NOUS SOMMES EN ROUTE DEPUIS ENVIRON DEUX HEURES LORSQU'APPARAIT A L'HORIZON UNE LARGE BANDE SOMBRE. LE TEMPS EN MEDITERANNEE PEUT CHANGER TRES RAPIDEMENT SANS CRIER GARE ET CE QUI NOUS ARRIVE DROIT DESSUS N'EST AUTRE QU'UN IMMENSE NUAGE CHARGE D'ELECTRICITE. NOUS VOYONS LES ECLAIRS ZEBRES LE CIEL AU LOIN ET CELA NE PRESAGE RIEN DE BON MAIS NOUS SOMMES EN MER ET IL VA FALLOIR FAIRE AVEC.
LA DEPRESSIOIN AVANCE A LA VITESSE D'UN CHEVAL AU TRIPLE GALOP ET NOUS N'AVONS QUE LE TEMPS D'AFFALER LE FOC AVANT QU'UNE LOURDE PLUIE D'ORAGE NE NOUS ATTEIGNE. LA GRAND VOILE N'A PAS VOULU DESCENDRE COMPLETEMENT ET NOUS SOMMES OBLIGES DE LA LAISSER A POSTE.
UN VENT VIOLENT S'EST LEVE TANDIS QUE LE TONERRE GRONDE AU DESSUS DE NOS TETES. SYSTEO SE CABRE ET ENTAME UNE COURSE EFFRENEE. IMPOSSIBLE DE MAINTENIR LE CAP QUE NOUS NOUS ETIONS FIXES ET IL ME FAUT ABATTRE EN CATASTROPHE NON SANS AVOIR FAUCHE AU PASSAGE LE CAPITAINE AVEC LA BOME(perpendiculaire au mat, elle sert de soutien à la grand voile) QUI EST DEVENUE FOLLE. JE METS LE BATEAU EN FUITE AFIN D'EVITER UN DEMATAGE INTEMPESTIF.
LE SPECTACLE, QUE JE N'AI GUERE LE TEMPS D'ADMIRER, ACCROCHEE QUE JE SUIS A LA BARRE, EST SPLENDIDE. LA SURFACE DE L'EAU EST COMME TRANSPARENTE ET LA PLUIE QUI LA FRAPPE SAUVAGEMENT NOUS DONNE L'IMPRESSION QUE LA MER FUME. 7 HEURES DURANT, J'AI DU LUTTE CONTRE LE BATEAUQUI NE VOULAIT QU'UNE CHOSE... PARTIR AU LOF(remonter dans le vent) CE QUI AURAIT PU ENTRAINER UNE CHUTE DE MAT.
NI LE CAPITAINE, NI MOI NE SOMMES EQUIPES POUR CE TYPE DE TEMPS, NOUS SOMMES TOUJOURS EN MAILLOTS DE BAIN SANS HARNAIS DE SECURITE CE QUI EST LOIN D'ETRE RAISONNABLE MAIS NOUS N'AVONS PAS VRAIMENT LE CHOIX. SYSTEO EST LITTERALEMENT VAUTRE SUR SON BABORD(gauche) ET TENTER DE SE DEPLACER SERAIT DE LA FOLIE. PREUVE EN EST QUE JE MANQUE DE NOYER MON TENDRE ET CHER EN LUI FAISANT BOIRE UNE TASSE UN PEU PROLONGEE.
ET OUI, IL MANQUE PASSER PAR DESSUS BORD EN ESSAYANT DE VENIR ME SOULAGER A LA BARRE. SEULES LES FILIERES LE RETIENNENT AU NIVEAU DES BRAS QU'IL A LE REFLEXE DE METTRE EN CROIX A L'INSTANT OU IL SE SENT GLISSER SUR LE SOL DU COCKPIT(encore appelé baignoire, endroit ou se trouve les bancs à l'extérieur). MOMENT DRAMATIQUE, OU JE DOIS LE RETENIR D'UNE MAIN TOUT EN RESTANT AGRIPPEE DE L'AUTRE AU BATEAU QUI N'EN FAIT PLUS QU'A SA TETE. A LA FORCE DES BRAS, IL PARVIENT A SE DEPETRER DE CE MAUVAIS PAS ET A BOUT DE SOUFFLE ME LANCE EN RIANT : "TIENS TU DONC TANT A TE DEBARASSER DE MOI, TU MANQUES ME DECAPITER ET MAINTENANT TU ESSAYES DE ME NOYER". SITUATION COCASSE, IL EST VRAI ET J'ECLATE DE RIRE A MON TOUR.
CECI DIT, S'IL ETAIT PASSE PAR DESSUS BORD J'AVAIS PEU DE CHANCE DE LE RECUPERER DANS CE BOUILLON.
L'ORAGE OU DU MOINS LES ORAGES S'ELOIGNENT ENFIN NOUS LAISSANT LITTERALEMENT SUR LES GENOUX MAIS OH COMBIEN HEUREUX DE NOUS EN ETRE SORTIS A AUSSI BON COMPTE. L'IDEE DE PASSER LE "CAP BON" EST ABANDONNEE ET NOUS REJOIGNONS LE PORT DE SIDI BOU SAID OU NOUS SOMMES ACCUEILLIS COMME DES HEROS. PENSEZ DONC UNE COQUILLE DE NOIX SORTIE DU FIND FOND DE L'ENFER.
