau, au pied de cette colline rappelle cela : Le Justiçou. Le château de la Roche devint possession de la famille de Rohan en 1363, par le mariage de Jeanne de Léon avec Jean de Rohan. Jusqu'au XVe siècle les vicomtes de Rohan y résident habituellement. Ils agrandissent le château vers 1421, mais dès la fin du XVe siècle la forteresse est délabrée.
En 1678, elle fût transformée en geôle, jusqu'en 1694. En 1695, un document remis au roi révèle le mauvais état des château de La Roche et de Joyeuse-garde à la Forest. Au XVIIIème et IXXème siècle, le château sert de carrière, et bien des maisons du bourg et peut-être l'église actuelle furent construites avec ces pierres.
« On appelle lavandière de nuit(kannerez-noz) des femmes blanches qui lavent leur linge en chantant, au clair de lune, dans les fontaines écartées ; elles réclament l'aide des passants pour tordre leur linge et cassent les bras à qui les aide de mauvaise grâce.»
En fait le mythe des lavandières de nuit est présent dans de nombreuses régions, sous des noms diverses.
Les lavandières nocturnes appartiennent à la grande famille des dames blanches. Si la raison de leur présence connait de nombreuses variantes, elles ont pour l'essentiel des caractéristiques communes :
Elles ne se manifestent que la nuit, et plutôt les nuits de pleine lune ou de la toussaint. En bretagne, on les trouve au Yeun Ellez(Monts d'arrées)
Elles n'apparaissent qu'aux hommes seuls.
Elles sont un mauvais présage et sont dangereuses si on les approche.
Elles sont souvent âgées, d'un aspect pitoyable, mais restent robustes.
Elles sont les fantômes de femmes mortes qui reviennent pour expier une faute dont l'origine varie :
Les mères infanticides
Selon George Sand les lavandières de nuit sont des mères qui sont maudites pour avoir tué leurs enfants:
<dl><dd>Les lavandières malhonnêtes
Selon une autre tradition, il s'agit de lavandières qui étaient chargées de laver le linge des pauvres. Par cupidité, elles remplaçaient le savon par des cailloux avec lesquels elles frottaient le linge. Non seulement celui-ci ne pouvait redevenir vraiment propre, mais il était terriblement abimé par ce traitement. Pour les punir de ce forfait, elles ont été condamnées à laver éternellement des linges qui restent sales.
Les laveuses de linceuls
Selon une tradition bretonne, il s'agit de défuntes qui ont été ensevelies dans un linceul sale.
Les travailleuses du dimanche
Il s'agirait de lavandières qui auraient transgressé la règle religieuse du repos dominical et, de ce fait, seraient condamnées à travailler pour l'éternité.
Les risques encourus
Lorsqu'un passant s'approche, les lavandières lui demandent de les aider à essorer en les tordant leurs linges ou linceuls. Il faut alors impérativement le tordre dans le même sens qu'elles pour qu'elles se lassent et abandonnent. Malheur à celui qui se trompe, il a les bras happés et brisés par le linge qui finit par l'entourer jusqu'à l'étouffer. S'il refuse de les aider elles l'enroulent dans les linges et le noient dans le lavoir, tout en le frappant avec leurs battoirs.
Voici l'histoire de Job Postic telle que les anciens la raconte :
Il y a bien longtemps, Job Postic, la veille du jour des morts, était aller (trop !) boire ; la nuit venue, il se met en chemin ; il rencontre l'Ankou, reçoit plusieurs avertissements, mais continue sa route et croise les lavandières.
Dès qu'elles aperçoivent le joyeux compagnon, toutes accourent avec de grands cris en lui présentant leurs suaires et lui criant de les tordre pour en faire sortir l'eau ;
" Un petit service ne se refuse pas entre amis, dit il gaiement, mais chacune son tour mes belles lavandières, un homme n'a que deux mains, pour tordre comme pour embrasser ".
Il dépose son bâton de marche à terre et prend le bout du drap que lui présente l'une des mortes, en ayant soin de tordre du même côté qu'elle car il avait appris des anciens que c'était le seul moyen de ne pas être brisé. Mais pendant que le linceul tournait ainsi, d'autres lavandières entourent Job, qui reconnaît là sa tante et ses soeurs, sa mère et sa femme. Toutes crient : " Mille malheurs à qui laissent brûler les siens dans l'enfer ! Mille malheurs !"
Et elles secouent leurs cheveux épars, levant leurs battoirs blancs, et criant " Mille malheurs!"
"Rien en Bretagne, a écrit François Menez, ne peut surpasser le charme ni la verdure luxuriante de ce morceau d'Eden".
Entourée de bois, baignée par l'Aulne qui l'enserre d'une boucle avant de se jeter dans la rade de Brest, la presqu'île de Landévennec séduit par la douceur de son climat et la beauté de son paysage.
L'ancienne abbaye de Saint Guénolé
Disciple de Budoc qui s'était fixé avec des moines dans l'île de Lavret(près de Bréhat-côtes d'armor), Guénolé (461-532) vint s'établir avec onze compagnons dans le site de l'estuaire de l'Aulne(finistère). Gagnant l'amitié de Gradlon, premier roi de Cornouaille(voir la ville d'Ys), Guénolé prit une part considérable à l'évangélisation de la région et l'abbaye de Landévennec devint par la suite la principale source des institutions monastiques en Bretagne.
Suivant la règle des Scots(moines irlandais) dans la tradition du christianisme celtique, les moines bretons étaient vêtus d'une tunique (souvent blanche) et d'une coule(vêtement à capuchon) en grosse étoffe de laine. Ils pratiquaient strictement obéissance, chasteté et pauvreté :
- "Vaquez à l'étude avec humilité, sans vous enorgueillir de votre science, soumettez vous au travail manuel avec abaissement et contrition de coeur, sans chercher les louanges, sans mépriser les ignorants. Insistez sans cesse sur la prière accompagnée de jeûn et de veilles". Ainsi étaient les recommandations de Budoc, le maître de Guénolé.
Le rayonnement de cette abbaye traversa les siècles, construite aux alentours de 5OO, elle fut pillée et détruite en 913 par les Vikings. Les moines s'enfuirent emportant leurs reliques notamment celles de Guénolé.. C'est à cette époque que disparut la royauté bretonne. Les chefs avaient fui également soit en Grande Bretagne, soit chez les Francs.
Le ciel s'obscurçit sur la vie économique, intellectuelle et sociale. La langue bretonne recula, le pouvoir se déplaça vers la Haute Bretagne(Rennes et Nantes).
Dépossédée des corps de ses saints que l'on ne pouvait plus vénérer qu'en France ou qu'en Grand Bretagne, la Bretagne fut privée de la richesse que représentaient les pélérinages aux reliques.
La libération de la Bretagne préparée par le moine Jean, abbé de Landévennec, fut menée à bien par le prince Alain alors réfugié en Grande Bretagne. A la suite de ses nombreuses victoires et devant le repli des Normands, il fut nommé Duc de Bretagne en 937. Donnant le soin à l'abbé Jean de reconstruire l'abbaye, il fonda en la considération de celui-ci le prieuré de l'ile de Batz..
