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La croisière s'amuse - 5

 QUITTANT NOTRE AIMABLE AMI ET SON PARADIS PRIVE, NOUS NOUS DIRIGEONS VERS LES SILHOUETTES DE MATS QUE NOUS AURIONS BIEN AIME VOIR LA NUIT PRECEDENTE. LA DISTANCE EST COURTE MAIS ENCORE FALLAIT IL SAVOIR PAR OU PASSER. SANS ENCOMBRE, NOUS ATTEIGNONS NOTRE BUT ET AVEC BRIO REUSSISSONS UNE ARRIVEE IMPECCABLE, DIGNE DES PLUS GRANDS NAVIGATEURS. IL S'AGIT MAINTENANT DE S'ACTIVER, LE TEMPS PASSE ET NOTRE RETARD DEVIENT CONSIDERABLE. IL FAUT A TOUT PRIX REPARTIR POUR L'ULTIME TRAVERSEE QUI NOUS AMENERA AUX PORTES DE LA TUNISIE.

NOUS PASSONS NOTRE JOURNEE A RANGER, A BRICOLER ET A REFAIRE LES PLEINS D'EAU, DE CARBURANT ET DE PRODUITS FRAIS. ENFIN LE SOIR, SYSTEO EST PRET POUR UN NOUVEL APPAREILLAGE, HEUREUX MAIS FATIGUES NOUS NOUS OCTROYONS UN BON RESTAURANT ET UNE NUIT DE SOMMEIL BIEN MERITEE. LA METEO EST LOIN D'ETRE FAVORABLE MAIS IL SERA TOUJOURS TEMPS D'AVISER A NOTRE REVEIL. EN PLEINE NUIT, NOUS SOMMES TIRES DE NOS REVES PAR UN BRUIT D'ENFER, LES DRISSES(cordages qui permettent de hisser les voiles) COGNENT COMME DES FOLLES LE LONG DU MAT. SYSTEO, BIEN QUE SOLIDEMENT AMARRE, SE BALANCE AU GRE DES RAFALES. LE COUP DE VENT ANNONCE EST BIEN LA. JE GROGNE MAIS QUE FAIRE, SI LA TEMPETE PERSISTE IL SERAIT FOU DE REPARTIR COMME PREVU.

QUATRE JOURS DURANT, LE MAUVAIS TEMPS SEVIT ET NOUS BLOQUE DANS CETTE RAVISSANTE PETITE ILE. D'ORES ET DEJA , JE SAIS QUE JE NE SERAI PAS PRESENTE POUR LA RENTREE SCOLAIRE DE MES ENFANTS, IL ME RESTE CEPENDANT UNE PETITE CHANCE DE POUVOIR RECUPERER A TEMPS L'AVION QUI DOIT ME RAMENER EN FRANCE. IL ME SERA DE TOUTE FACON IMPOSSIBLE DE CONVOYER SYSTEO JUSQU'AU BOUT, NOTRE DESTINATION FINALE EST MONASTIR DANS LE SUD EST DE LA TUNISIE ET C'EST ENCORE BIEN LOIN. LE SECOND JOUR DE CETTE IMMOBILISATION FORCEE, JE TELEPHONE A MES PARENTS POUR LES TENIR AU COURANT DE LA SITUATION MAIS EGALEMENT POUR LES RASSURER SUR MON SORT. ILS N'ONT PAS EU DE NOUVELLES DEPUIS NOTRE ESCALE A CALVI ET DOIVENT SE FAIRE DU SOUCI MEME S'ILS CONNAISSENT PARFAITEMENT LES ALEAS DE LA NAVIGATION PLAISANCIERE. NOS JOURNEES SONT MOROSES, LE CIEL A DECIDE DE NOUS NOYER SOUS UN DELUGE ET FAIRE DU TOURISME PAR CE TEMPS NE NOUS EMBALLENT GUERE. NOUS VIVONS AU RALENTI EN NOUS OCCUPANT DU VOILIER OU IL Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE A FAIRE. LE CAPITAINE ENVISAGE MEME DE LE FAIRE EMBARQUER SUR UN CARGO POUR LE FAIRE TRAVERSER. IL EST CONSCIENT DE MON EMPLOI DU TEMPS ET S'EN VEUT UN PEU DE ME RETENIR LOIN DE MES OBLIGATIONS.

