"Rien en Bretagne, a écrit François Menez, ne peut surpasser le charme ni la verdure luxuriante de ce morceau d'Eden".
Entourée de bois, baignée par l'Aulne qui l'enserre d'une boucle avant de se jeter dans la rade de Brest, la presqu'île de Landévennec séduit par la douceur de son climat et la beauté de son paysage.
L'ancienne abbaye de Saint Guénolé
Disciple de Budoc qui s'était fixé avec des moines dans l'île de Lavret(près de Bréhat-côtes d'armor), Guénolé (461-532) vint s'établir avec onze compagnons dans le site de l'estuaire de l'Aulne(finistère). Gagnant l'amitié de Gradlon, premier roi de Cornouaille(voir la ville d'Ys), Guénolé prit une part considérable à l'évangélisation de la région et l'abbaye de Landévennec devint par la suite la principale source des institutions monastiques en Bretagne.
Suivant la règle des Scots(moines irlandais) dans la tradition du christianisme celtique, les moines bretons étaient vêtus d'une tunique (souvent blanche) et d'une coule(vêtement à capuchon) en grosse étoffe de laine. Ils pratiquaient strictement obéissance, chasteté et pauvreté :
- "Vaquez à l'étude avec humilité, sans vous enorgueillir de votre science, soumettez vous au travail manuel avec abaissement et contrition de coeur, sans chercher les louanges, sans mépriser les ignorants. Insistez sans cesse sur la prière accompagnée de jeûn et de veilles". Ainsi étaient les recommandations de Budoc, le maître de Guénolé.
Le rayonnement de cette abbaye traversa les siècles, construite aux alentours de 5OO, elle fut pillée et détruite en 913 par les Vikings. Les moines s'enfuirent emportant leurs reliques notamment celles de Guénolé.. C'est à cette époque que disparut la royauté bretonne. Les chefs avaient fui également soit en Grande Bretagne, soit chez les Francs.
Le ciel s'obscurçit sur la vie économique, intellectuelle et sociale. La langue bretonne recula, le pouvoir se déplaça vers la Haute Bretagne(Rennes et Nantes).
Dépossédée des corps de ses saints que l'on ne pouvait plus vénérer qu'en France ou qu'en Grand Bretagne, la Bretagne fut privée de la richesse que représentaient les pélérinages aux reliques.
La libération de la Bretagne préparée par le moine Jean, abbé de Landévennec, fut menée à bien par le prince Alain alors réfugié en Grande Bretagne. A la suite de ses nombreuses victoires et devant le repli des Normands, il fut nommé Duc de Bretagne en 937. Donnant le soin à l'abbé Jean de reconstruire l'abbaye, il fonda en la considération de celui-ci le prieuré de l'ile de Batz..
Au milieu du 11ème, l'église abbatiale est agrandie, c'est de cette époque que date également la compilation du cartulaire (volumes de 164 pages en deux parties, dont la première parle essentiellement de Saint Guénolé, quant à la seconde, elle est composée des titres et documents relatifs aux droits et possessions de l'abbaye).
En 1793, l'abbaye bénédictine de Landévennec où il ne reste plus que 4 moines est abandonnée puis vendue comme bien national. Elle change six fois de propriétaires au cours du 19 ème siècle.
Sous l'impulsion de l'abbé Perrot, un renouveau d'intérêt pour le lieu apparait dès 1935. En 1950, les bénédictins de Kerbénéat l'achètent et décident de la reconstruire. En 1958, la nouvelle abbaye est inaugurée en présence d'une foule nombreuse.
Depuis 1978, des recherches archéologiques ont fait parler les pierres. Les églises carolingiennes, les cloîtres superposés au fil des siècles(le plus ancien d'entre eux date du 9ème siècle) contribuent à faire de la presqu'île un lieu majeur de l'archéologie médéviale en Europe.
Ouvert en 1990, le musée de l'ancienne abbaye participe à la découverte de la signification profonde du lieu et de sa relation avec les événements fondateurs de l'histoire bretonne. Deux salles présentent le travail des archéologues, de la fouille jusqu'à l'analyse des découvertes. Chaque été l'église à ciel ouvert devient l'écrin insolite de multiples spectacles mais les ruines stratifiées témoignent toujours malgrè tout des heurts et malheurs qu'elles ont traversés.