Au milieu du 11ème, l'église abbatiale est agrandie, c'est de cette époque que date également la compilation du cartulaire (volumes de 164 pages en deux parties, dont la première parle essentiellement de Saint Guénolé, quant à la seconde, elle est composée des titres et documents relatifs aux droits et possessions de l'abbaye).
En 1793, l'abbaye bénédictine de Landévennec où il ne reste plus que 4 moines est abandonnée puis vendue comme bien national. Elle change six fois de propriétaires au cours du 19 ème siècle.
Sous l'impulsion de l'abbé Perrot, un renouveau d'intérêt pour le lieu apparait dès 1935. En 1950, les bénédictins de Kerbénéat l'achètent et décident de la reconstruire. En 1958, la nouvelle abbaye est inaugurée en présence d'une foule nombreuse.
Depuis 1978, des recherches archéologiques ont fait parler les pierres. Les églises carolingiennes, les cloîtres superposés au fil des siècles(le plus ancien d'entre eux date du 9ème siècle) contribuent à faire de la presqu'île un lieu majeur de l'archéologie médéviale en Europe.
Ouvert en 1990, le musée de l'ancienne abbaye participe à la découverte de la signification profonde du lieu et de sa relation avec les événements fondateurs de l'histoire bretonne. Deux salles présentent le travail des archéologues, de la fouille jusqu'à l'analyse des découvertes. Chaque été l'église à ciel ouvert devient l'écrin insolite de multiples spectacles mais les ruines stratifiées témoignent toujours malgrè tout des heurts et malheurs qu'elles ont traversés.
Bonjour à tous
Ne vous attendez pas au riz cantonais que l'on déguste dans les restaurants chinois, le mien est revu et modifié mais en général il n'en reste pas dans le plat quand je le prépare.
Pour 4 personnes :
- 2 verres à moutarde de riz(je prends plutôt du riz normal qui se tiendra mieux à la cuisson)
- 1 échalote
- 2 ou 3 saucisses de strasbourg
- 2 tranches de jambon blanc
- 2 oeufs
- facultatif un peu de petis pois surgelés
- environ 20 grs de beurre
- poivre
Eplucher l'échalote et l'émincer très finement, couper les fines lamelles pour former de petits carrés.
Dans une cocotte, faire fondre le beurre, baisser le feu et y jeter le riz pour qu'il devienne translucide ainsi que l'échalote(elle ne doit pas brunir au risque de devenir amère). Lorsque votre riz vous paraît à point, verser dessus l'équivalent de 5 verres d'eau. Saler avec du gros sel.Baisser le feu, couvrir et laisser le riz absorber doucement le liquide.
Pendant qu'il cuit, couper les saucisses de strasbourg en fines rondelles, rouler le jambon et le découper en fines lamelles. Battre les 2 oeufs, saler un peu, poivrer et faire une omelette très fine et très cuite(je ne dis pas qu'elle doit être brûlée). Quand elle est prête, la mettre sur une planche à découper et la tailler également en très fines lamelles puis comme l'échalote en faire de petits carrés.
Lorsque le riz est à hauteur d'eau(donc presque à la fin de la cuisson), rajouter les ingrédients préparés et mélanger. Finir la cuisson à découvert à feu très doux, en remuant de temps en temps. Atttendre l'évaporation complète de l'eau et servir bien chaud.
A la maison, je le sers en plat unique mais rien ne vous empêche de l'accompagner de nems, beignets de crevettes ou autre.
Bon appétit
La légende du bateau des morts est l'une des premières qui aient été constatées sur notre littoral et existait sans doute bien avant la conquête romaine, et au VIe siècle Procope la rapportait en ces termes :
« Les pêcheurs et les autres habitants de la Gaule qui sont en face de l'île de Bretagne sont chargés d'y passer les âmes, et pour cela exempts de tributs. Au milieu de la nuit, ils entendent frapper à leur porte. Ils se lèvent et trouvent sur le rivage des barques étrangères où ils ne voient personne, et qui pourtant semblent si chargées qu'elles paraissent sur le point de sombrer et s'élèvent d'un pouce à peine au-dessus des eaux. Une heure suffit pour ce trajet, quoique, avec leurs propres bateaux, ils puissent difficilement le faire dans l'espace d'une nuit. »
Ce navire des morts n'a pas disparu de la tradition contemporaine, et de 1830 à nos jours, on le voit figurer dans plusieurs récits, recueillis sur divers points de la Bretagne. Selon un conteur, les apparitions du Bag Noz se déroulent comme ceci:
« Près de Saint-Gildas, les pêcheurs de mauvaise vie, et qui se soucient peu du salut de leur âme, sont réveillés la nuit par trois coups que frappe à leur porte une main invisible.
Alors ils se lèvent, poussés par une force surnaturelle.
Ils se rendent au rivage, où ils trouvent de longs bateaux noirs qui semblent vides, et qui pourtant s'enfoncent dans la mer jusqu'au niveau de la vague.
Dès qu'ils sont entrés, une grande voile blanche se hisse seule au haut du mât et la barque quitte le port, comme emportée par un courant rapide.
On ajoute que ces bateaux chargés d'âmes maudites ne reparaissent plus au rivage, et que le pêcheur est condamné à errer avec elles à travers les océans jusqu'au Jugement. »
D'après C. d'Amazeuil, ce bateau doit, jusqu'à la fin des siècles, aller de plage en plage, d'île en île, à la recherche des corps des marins pour les ramener au hameau qui les a vu naître. La croyance au navire des morts se retrouve aussi, sous des formes variées, et pas toujours précises, dans plusieurs autres récits.
Les Bolbiguéandets du Morbihan, qui sont des espèces de lutins, forcent des voyageurs à entrer dans une barque noire, où se pressent des fantômes. Quand elle est chargée, elle part avec la rapidité d'une flèche pour une île inconnue. Les âmes s'envolent, la barque repart, le conducteur tombe dans un sommeil profond, et, le lendemain se retrouve endormi à terre.
Sur les côtes du Finistère, la Barque des Morts, Lestr an Anaon, vogue la nuit, chargée à couler bas, et ses passagers, à qui les hèle, ne répondent que par des amen.
On ne dit pas quelle est sa destination, ni par qui elle est conduite.
À Audierne, on est mieux renseigné, au moins quant au capitaine d'un bateau qui s'y montre de temps en temps, il est rempli de lumières et l'on n'aperçoit personne à bord. D'autres fois, on entend seulement des bruits d'aviron, des commandements d'étarquer les voiles, mais on ne voit rien. C'est le Bag-Noz (bateau de nuit) qui fait, sur mer, l'office que le Carrik Ankou, le Chariot des morts, fait sur terre. Il est commandé par le premier mort de l'année.
A l'île de Sein, l'homme de barre du Bag-Noz est le dernier noyé de l'année.
Une femme, dont le mari avait disparu en mer sans que son corps eût été retrouvé, l'aperçut qui tenait la barre, un jour que le Bag-Noz passait tout près d'une des pointes de l'île.