LA METEO A ANNONCE UNE ACCALMIE AUSSI A L'AUBE DU CINQUIEME JOUR NOUS SOMMES FIN PRETS A REPRENDRE LA MER POUR PLUS DE 48 HEURES. DE L'AUTRE COTE, C'EST BIZERTE ET LES COTES AFRICAINES. UNE HOULE EXTREMEMENT FORTE NOUS ACCUEILLE DES NOTRE SORTIE DU PORT. LE VENT A CEPENDANT FAIBLI ET NOUS DEVONS PASSER A TOUT PRIX. LE PREMIER QUART EST EPUISANT, IL FAUT EN PERMANENCE NEGOCIER LES VAGUES QUI ATTAQUENT LA COQUE PAR LE TRAVERS. LE BUT DU JEU EST D'EVITER QU'ELLE NE VIENNENT ECLATER SUR LE PONT INONDANT TOUT. SYSTEO GITE(se couche sur le flanc) FURIEUSEMENT BIEN QUE PEU TOILE. PAR MOMENT, L'ETRAVE SUSPENDUE AUX DESSUS DES FLOTS RETOMBE AVEC FORCE DANS LA PLUME DES CRETES. BRUIT ASSOURDISSANT DANS LA CABINE QUI FAIT CAISSE DE RESONNANCE. IL EST IMPOSSIBLE A CELUI QUI NE BARRE PAS DE PRENDRE DU REPOS D'AUTANT QUE TOUT CE QUI N'A PAS ETE ARRIME CORRECTEMENT AVANT LE DEPART, DANSE UNE GIGUE EFFRENEE. L'EPUISETTE SERAIT A NOUVEAU NECESSAIRE MAIS IL N'Y EN PAS ET NOUS DEVONS FAIRE AVEC LES MOYENS DU BORD. POSITION INCONFORTABLE CERTES MAIS NOUS NE SOMMES PAS EN PERDITION MEME SI LE SOL DE L'HABITACLE COMMENCE A RESSEMBLER A UNE BAIGNOIRE QUI SE REMPLIT PROGRESSIVEMENT. LE BATEAU EST INSUBMERSIBLE ET NOUS NE RISQUONS PAS DE COULER. 2 HEURES DE LUTTE EPROUVANTE AU COURS DESQUELLES JE NE PARVIENS MEME PAS A TENIR UN CAP CORRECT. J'AI REPRIS LA BARRE QUI ETAIT DESTINEE AU CAPITAINE DANS UN PREMIER TEMPS. IL S'EST AVERE QU'IL N'AVAIT JAMAIS EU AUPARAVANT L'OCCASION DE GERER CE STYLE DE MONTAGNES MOUVANTES ET NOUS AVONS PRIS MOULTES DOUCHES AVANT QUE JE NE ME DECIDE A LE RELAYER.

A CE RYTHME LA, CE N'EST PAS 2 JOURS QU'IL VA NOUS FALLOIR MAIS LE DOUBLE PUISQUE LE BATEAU SUIT UNE ROUTE EN ZIGZAG. EXCEDES ET TREMPES, LA MORT DANS L'AME NOUS FAISONS DEMI TOUR ET REPRENONS LE CHEMIN DE LA MARINA DE SAN ANTIOCO. IL FAIT BEAU HEUREUSEMENT CE QUI VA NOUS PERMETTRE DE FAIRE SECHER LES HOUSSES DE COUSSINS QUE JE PASSE PREALABLEMENT A L'EAU DOUCE. PENDANT QUE JE M'ACTIVE SUR LE PONTON, LE CAPITAINE ASSECHE LES FONDS. IL NE NOUS RESTE PLUS QU'A PATIENTER A NOUVEAU MAIS JE PEUX DIRE ADIEU A MON AVION. JE FILE ANNULER MA PLACE DANS UNE CABINE TELEPHONIQUE APRES UNE BONNE DOUCHE, ENFIN QUAND JE DIS BONNE. PAS DE CAPITAINERIE DANS CE PETIT PORT ET DONC PAS DE SANITAIRES POUR LES USAGERS. LES DOUCHES SE PRENNENT A MEME LE PONTON AVEC LE TUYAU D'ARROSAGE DU BORD. LE MATIN TOUT LE MONDE SE FROTTE ENERGIQUEMENT EN COEUR. JE PRECISE QUAND MEME QUE C'EST CHACUN POUR SOI MDR. CE N'EST QUE LE MATIN DU SEPTIEME JOUR QUE NOUS POUVONS REPRENDRE NOTRE ROUTE. LA TRAVERSEE SE PASSE SANS ENCOMBRE ET SANS COUP DE VENT, OH MIRACLE! DES BANCS DE DAUPHINS NOUS ACCOMPAGNENT EN JOUANT AVEC L'ETRAVE, SPECTACLE AMUSANT ET REPOSANT QUI NOUS MET DU BAUME AU COEUR EN NOUS DONNANT L'IMPRESSION DE VIVRE DES MOMENTS PLUS QUE PRIVILEGIES.