Comme dans le mythe grec de Persée et de la Méduse , la légende de Carnac immortalise une puissante armée...
Les temps étaient durs pour le vieil homme chassé de Rome. Corneille avait été pape, pontife sans autre puissance que celle de sa foi, ardente et de la ferveur de ses disciples. Mais c'était encore trop tôt pour l'empereur , et il avait dû fuir la puissance romaine, toujours plus loin.
Le mois d'Avril n'était pas loin quand il parvint au bord du Grand Océan d'Armorique. Il savait que les éclaireurs de l'armée romaine étaient sur ses traces et le cherchaient pour le mettre à mort. Etrangement, ce bout du monde, cette mer immense insufflèrent une force nouvelle dans le corps du pieux vagabond. C'est ici, qu'il délivrerait une fois encore son message d'espoir, il voulait vivre pour les hommes de cette terre et même pour les braves animaux qui avaient tiré son attelage jusqu'ici. Des paysans semaient dans l'un des petits champs qui couraient jusqu'au rivage. Corneille interrogea leur chef. Quelle graine confiaient ils au sol ? de l'avoine, affirma l'homme. "Alors prépare toi à la moissonner dès demain", répliqua t'il, bénissant le champs d'un geste ample. Le lendemain au premier soleil, l'avoine mure ondulait sous le vent. Les fermiers commencèrent à la coucher sous leur faux, dans une bonne odeur d'herbe tranchée.
Un nuage de brume s'éleva à l'horizon, l'armée romaine arrivait dans un tintamarre d'épées et de cuirasses. Les cultivateurs s'immobilisèrent. "Avez vous vu récemment un homme âgé, dans un char mené par des boeufs ?" interrogea l'officier drapé de rouge. " Il est passé pendant que nous semions cette avoine", lui répondit un enfant. Le centurion avisa le paysage désert, la côte, les près et les champs sans relief. "Notre gibier doit être remonté au Nord depuis bien des jours, songea t-il. Malgrè le pas lent de ses boeufs , il aurait donc des mois d'avance sur nous". Le lendemain, il reprit tout de même sa traque -la gloire de Rome exigeait une victoire- mais soudain, au milieu de la lande, des centaines de boeufs, surgis de nulle part, chargèrent sans pitié. Les javelines rebondissaient sur leur cuir, les flèches se brisaient et plus d'un guerrier resta sur le terrain, piétiné par les durs sabots. L'affront devenait intolérable, il fallait exterminer ce Corneille pour l'honneur de Rome. Des renforts arrivèrent de garnisons voisines, la poursuite commença et au bout de quelques heures, les soldats découvrirent leur proie, marchant à côté de sa charrette.
Les Dieux étaient avec eux, car le vieillard s'était engagé sur une mince langue de terre cernée par la marée haute. Le centurion allait ordonner à ses hommes de se déployer pour prévenir la fuite de leur victime quand sa vision s'obscurcit. Ses paupières se fesaient pesantes, et sa bouche peinait à articuler. Sous ses yeux qui perdaient leur lumière, ses hommes devenaient gris, nul souffle ne soulevait leur poitrine. Il ne distinguait plus leurs visages ni leurs corps. Armes et armures, tout se fondit dans une même gangue pierreuse, lourde et mate.
Des paysans qui passaient par là s'immobilisèrent devant l'inconcevable image qui s'offrait à eux. Là où s'était tenue une importante armée, des pierres s'élevaient sur plusieurs rangées vers l'est, aussi loin que portait le regard. Devant la mer, Corneille élevait ses mains jointes vers le soleil. Le silence pesa interminablement sur ce petit morceau d'Armorique. Enfin, une alouette chanta, les boeufs reprirent leur marche et les fermiers leur route, comme si rien autour d'eux n'avait changé...
Le gigantisme de Carnac, qui compte 3000 pierres réparties sur trois alignements force l'admiration autant que la rêverie. Mais ces silhouettes muettes gardent pour elles leur secret.
Commentaires
Coucou Gégé
C'est effectivement un endroit monumental plein de mystère.
J'aime ces légendes bretonnes qui donnent souvent froid dans le dos.
Bisous
Bonjour Krys,
Et oui toujours aussi étrange le mystère des alignements de Carnac.
Percerons nous un jour ce mystère ?
... pas sur !
Stèles funéraires, ou autres significations ? ... y a de quoi se creuser la cervelle.
Carnac, je n'y suis allé qu'une seule fois, ... çà me plairait bien d'y retourner !
Bon jeudi de l'Ascension.
Au plaisir de se relire.
Gégédu28