Ce bateau se montre quand quelque sinistre doit se produire aux environs, il apparaît sous une forme assez indécise à la tombée de la nuit et son équipage pousse des cris à fendre l'âme. Dès que l'on veut s'en approcher cependant, la vision disparaît. Un marin parvint cependant à le serrer, une nuit, d'assez près pour voir qu'il n'y avait personne à bord, que l'homme de barre, sitôt qu'il lui eut parlé, le bateau disparut.
On croit dans le pays de Tréguier qu'il y a des barques qui portent les âmes des morts, et surtout celles des noyés, à des îles qu'on ne connaît pas, et que personne n'a jamais vues, mais qui n'en existent pas moins et qui se montreront à la fin du monde. Les soirs d'été, quand le vent se tait et que la mer est calme, on entend gémir les rames et l'on voit des ombres blanches voltiger autour des bateaux noirs. Si quelqu'un tente de suivre en mer les barques qui portent les âmes des morts, il est obligé de les accompagner jusqu'à la consommation des siècles.
On raconte au port de la Claye que, jadis, on entendait un bruit de rames et de soupirs sur la rivière du Lay. Une barque mystérieuse remontait jusqu'à Morteville, puis redescendait vers la mer avec la marée. Les légendes bretonnes connaissent une sorte de navire-enfer, qui comme le Voltigeur hollandais, navigue sans repos et est monté par un équipage de damnés, composé de tous les « faillis » matelots, des coquins morts sous la garcette pour vol à bord, des lâches qui se sont cachés pendant les combats.
À l'île d'Arz, à l'île aux Moines, et dans quelques autres localités du Morbihan, il est assez souvent parlé de vaisseaux de haut-bord montés par des hommes et par des chiens de taille gigantesque. Ces hommes sont, paraît-il, des réprouvés dont la vie a été souillée par des crimes, les chiens sont des démons préposés à leur garde et qui leur font endurer mille tortures.
Suivant des croyances constatées dans un assez grand nombre de pays, les âmes, une fois séparées du corps, ne peuvent franchir un cours d'eau, sans l'aide d'une barque ou d'un pont, c'est pour le salaire du batelier que même en France, à des époques récentes, on plaçait une pièce de monnaie dans la main du défunt.
Presque chaque année, le jour des Morts, on voit apparaître au bout de la jetée de Dieppe un des navires qui ont péri depuis un an. On le reconnaît, ce sont ses voiles, ses cordages, sa mâture. Le gardien du phare lui jette la drome, l'équipage la saisit et l'attache à l'avant-pont, suivant l'usage.
Alors le gardien de crier aux gens du port :
« Accourez ! Veuves, voici vos maris;
Orphelins, voici vos pères ! »
Et les femmes accourent, suivies de leurs enfants;
tous s'attellent à la drome et halent le bateau.
Bientôt dans le bassin, près du quai, chacun reconnaît ceux qui sont à bord :
« Bonjour, mon homme; bonjour, mon père; bonjour, Pierre, Nicolas, Grégoire ! »
L'équipage ne répond pas.
« Alors, amenez vos voiles ! » les voiles restent tendues.
« Venez donc, que nous vous embrassions. »
A ces mots on entend sonner la messe, et aussitôt les voiles, le bateau, l'équipage, tout disparaît;
les femmes et les enfants des naufragés s'en vont à l'église en pleurant.
« Payez vos dettes » murmure autour d'eux la foule des spectateurs.
Une barque, montée aussi par des âmes en peine, faute de prières, apparut à deux marins dont le bateau, surpris par la marée, s"était échoué dans la rivière de Quimper. Ils s'étaient roulés dans leur voile et allaient s'endormir en attendant le retour du reflux, quand ils furent hélés à plusieurs reprises par une voix forte qui leur demandait, en les appelant par leur nom, d'aller chercher des gens embarrassés.
A la fin, ils regardèrent dans la direction de la voix et virent que le fond de la baie venait de s'éclairer subitement d'une lumière qui semblait sortir des eaux. Dans cette lumière se profilait une barque où cinq hommes, pareillement vêtus de cirés blancs parsemés de larmes noires, se tenaient debout, les bras tendus. L'un des marins, pensant que c'étaient des âmes en détresse, leur cria qu'ils étaient échoués, mais étaient prêts à faire ce qu'ils pourraient pour eux. Alors les cinq fantômes s'assirent chacun à leur banc et se mirent à ramer, mais comme ils ramaient tous du même côté, le bateau, au lieu d'avancer, virait sur place. Les deux marins, avec de l'eau à mi-jambe, se dirigèrent vers la barque blanche, mais quand ils furent tout proches, elle sombra soudain et la lumière de la baie disparut. À la place où étaient les quatre rameurs s'allumèrent quatre cierges, et le cinquième, celui qui tenait tout à l'heure le gouvernail, avait encore la tête et les épaules au-dessus de l'eau.
L'un des matelots lui ayant demandé s'il était de Dieu ou du diable, l'homme lui répondit :
« Nous sommes ici cinq âmes qui attendons le passage d'un homme de bonne volonté. »
Comme le marin lui répondait qu'ils étaient disposés à faire ce qui était nécessaire pour les délivrer, il ajouta que pour cela, il fallait faire dire cinq messes mortuaires pendant cinq jours, au maître-autel de Plomelin, auxquelles devaient assister trente-trois personnes. Lorsqu'elles eurent été dites, les marins retournèrent à la baie où la lumière se montra de nouveau au-dessus des flots, et les cinq fantômes apparurent dans la barque, encore vêtus de leurs cirés blancs, mais les larmes en avaient disparu, ils avaient l'air heureux et une musique délicieuse se fit entendre pendant qu'ils remerciaient par trois fois les marins.
Avant que d'en finir avec les édifices religieux de la région, je voudrais vous dire un mot sur les abbayes. Si la Bretagne compte aujourd'hui moins de dix monastères en activité, il n'en fut pas toujours ainsi, comme en témoignent de nombreux vestiges plus ou moins bien conservés aux quatre coins de l'armorique. Certains d'entre eux, dont il ne reste plus maintenant que quelques pierres, ont parfois joué un rôle important dans l'histoire religieuse et intelllectuelle de nos cinq départements.
A noter pour l'anecdote que l'abbaye de Léon près de Dinan(côtes d'armor) est le cadre d'un roman populaire "Le Trésor de L'Abbaye" de raoul de Navery.
L'imprimerie est apparue en Bretagne en 1484, à l'inititative de Jean de Rohan qui fit venir deux maîtres imprimeurs sur ses terres à Bréhan(morbihan) près de l'actuelle abbaye de Timadeuc. On retrouve à l'époque d'autres activités d'imprimerie dans les monastères aux alentours de Tréguier, Rennes et Nantes.
Il existe une vingtaine d'incunables (ouvrages d'imprimerie antérieurs à 15OO) bretons merveilleusement enluminés. Le plus célèbre est le "Catholicon" qui fut imprimé à Tréguier.
Pour la petite histoire, l'un des tout premiers imprimeurs de Bruges(haut lieu de cette activité) était Jean Brulelou alias Jean Brito né à Pipriac (ille et vilaine) vers 1418.
