« On appelle lavandière de nuit(kannerez-noz) des femmes blanches qui lavent leur linge en chantant, au clair de lune, dans les fontaines écartées ; elles réclament l'aide des passants pour tordre leur linge et cassent les bras à qui les aide de mauvaise grâce.»
En fait le mythe des lavandières de nuit est présent dans de nombreuses régions, sous des noms diverses.
Les lavandières nocturnes appartiennent à la grande famille des dames blanches. Si la raison de leur présence connait de nombreuses variantes, elles ont pour l'essentiel des caractéristiques communes :
Elles ne se manifestent que la nuit, et plutôt les nuits de pleine lune ou de la toussaint. En bretagne, on les trouve au Yeun Ellez(Monts d'arrée)
Yeun Ellez ou le Marais des Enfers
Elles n'apparaissent qu'aux hommes seuls.
Elles sont un mauvais présage et sont dangereuses si on les approche.
Elles sont souvent âgées, d'un aspect pitoyable, mais restent robustes.
Elles sont les fantômes de femmes mortes qui reviennent pour expier une faute dont l'origine varie :
Les mères infanticides
Selon George Sand les lavandières de nuit sont des mères qui sont maudites pour avoir tué leurs enfants:
<dl><dd>Les lavandières malhonnêtes
Selon une autre tradition, il s'agit de lavandières qui étaient chargées de laver le linge des pauvres. Par cupidité, elles remplaçaient le savon par des cailloux avec lesquels elles frottaient le linge. Non seulement celui-ci ne pouvait redevenir vraiment propre, mais il était terriblement abimé par ce traitement. Pour les punir de ce forfait, elles ont été condamnées à laver éternellement des linges qui restent sales.
Les laveuses de linceuls
Selon une tradition bretonne, il s'agit de défuntes qui ont été ensevelies dans un linceul sale.
Les travailleuses du dimanche
Il s'agirait de lavandières qui auraient transgressé la règle religieuse du repos dominical et, de ce fait, seraient condamnées à travailler pour l'éternité.
Les risques encourus
Lorsqu'un passant s'approche, les lavandières lui demandent de les aider à essorer en les tordant leurs linges ou linceuls. Il faut alors impérativement le tordre dans le même sens qu'elles pour qu'elles se lassent et abandonnent. Malheur à celui qui se trompe, il a les bras happés et brisés par le linge qui finit par l'entourer jusqu'à l'étouffer. S'il refuse de les aider elles l'enroulent dans les linges et le noient dans le lavoir, tout en le frappant avec leurs battoirs.
Voici l'histoire de Job Postic telle que les anciens la raconte :
Il y a bien longtemps, Job Postic, la veille du jour des morts, était aller (trop !) boire ; la nuit venue, il se met en chemin ; il rencontre l'Ankou, reçoit plusieurs avertissements, mais continue sa route et croise les lavandières.
Dès qu'elles aperçoivent le joyeux compagnon, toutes accourent avec de grands cris en lui présentant leurs suaires et lui criant de les tordre pour en faire sortir l'eau ;
" Un petit service ne se refuse pas entre amis, dit il gaiement, mais chacune son tour mes belles lavandières, un homme n'a que deux mains, pour tordre comme pour embrasser ".
Il dépose son bâton de marche à terre et prend le bout du drap que lui présente l'une des mortes, en ayant soin de tordre du même côté qu'elle car il avait appris des anciens que c'était le seul moyen de ne pas être brisé. Mais pendant que le linceul tournait ainsi, d'autres lavandières entourent Job, qui reconnaît là sa tante et ses soeurs, sa mère et sa femme. Toutes crient : " Mille malheurs à qui laissent brûler les siens dans l'enfer ! Mille malheurs !"
Et elles secouent leurs cheveux épars, levant leurs battoirs blancs, et criant " Mille malheurs!"