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Titre du blog : Mes passions
Auteur : kryspassions
Date de création : 18-12-2013
 
posté le 14-05-2014 à 10:59:36

La légende des pierres de Plouhinec

Bernez aimait Rozenn qui le lui rendait bien. Mais de mariage entre eux, il ne pouvait être question, car Bernez n'était que valet de la ferme du père de Rozenn.

La veille de Noël, Bernez se joignit à la veillée chez son maître, tout heureux de passer la soirée près de sa bien-aimée. Bouillie de froment arrosée de beurre, lard et boudins, crêpes, miel et cidre râpeux s'étalaient en abondance sur la grande table. Aussi toute l'assemblée accueillit-elle de bon coeur le vieil homme qui s'en vint réclamer la part du pauvre, bien qu'on le sache chapardeur et qu'on le dise sorcier.

 

 

PLOUHINEC

 

 

Lorsque chacun s'en alla dormir, le vieux s'abrita dans la petite étable où Rozenn gardait un vieil âne et un boeuf décharné, compagnons de ses jeux d'enfant. A peine couché dans la paille, l'homme entendit un murmure. Il ne rêvait pas...L'âne et le boeuf se parlaient et il les comprenait ! Un peu docte, le boeuf rappela à son voisin que , cette nuit ils étaient doués de parole en mémoire de leurs lointains parents, gardiens de l'enfant Jésus. Puis, il glissa dans la longue oreille duveteuse de son ami que le Noël de cette année était extraordinaire. En effet, la nuit prochaine, les pierres dressées sur la lande de Plouhinec, à deux pas d'ici, iraient boire à la rivière. Cela n'arrive qu'une fois tous les cent ans, et pendant ce temps , les trésors enfouis à leurs pieds sont offerts à ceux qui osent les prendre. L'âne répliqua illico que les pierres revenaient si vite qu'elles risquaient d'écraser leur voleur, à moins qu'il ne porte sur lui un bouquet de gui et de trèfles à 5 feuilles. Finalement, le boeuf eut le dernier mot en disant que les richesses volées tombent en poussière si elles ne reçoivent pas en dédommagement la vie d'un homme.

Le lendemain matin, notre sorcier s'en alla arpenter les talus et revint vers midi à la ferme, où il s'entretint longuement avec Bernez. On le devine, la promesse de la richesse agitée par la vieille crapule enthousiasma le jeune homme. Rendez-vous fut pris pour le soir, près des pierres dressées. Bernez arrivé en avance, s'occupa à sculpter une croix sur le plus haut des mégalithes. A l'heure dite, le sorcier était là et lorsque le clocher sonna minuit, les deux hommes teriffiés entendirent le grondement de tonnes de pierre s'arrachant du sol et virent passer, en un vol serré tous les menhirs qui filaient vers la rivière. D'un seul élan, ils sautèrent dans les fosses découvertes où l'or brillait sous la lune. A peine avaient ils enfourné quelques poignées de pièces dans leurs poches que retentit un grand vacarme...les pierres revenaient.

"-Nous allons mourir hurla Bernez

 -Toi, oui mais pas moi, mes herbes me protègent!" rétorqua le vieil homme brandissant son bouquet de gui et de trèfle.

 

 

LES PIERRES DE PLOUHINEC

 

 

L'instant d'après, les pierres arrivaient en file indienne. La plus haute d'entre elles, qui les menaient, s'arrêta devant Bernez, l'abritant de sa masse rugueuse marquée d'une croix. Les autres la contournèrent pour rejoindre leur excavation. Bernez sauvé par le signe qu'il avait gravé, était tombé à genoux dans l'ombre de son mégalithe. Enfin l'énorme bloc se souleva d'un bond par-dessus Bernez et plongea sur le sorcier qui agitait frénétiquement ses herbes. Mais la pierre n'obéïssait plus aux anciennes coutumes, elle bouscula l'homme qui tomba dans la fosse où elle l'écrasa de son poids.

Bernez mit un moment à reprendre ses esprits. Et s'il murura une vague prière devant la dalle d'où rien ne transparaissait du drame, il n'alla pas jusqu'à verser de larmes sur celui qui l'avait condamné en riant. Puis il revint vers la ferme, les poches emplies d'or qui lui gagnerait la main de sa Rozenn.

 

Commentaires

josiane/tachka le 14-05-2014 à 11:23:00
Elle m'avait été racontée il y a bien longtemps et je la relis avec plaisir !

Bonne journée pour toi avec bisous