J'ai choisi de développer lors du prochain article l'histoire de l'abbaye de Landévennec(presqu'île de Crozon). Ne manquez pas de vous y rendre si vous passez à Brest. Situé tout au fond de la rade le bourg est un de ces lieux préservés que l'on aime découvrir et auquel on s'attache volontiers.
A visiter également si vous en avez l'occasion :
L'abbaye de Boquen dans les côtes d'armor, située près de Plénée Jugon, elle remonte à 1137. Laissée à l'abandon en 1791, l'ensemble va être restauré dès 1936.
Son sanctuaire du 12 ème siècle, rénové, a retrouvé son allure d'origine . Quant au cloître, il y reste de magnifiques chapiteaux, caractéristiques du roman breton.
L'abbaye de Langonnet dans le morbihan qui fut fondée en 1136, s'élève au sommet d'un vallon boisé. Hors son petit musée, elle possède une remarquable salle capitulaire, voûtée d'ogives du 13ème siècle.
Avant que de vous parler de Robert Surcouf, j'aurais peut être dû vous présenter un autre corsaire malouin moins connu certes mais tout aussi valeureux qui naquit en Juin 1673 à St Malo. Son père y commandait des vaisseaux armés tantôt en guerre tantôt pour le commerce suivant les différentes conjonctures. Il s'était acquis la réputation d'un très brave homme et d'un habile marin.
C'est le troisième enfant d'une fratrie de sept. Son père est Luc Trouin, sieur de la Barbinays et sa mère Marguerite Boscher. Le jeune homme est d'abord destiné à la prêtrise. Il étudie à Rennes et Caen, et porte même la tonsure. Il est pourtant renvoyé de son école à Rennes en 1684 pour mauvaise conduite car ses professeurs estiment qu'il passe plus de temps à courir les filles qu'à étudier. C'est quelque peu forcé par son oncle qui veut l'arracher à ses études dissipées qu'il embarque comme matelot volontaire à 16 ans en 1689. Il gravit très vite, grâce à son talent et sa pugnacité tous les échelons de la hiérarchie militaire : capitaine de (navire) corsaire à 18 ans, capitaine de vaisseau à 24 ans, chevalier de l'ordre de Saint-Louis à 34 ans, anobli à 36 ans, chef d'escadre à 42 ans. Il siège à 50 ans en 1723 au Conseil des Indes, il est nommé lieutenant général des armées navales en 1728, pour finir par commander successivement les ports de Brest en 1731 et de Toulon en 1736. Trois grandes phases se distinguent dans cette carrière militaire. Tout d'abord, de 1689 à 1697, la période corsaire. Puis de 1697 (année où il reçoit son brevet de capitaine de frégate) à 1713 il navigue comme officier supérieur de la Royale. Enfin, après la signature du traité d'Utrecht(11 avril 1713) qui ramène la paix en Europe, Duguay-Trouin se consacre au commandement à terre.
Physiquement, l'homme est grand et fort : « Il était d'une taille avantageuse et bien proportionnée, et il avait pour tous les exercices du corps un goût et une adresse qui l'avaient servi dans plusieurs occasions » nous dit Godart de Beauchamps, un de ses biographes.Un autre biographe qui a particulièrement connu Duguay-Trouin en parle en termes tout aussi flatteurs : « Il avait une de ces physionomies qui annonce ce que sont les hommes, et la sienne n'avait rien que de grand à annoncer. Son esprit était vif et juste ; personne ne sentait mieux que lui tout ce qui était nécessaire pour faire réussir une entreprise, aucune des circonstances ne lui échappait. Lorsqu'il projetait, il semblait qu'il ne comptait pour rien sa valeur, et qu'il ne dut réussir qu'à force de prudence ; lorsqu'il exécutait, il paraissait pousser la confiance jusqu'à la témérité.
Duguay-Trouin apparait aussi comme très généreux envers ses équipages. Ainsi en 1707 après un combat victorieux le roi décide qu'une pension de 1 000 livres lui soit accordée sur le trésor royal. Duguay-Trouin écrit aussitôt au ministre pour le prier de donner cette pension à son capitaine en second qui a eu une jambe arrachée à l'abordage et qui a plus besoin que lui de cette pension. La paix revenue, il défend à Versailles la réputation et la mémoire de Jacques Cassard, un célèbre capitaine qui après de hauts faits d'armes avait fini ruiné et oubblié. Dans ses Mémoires Duguay-Trouin rend aussi hommage régulièrement à ses meilleurs capitaines et matelots qu'il cite un par un avant, pendant ou après le récit du combat... Louis XIV semble lui avoir témoigné un intérêt sincère, voire une sympathie personnelle dans leurs entretiens particuliers. On raconte même que le Roi aimait à entendre de la bouche de l'intrépide capitaine le récit haut en verve de ses actions.
On estime à un peu plus de quatre-vingt le nombre de combats et d'abordages auxquels participa Duguay-Trouin ou qu'il dirigea de 1689 à 1711, soit en moyenne près de sept affrontements par an. Il est bien sûr impossible d'en faire un compte rendu détaillé ici, mais on peut s'appuyer sur le récit des Mémoires de Duguay-Trouin pour entrer dans les enjeux de la guerre navale au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle. La carrière de Duguay-Trouin se déroule sur les deux dernières guerres de Louis XIV :la guerre de la ligue d'Augsbourg (1689-1697) et la guerre de Succession d'Espagne (1702-1713). Deux conflits longs, acharnés, d'envergure mondiale, où le royaume de France se retrouve seul (ou presque) sur terre comme sur mer contre tous ses voisins ligués contre lui. Deux conflits où la France doit soutenir un immense (et peu connu) effort naval face aux deux puissances navales de l'époque : la Hollande (alors sur le recul) et l'Angleterre (alors en plein essor).
Les débuts du corsaire sont difficiles : il souffre du mal de mer et le premier navire sur lequel il embarque, la Trinité, une frégate de 18 canons manque de couler dans une tempête avec le navire qu'elle vient de capturer. Il s'était emparé d'un vaisseau anglais chargé de sucre et d'indigo ; et le voulant conduire à Saint-Malo, ils furent surpris en chemin d'un coup de vent très violent, qui les jeta sur la côte de Bretagne, pendant une nuit fort obscure ; leur prise s'échoua par un heureux hasard sur des vases, après avoir passé sur un grand nombre d'écueils, au milieu desquels ils furent obligés de mouiller toutes leurs ancres, et d'amener les basses vergues, ainsi que les mâts de hune pour ne pas s'échouer aussi. Finalement la tempête se calme, le vent tourne, le navire anglais est désenvasé et ramené à Saint-Malo, mais c'est pour repartir aussitôt en chasse. Duguay-Trouin participe alors à son premier combat naval. Son récit est un bon témoignage de la violence d'un abordage : « Ayant trouvé un (navire) corsaire de Flessingue aussi fort que nous, nous lui livrâmes combat, et l'abordâmes de long en long ; je ne fus pas des derniers à me présenter pour m'élancer à son bord. Notre maître d'équipage à côté duquel j'étais, voulut y sauter le premier ; il tomba par malheur entre les deux vaisseaux qui venant à se joindre dans le même instant, écrasèrent à mes yeux tous ses membres et firent rejaillir une partie de sa cervelle jusque sur mes habits. Cet objet m'arrêta d'autant plus que je réfléchissais que, n'ayant pas comme lui le pied marin, il était moralement impossible que j'évitasse un style de mort si affreux. Sur ces entrefaites, le feu prit à la poupe (arrière) du corsaire qui fut enlevé l'épée à la main, après avoir soutenu trois abordages successifs, et l'on trouva que pour un novice (rappelons qu'il à 16 ans) j'avais témoigné assez de fermeté. Cette campagne qui m'avait fait envisager toutes les horreurs du naufrage, celles d'un abordage sanglant ne me rebuta pas .»