A MINUIT LES DOUCHES DE LA MARINA SONT FERMEES, CEPENDANT LE POLICIER DE FACTION SE FAIT UN PLAISIR DE NOUS EN PERMETTRE L'ACCES. NOUS SOMMES TREMPES ET GELES MALGRE LA DOUCE TEMPERATURE AMBIANTE.
SYSTEO EST AMARRE AU QUAI DES VISITEURS, L'INTERIEUR COMPLETEMENT EN VRAC, DU BOULOT POUR NOTRE LEVER MAIS POUR LE MOMENT ET APRES LES FORMALITES, NOUS NOUS ECROULONS SUR NOS COUCHETTES.
UN SOLEIL RADIEUX DANS UN CIEL D'AZUR NOUS ACCUEILLE QUELQUES HEURES PLUS TARD. SOUS UNE LEGERE BRISE, SYSTEO SE BALANCE DOUCEMENT. NOUS SOMMES AU PARADIS....???!!!
APRES UN SOLIDE PETIT DEJEUNER, NOUS ENTREPRENONS DE TRANSFORMER LE VOILIER EN UN VASTE SECHOIR. NON, CE N'EST PAS UNE VENTE AUX ENCHERES, QUOIQU'A VOIR TOUS LES VETEMENTS QUI FLOTTENT GAIEMENT AU VENT ON POURRAIT LE PENSER.
LA REMISE EN ETAT GENERALE EST RAPIDE ET NOUS VOILA EN MESURE D'ALLER PRENDRE PLACE AU MILIEU DES AUTRES BATEAUX DANS LA MARINA. LE MONDE MARIN EST PETIT ET LES NOUVELLES CIRCULENT TRES VITE. A NOTRE ARRIVEE AU PONTON, NOUS SOMMES ACCLAMES PAR TOUS LES MARINS PRESENTS. ETANT L'UN ET L'AUTRE PLUTOT RESERVES NOUS VOILA BIEN GENES, EN TOUT CAS PAS QUESTION DE DECEVOIR LE PUBLIC NOTRE MANOEUVRE D'ACCOSTAGE SE DOIT D'ETRE PARFAITE MDR.
C'EST UNE FOIS A POSTE, QUE NOUS APPRENONS AVEC UN LEGER MAIS ALORS TRES LEGER FRISSON QUE LA TUNISIE A SUBI D'IMPORTANTS DEGATS LA NUIT DERNIERE. PAS MOINS DE 7 ORAGES ONT FRAPPE TOUTE LA COTE NORD PENDANT DES HEURES. MORALE DE L'HISTOIRE, IL FAISAIT MEILLEUR ETRE EN MER.
SYSTEO N'A SUBI QUE DE LEGERS DOMMAGES QUE NOUS NOUS EMPRESSONS DE REPARER AVANT D'ALLER FLANER DANS LES RUES DE L'ADORABLE VILLAGE PERCHE SUR UN ROCHER QUI SURPLOMBE LA MER. 365 MARCHES D'UN ESCALIER RAIDE TAILLE A MEME LA ROCHE POUR PARVENIR AU SOMMET, DE QUOI COUPER LES JAMBES, FINALEMENT LA NAVIGATION EST MOINS EPUISANTE .
UNE JOURNEE DE REVE QUE NOUS SAVOURONS A SA JUSTE VALEUR. SIDI BOU SAID, ENCORE APPELEE LA "VILLE BLEUE" EST UN JOYAU ET IL N'EST PAS ETONNANT QUE DE NOMBREUX PEINTRES EN AIENT FAIT LEUR SUJET FAVORI.
DES RUELLES ESCARPEES AUX MILLE COULEURS, OU FLOTTE L'ODEUR SI PARTICULIERE DU JASMIN, S'ENTRECROISENT TELLE UNE GIGANTESQUE TOILE D'ARAIGNEE.
UNE PROUE DE NAVIRE FACE AU LARGE, OU NOUS DECOUVRONS UNE VUE A EN COUPER LE SOUFFLE, VOILA CE QU'EST SIDI BOU SAID. DEMAIN, IL FAUDRA REPRENDRE LA ROUTE MAIS EN CET INSTANT NOUS NE SONGEONS QU'A PARTAGER LES MERVEILLES QUI NOUS ENTOURENT. AVANT DE REJOINDRE SYSTEO, NOUS NOUS ATTARDONS ENCORE UN PEU SUR LA TERRASSE DE CE RESTAURANT OU NOUS AVONS DINE ET D'OU IL NOUS EST POSSIBLE D'APERCEVOIR TOUTE LA BAIE.
VOILA 3 SEMAINES QUE NOUS AVONS QUITTE LE PORT DE TOULON ET IL NOUS SEMBLE QUE C'ETAIT HIER.