Ses progrès sont très rapides. En 1690 il se signale au combat sur le Grénédan de sorte qu'à 18 ans en 1691 on lui confie le commandement d'un navire corsaire de 14 canons, le Danycan avec lequel il fait une descente en Irlande(poussé il est vrai par une tempête) près de Limerick. Il s'empare d'un château appartenant au comte de Clarc, et incendie 2 navires pris dans la vase. En 1692 il commande le Coëtguen et capture de nombreux navires anglais.
La guerre de course est cependant une activité aussi dangereuse que lucrative. On peut tomber sur un corsaire adverse plus habile ou sur une escadre ennemie supérieure en nombre, sans parler d'un coup du sort (comme un retournement du vent ou un brouillard dans lequel on s'égare) et qui peut transformer le chasseur en proie... C'est ce qui se produit en 1694 où le corsaire est capturé. L'année avait pourtant bien commencé. Duguay-Trouin à la demande de l'ambassadeur de France au Portugal, Monsieur de Vidame s'était vu charger de faire passer en France deux opposants au roi du Portugal, le comte de Prado et le marquis d'Attalaya. En chemin Duguay-Trouin capture un navire de Flessingue chargé de cacao et rentre à Saint Malo avec sa prise et dépose les deux hommes. Il remet aussitôt la voile en direction de l'Angleterre sur la Diligente. Il croise un convoi marchand de trente navires escorté par un seul vaisseau de guerre mais qu'il laisse de côté lorsqu'il apprend qu'il' n'est chargée que de charbon de terre. Il s'éloigne donc, non sans avoir provoqué le vaisseau anglais qui fait mine de le poursuivre (comme il navigue par ruse sous pavillon anglais il met celui-ci en berne en signe de mépris) et doit le laisser filer après avoir tiré quelques coup de canons.
Quinze jours après il tombe, par un temps embrumé, dans une escadre de six vaisseaux de guerre anglais de 50 à 70 canons ; et se trouvant par malheur entre l'Angleterre et eux, il est forcé d'en venir au combat. Un de ces vaisseaux, nommé l'Aventure, le rejoint le premier, et ils combattent, toutes voiles dehors, pendant près de quatre heures, avant qu'aucun autre des vaisseaux de cette escadre put les rejoindre. Il commença même à espérer qu'étant prêt de doubler (passer)les Sorlingues qui le gênaient dans sa course, la force de son vaisseau pourrait le tirer d'affaire. Cet espoir dura peu. Le vaisseau ennemi coupa ses deux mâts de hune dans une de ses dernières bordées. Ce cruel incident l'arrêta, et fit qu'il fut rejoint à l'instant, à portée de pistolet. » Le corsaire tente alors un d'abordage contre le vaisseau anglais mais la manœuvre est éventée suite à une erreur de commandement de l'un de ses lieutenants. Le navire anglais se dégage alors que s'approchent le reste de l'escadre. Ce coup manqué, le vaisseau le Monk, de 70 canons, vint le combattre à portée de pistolet, tandis que trois autres vaisseaux, le Cantorberry, le Dragon et le Ruby le canonnent de leur avant. » Navire démâté, encerclé, la panique gagne alors l'équipage de Duguay-Trouin. Certains se précipitent dans la cale alors que les officiers viennent le supplier de se rendre, requête à laquelle Duguay-Trouin doit finalement accéder, d'autant qu'il est blessé par un boulet de canon.
Il est recueilli par le capitaine du Monk qui prend soin de lui. Duguay-Trouin se retrouve prisonnier à Plymouth où il reçoit " toutes sortes de politesses des capitaines et de tous les autres officiers ". Ainsi va le monde de la mer à la fin du XVIIe siècle : l'esprit chevaleresque n'a pas totalement disparu et on se pique encore de traiter avec beaucoup d'honneur l'adversaire capturé qui a noblement combattu. État d'esprit qu'on ne trouvera plus au XVIIIe siècle : les marins français capturés soixante ans plus tard lors de la Guerre de Sept ans mourront par millier sur les sinistres pontons insalubres où leurs geôliers de la Royale Navy les enfermeront.
En attendant, Duguay-Trouin fait de nombreuses connaissances dans la ville, dont une fort jolie marchande qui vient régulièrement lui rendre visite dans sa chambre grillagée ou il est enfermé... Charmante personne dont est aussi amoureux un réfugié français protestant engagé dans l'armée anglaise et qui s'en ouvre à Duguay-Trouin. Le malouin ne rate pas l'occasion : il convaint séparément les deux protagonistes de le faire sortir de prison pour organiser un rendez-vous galant dans une auberge voisine... dont il s'enfuit aussitôt. L'évasion, qui tient du rocambolesque a été bien préparée puisque le malouin qui a acheté une chaloupe avec armes et provisions à un capitaine suédois touche la terre bretonne avec quatre de ses compagnons quelques jours plus tard.
En 1695, il prend le commandement du François et s'empare de 12 marchands et 2 navires de guerre anglais ce qui lui vaut une épée d'honneur. Il se joint ensuite à l'escadre de Nesmond (un autre capitaine de la marine royale) et capture trois indiamen (bateaux de la compagnie des Indes).
En 1696, commandant un groupe de 2 vaisseaux et 3 frégates il attaque un convoi hollandais, fait prisonnier l'amiral Wassenaër et prend 3 vaisseaux et 12 marchands. Ce fut une bataille acharnée sur laquelle on doit s'arrêter un peu si on veut se faire encore une idée de la violence des combats navals lorsqu'ils sont menés par des capitaines déterminés à en découdre. Duguay-Trouin qui est désormais un corsaire reconnu et expérimenté commande 3 vaisseaux : le Saint-Jacques des Victoires (48 canons), le Sans-Pareil (42 canons) et la frégate Léonore (16 canons). Il part à la recherche de la flotte portugaise de Bilbao et finit par la rencontrer, escortée par trois vaisseaux de guerre hollandais sous les ordres du baron de Wassenaër, vice amiral de Hollande (le Delft et le Honslaerdick, tout deux de 54 canons et un troisième de 38 canons).
L'escorte hollandaise étant supérieure en nombre et mieux armée que lui, Duguay-Trouin semble hésiter à engager le combat lorsqu'il croise deux frégates de Saint-Malo, l'Aigle-Noir et la Faluere qui se joignent à lui pour l'attaque. Mais celle-ci manque de mal tourner : l'engagement est confus et le Sans-Pareil très sévèrement accroché par le vaisseau amiral hollandais le Delft doit s'éloigner après qu'une explosion ait détruit sa poupe et tué plus de quatre-vingt marins. Duguay-Trouin qui commande le Saint Jacques des Victoires et vient de neutraliser par un abordage rapide le Honslaerdick doit alors relancer l'attaque. Cette dernière séance fut si vive et si sanglante que tous les officiers Duguay trouin furent tués ou blessés. L'amiral néerlandais reçut lui-même quatre blessures très dangereuses et tomba sur son gaillard de derrière où il fut prit les armes à la main. Ce combat fut suivi d'une tempête et d'une nuit terrible qui finit par séparer les navires les uns des autres. Finalement, le vaisseau sanguinolent (il y a aussi plus de cent blessés à bord) et presque désemparé arrive à la pointe du jour en vue de la Bretagne finit par rentrer à Port Louis où le rejoignent peu à peu les autres navires.
Ce conflit va donner à Duguay-Trouin l'occasion de multiplier les actions les plus brillantes. Il multiplie les prises, les actions audacieuses et semble insaisissable. Maintenant intégré à la Royale Duguay-Trouin cesse d'être un corsaire solitaire pour commander des vaisseaux plus puissants et aussi plus nombreux, évolution déjà visible à la fin du conflit précédent (voir plus haut pour 1696) et qui devient définitive à partir de 1706-1707. Il est vrai qu'il s'en prend maintenant à de grands convois bien escortés par la Royal Navy ou les vaisseaux néerlandais. De 1703 à 1709, il frappe inopinément, vaisseaux anglais et hollandais et accumulent victoire sur victoire. En mars 1709, commandant l'Achille et une division il attaque avec succès un convoi anglais fortement escorté. Il est anobli la même année. Il a alors à son actif la prise de 16 bâtiments de guerre et de plus de 300 marchands.
De toutes les expéditions de Duguay-Trouin, la plus célèbre est la prise de Rio de Janeiro en 1711.
Parti en juin, le convoi glissa entre les doigts d'une escadre anglaise venue musarder devant Brest, et se présenta devant Rio le 12 septembre où l'attaque commença aussitôt : « Il était évident que le succès de cette expédition dépendait de la promptitude, et qu'il ne fallait pas donner aux ennemis le temps de se reconnaître ». La baie de Rio fermée par un étroit goulet et de puissantes fortifications paraissaient imprenable. La passe fut cependant forcée et Duguay-Trouin débarqua ses troupes dans l'immense baie, soutenues par le feu de ses navires. Les forts furent enlevés les uns après les autres en onze jours, après de multiples péripéties, plusieurs tentatives de sortie de la garnison et l'arrivée d'une troupe de secours.
Les Portugais incendiaient en se retirant les vaisseaux et les entrepôts qu'ils ne pouvaient défendre. Quant aux douze mille hommes de la garnison, il se débandèrent au moment où les Français étaient sur le point de donner l'assaut final. Le gouverneur fut contraint à la négociation pour éviter la destruction et le pillage complet de la ville. Les habitants durent racheter leur bien à prix d'or et une rançon considérable en argent et marchandises tropicales fut versée à Duguay-Trouin alors que les cinq cents prisonniers français encore vivants de l'expédition Duclerc étaient libérés. Au final, 60 navires marchands, 3 vaisseaux de guerre, 2 frégates et une immense quantité de marchandises étaient pris ou brûlés. La ville souffrait un dommage de plus de 25 millions de livres.
On restait dans une expédition corsaire et il n'était pas question de conquête permanente. Le retentissement de l'expédition fut considérable en Europe, tout particulièrement chez les nations maritimes en guerre contre la France. Les Anglais en premier lieu (et qui venaient de plus d'essuyer un désastre complet dans une tentative de débarquement sur Québec), sans parler des Portugais dont la plus belle ville coloniale avait été mise à sac malgré l'alliance anglaise. Même si les historiens en discutent encore, cette réussite a sans doute poussé les Anglais à signer la suspension d'armes du 17 juillet 1712. Duguay-Trouin fut acclamé en héros : cette expédition victorieuse faisait beaucoup pour le moral français très malmené jusque-là par les épreuves de la Guerre de succession d'Espagne(elle s'acheva en 1713). Louis XIV félicita en personne son marin couvert de gloire.
En août 1715, Duguay-Trouin reçoit (enfin) sa promotion de chef d'escadre. Duguay-Trouin qui se trouve à Versailles à la mort de Louis XIV semble en avoir éprouvé sincèrement beaucoup de tristesse. La longue paix qui suit la mort de Louis XIV l'oblige désormais à rester presque totalement à terre. Duguay-Trouin se lance alors dans ce que nous appellerions aujourd'hui un travail de lobbying auprès des ministères pour soutenir l'expansion coloniale de la France. Le Régent le nomme au conseil d'administration de la compagnie des indes en 1723. En 1728, il est nommé lieutenant général et commandeur de St Louis. En 1731, il reçoit le commandement d'une escadre chargée d'aller bombarder Tripoli pour châtier les pirates barbaresques qui s'en prenaient aux navires de commerce français. Il obtient la libération de nombreux captifs chrétiens, le Bey de tunis et le Dey d'Alger devant faire de même, sous la menace des canons de la marine royale. En 1733 éclate la guerre de Succession de la Pologne. Elle met aux prises la France face à l'Autriche et la Russie au sujet de la succession de la couronne de Pologne qui est élective. Stanislas Leszczynski, le candidat soutenu par la France se réfugiant dans le port de Dantzig menacé par les Russes et attendant de l'aide, il fallu bien lui envoyer une escadre de secours dans la mer Baltique. Cette première expédition ayant été un échec, Duguay-Trouin reçoit donc l'année suivante l'ordre de préparer une nouvelle escadre à Brest pour la même destination. Mais alors que ses préparatifs vont bon train, l'ordre est annulé, la campagne abandonnée. Duguay-Trouin, fatigué, malade se retire définitivement du service. Il décède le 27 septembre 1736 à Paris et il est inhumé à l'église Saint-Roch. En 1973 ses restes sont retrouvés par Pierre-Emile Buron qui désirait rendre à Saint-Malo la dépouille du célèbre marin à l'occasion du tricentenaire de sa naissance. René Duguay-Trouin repose désormais dans la Cathédrale Saint Vincent.
Le concept de la mort est très présent dans les légendes bretonnes comme autrefois dans le quotidien des bretons pour qui mourir signifiait s'en aller vers une vie meilleure. C'est avec le christianisme qui, soucieux de détourner la population des anciennes croyances païennes, instaure la crainte de la mort en satanisant certains mythes. C'est ainsi que serait née la légende de l'Ankou (ouvrier de la mort : oberour ar maro).
L' Ankou, est la mort personnifiée. Il est représenté sous la forme d'un homme grand et maigre aux cheveux longs et blancs ou d'un squelette. Vêtu de noir ou d'un linceul, il porte un feutre noir à larges bords sous lequel brillent deux chandelles en guise d'yeux. Il arbore également une faux à tranchant en dehors qu'il lance en avant pour frapper ses victimes et qu'il aiguise avec un os humain. Debout sur sa charrette à deux chevaux(Karig an Ankou) dont le grincement des essieux est le pire des présages, il sillonne les campagnes en faisant pivoter sa tête à sa guise autour de sa colonne vertébrale. Ainsi, rien ne lui échappe et malheur à qui se trouve sur la route du funeste convoi ! En effet, dans certaines légendes l'Ankou tue sans faucher réellement, le simple fait de l'approcher, de l'entendre passer ou à plus forte raison d'échanger des paroles avec lui suffisent à causer la mort de la personne en question ou de l'un de ses proches. L'Ankou est effectivement accompagné de deux hommes qui l'aident dans sa mission, l'un tient la bride du cheval de devant, l'autre ouvre les barrières pour faciliter son passage et dispose sur la charrette les cadavres de victimes fauchées. Des pierres lestent la charrette afin de la faire grincer et que l'on l'entende ainsi venir, lorsqu'un malheureux est fauché, quelques pierres sont déchargées. Pour cette raison, on dit que lors de veillées mortuaires on entend parfois un bruit de caillasse ; c'est l'âme du défunt qui remplace une partie du lest sur la charrette de l'Ankou. On dit que pour chaque paroisse, le dernier mort de l'année devient l'Ankou de l'année suivante. Le jour, il est également présent à travers les sculptures à son effigie qui ornent les ossuaires, ainsi il rappelle toujours aux hommes la fin à laquelle aucun ne peut se soustraire. Et ces mots gravés sur la pierre de nous mettre en garde " La mort, le jugement, l'enfer froid : quand l'homme y pense, il doit trembler .
Le concept de la mort est très présent dans les légendes bretonnes comme autrefois dans le quotidien des bretons pour qui mourir signifiait s'en aller vers une vie meilleure. C'est avec le christianisme qui, soucieux de détourner la population des anciennes croyances païennes, instaure la crainte de la mort en satanisant certains mythes. C'est ainsi que serait née la légende de l'Ankou (ouvrier de la mort : oberour ar maro).
L' Ankou, est la mort personnifiée. Il est représenté sous la forme d'un homme grand et maigre aux cheveux longs et blancs ou d'un squelette. Vêtu de noir ou d'un linceul, il porte un feutre noir à larges bords sous lequel brillent deux chandelles en guise d'yeux. Il arbore également une faux à tranchant en dehors qu'il lance en avant pour frapper ses victimes et qu'il aiguise avec un os humain. Debout sur sa charrette à deux chevaux(Karig an Ankou) dont le grincement des essieux est le pire des présages, il sillonne les campagnes en faisant pivoter sa tête à sa guise autour de sa colonne vertébrale. Ainsi, rien ne lui échappe et malheur à qui se trouve sur la route du funeste convoi ! En effet, dans certaines légendes l'Ankou tue sans faucher réellement, le simple fait de l'approcher, de l'entendre passer ou à plus forte raison d'échanger des paroles avec lui suffisent à causer la mort de la personne en question ou de l'un de ses proches. L'Ankou est effectivement accompagné de deux hommes qui l'aident dans sa mission, l'un tient la bride du cheval de devant, l'autre ouvre les barrières pour faciliter son passage et dispose sur la charrette les cadavres de victimes fauchées. Des pierres lestent la charrette afin de la faire grincer et que l'on l'entende ainsi venir, lorsqu'un malheureux est fauché, quelques pierres sont déchargées. Pour cette raison, on dit que lors de veillées mortuaires on entend parfois un bruit de caillasse ; c'est l'âme du défunt qui remplace une partie du lest sur la charrette de l'Ankou. On dit que pour chaque paroisse, le dernier mort de l'année devient l'Ankou de l'année suivante. Le jour, il est également présent à travers les sculptures à son effigie qui ornent les ossuaires, ainsi il rappelle toujours aux hommes la fin à laquelle aucun ne peut se soustraire. Et ces mots gravés sur la pierre de nous mettre en garde " La mort, le jugement, l'enfer froid : quand l'homme y pense, il doit trembler .
L'antre de l'Ankou serait le Youdig ou plus précisément le Yeun Elez dans les Monts d'Arrée, entrée de l'enfer où les âmes sont envoyées vers leur dernière demeure. L'Ankou se trouve sur les calvaires des communes avoisinantes ou même sur les églises, comme à Brasparts et sur le calvaire de Brennilis.
L'histoire de Fañch ar Floch
Il y avait à Ploumilliau un forgeron qui s'appelait Fañch ar Floc'h. Ses affaires marchaient fort bien car il était très habile dans son métier. Il avait toujours plus de travail qu'il n'en pouvait exécuter. Ses enfants étaient bien nourris, bien tenus. Bref, ce n'était pas lui qui aurait eu besoin de passer un pacte avec le vieux Polig. Au surplus, c'est une chose qu'il aurait jamais faite, car il était trop bon chrétien pour cela. Cette année là, la veille de Noël, il se hâtait de terminer les travaux les plus urgents afin d'être libre pour la fête, quand se présenta un de ces meilleurs clients qui lui apportait une paire de roues de char à bancs à ferrer. Il en avait absolument besoin pour le lendemain parce qu'il devait aller porter ses voeux à son vieux parrain qui demeurait au - delà de Morlaix. Il insista tant que Fañch promit de faire un effort et de tenir prêtes, coûte que coûte, les deux roues pour le lendemain à la première heure. mais ferrer une roue n'est pas un petit travail. Il faut retirer la vieille ferrure, puis façonner un cercle neuf à la taille convenable et vous voyez le temps que cela prend. On porte ensuite ce cercle au rouge pour le dilater et quand il est à l'exacte température voulue, il faut sans perdre un instant l'ajuster avec adresse et avec beaucoup de précision autour de la jante de bois puis l'arroser d'eau froide afin qu'il ne brûle pas le bois et se rétracte tout de suite, emprisonnant la roue dans un étau dont elle ne puisse se dégager. Ces opérations étaient loin d'être achevées quand sa femme appela Fañch pour le souper. Il congédia ses compagnons et son apprenti et, en se mettant à table, déclara à son épouse : - Il faudra que tu ailles seule à la messe de minuit avec les enfants : je ne serai jamais prêt à t'accompagner. J'ai encore une roue à ferrer, que j'ai promise pour demain sans faute. - Tu comptes y arriver seul? - Il le faut bien. C'est éreintant, mais je l'ai déjà fait. Quand j'aurai fini, je ne serai pas en état d'aller à l'église : c'est de mon lit que j'aurai besoin. - Fais attention, au moins, que la cloche de l'Elévation ne te trouve pas encore au travail. - Oh! pour cela, sois tranquille. A ce moment - là je ronflerai déjà comme un bienheureux. Sa dernière bouchée avalée, il retourna à son enclume et se mit à battre le fer avec ardeur. Pour se mettre dans l'ambiance de Noël, il fredonnait le cantique "War ar ménez, ar Bastored" (sur la montagne, les bergers...). Il avait laissé la fenêtre de la forge ouverte pour être sûr d'entendre sonner les cloches. Il aperçut sa femme et ses enfants qui partaient pour le bourg, des lanternes à la main, dans le vent et la froidure. Il leur cria bonne route et sa femme lui fit un petit signe de la main en disant : - Nous prierons pour toi. Mais souviens - toi, surtout, de ne pas dépasser l'heure sainte. - Aucun danger. J'aurai bientôt fini. Et je surveille l'heure. Quand on est occupé, on ne se rend pas compte de la fuite du temps. Et quand on tape à tour de bras sur des morceaux de fer avec un gros marteau, il n'est pas étonnant qu'on n'entende pas le carillon des cloches dans le lointain. Au moment où il se dit que la messe n'allait sans doute pas tarder à commencer, le prêtre avait déjà achevé de distribuer la communion. La bandage était terminé et il n'avait plus qu'à le faire chauffer au fer rouge afin d'en cercler la roue. Il quitta donc son enclume pour aller tirer sur la chaîne de son grand soufflet, lorsqu'il s'aperçut qu'un personnage dont il ne pouvait distinguer les traits le contemplait par la fenêtre ouverte. - Salut, répondit - il poliment, car il avait de bonnes manières. Il remarqua que l'homme était grand et maigre, qu'il était vêtu de noir et coiffé d'un feutre à larges bords. Mais ni la voix ni la silhouette ne lui rappelaient qui que ce fût du pays. - J'ai vu de la lumière chez vous, reprit l'inconnu, et j'aurais justement besoin de vos services. - Je suis désolé, dit Fañch, mais je ne vais pas pouvoir vous satisfaire, car il faut que je finisse de ferrer cette roue et je ne voudrais pas que la cloche de l'Elévation me surprenne en plein travail. L'homme eut un petit rire sarcastique. - Pour cela, forgeron, vous retardez quelque peu. - Que voulez - vous dire? - Il y a un bon quart d'heure que la cloche de l'Elévation a sonné. - Mon Dieu! ce n'est pas possible! - Eh si! de sorte que maintenant, travailler un peu plus, un peu moins, ça ne changera rien. D'ailleurs, ce que j'ai à vous demander ne vous prendra pas plus de cinq minutes. Il s'agit seulement de river un clou. L'inconnu saisit une faux qu'il avait appuyée contre le mur et en montra la lame qui branlait autour du manche. - Vous voyez, il manque un clou. - Bon, dit Fañch, on va vous réparer ça. Mais, par Dieu, qu'avez - vous à faire avec une faux dans la nuit de Noël? - Ceci n'est pas votre affaire, dit l'homme d'un ton sec. Faites votre travail c'est tout. Le forgeron avait hâte de se débarrasser du personnage, dont les manières ne lui plaisaient pas du tout. Il prit la faux et la posa sur son enclume. - Mais dites donc! elle est emmanchée à l'envers cette faux. Le tranchant est tourné en dehors. Quel est l'abruti qui vous a fait ce travail? - Ne vous inquiétez pas de ça. Laissez la lame montée comme elle est et occupez vous seulement de la fixer solidement. Fañch, qui n'aimait pas qu'on lui parle sur ce ton, ne desserre plus les dents et se dépêcha, en quelques coups de marteau rageurs, de river un autre clou à la place de celui qui manquait. - Voilà votre outil, dit - il. Le fer ne bougera plus. - Merci. Maintenant, je vais vous payer. - Bah! ce n'était rien. Ca ne vaut pas qu'on en parle.
- Toute peine mérite salaire, mais ce n'est pas de l'argent que je vous offre, Fañch ar Floc'h. Un précieux avertissement je ne dis pas. Mettez vos affaires en ordre, recommandez votre âme à Dieu et, dès que votre femme rentrera, dites - lui de retourner tout de suite au bourg chercher le prêtre car, au premier chant du coq, je viendrai vous prendre. Fañch se dépêcha d'achever de ferrer sa roue, car un travail promis doit être exécuter. Puis il rentra classer quelques papiers et dresser la liste des créances que sa femme aurait à recouvrer. Après quoi, il se mit au lit. Il était bouillant de fièvre. Sa femme le trouva le visage baigné de sueur, les yeux mi - clos, récitant son chapelet. - Hâte toi, lui demanda - t - il, d'aller quérir le prêtre. Au chant du coq, il rendit l'âme, pour avoir forgé la faux de l'Ankou.
Le récif de Corail
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Eclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mele, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.
Et tout ce que le soleil ou l'iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.
De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux ;
Dans l'ombre transparente, indolemment il rôde ;
Et brusquement d'un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
Il est bien certain qu'il existe moultes autres merveilles de cette grande époque de l'architecture bretonne que celles que je vous ai présentées. Il me faudrait probablement des mois pour vous les faire découvrir, de plus je ne connais pas toute la Bretagne et j'ai encore beaucoup à voir et à admirer avant de pouvoir vous en parler.
J'aimerais cependant vous conseiller, si vous passez dans le coin, de ne pas manquer la visite de la Basilique du Folgoët dans le finistère, ni celle de l'enclos Saint Thégonnec(grand rival de Guimiliau). Ne manquez pas non plus la Cathédrale Saint Tugdual à Tréguier dans les côtes d'armor.
Le Folgoët
Au Folgoët(nom français : fou du bois), la Basilique vous ravira même si seule sa tour nord est achevée. Haut lieu de pélérinage depuis le XVème, elle possède un remarquable jubé en kersanton à l'intérieur. Mais pourquoi, le "Fou du Bois"? :
Salaün ou Salomon, un simple d'esprit dont on se moquait vivait seul dans les bois, couchant à la belle étoile, il ne vivait que d'aumônes. Après sa mort(1358), on vit un lys poussé sur sa tombe et..., en dégageant la terre on constata que la fleur prenait racine dans la bouche de Salaün.
Telle est la légende de l'origine de ce chef d'oeuvre du gothique construit en mémoire de ce pauvre homme.
Saint Thégonnec
A Saint Thégonnec, où se trouve le dernier des grands calvaires bretons du Léon(1610), un magnifique arc triomphal vous accueillera.
A proximité du calvaire, l'ossuaire de la Renaissance abrite un trésor sauvé des flammes. Dans une crypte, vous pourrez contempler "une mise au tombeau" composée de personnages peints, grandeur nature..
Victime du feu en 1998, Saint Thégonnec a du être restauré comme le fut le Parlement de Bretagne. Certains des joyaux qui s'y trouvaient ont été totalement détruits mais le rétable du Rosaire(1697) a miraculeusement été préservé.
Tréguier
A Tréguier, la fine flèche(63 m) de la Cathédrale en pierre ajourée vous invite à venir voir de plus près ses 46 stalles renaissance, son rétable flamand mais surtout sa nef d'une rare pureté et l'envol sublime des colonettes à la croisée du transept.
N'oubliez pas avant de quitter les lieux de vous rendre au cloître composé d'une admirable dentelle de pierre. Vous y attendent divers tombeaux dont un gisant du XIIIème
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