NOUS LONGEONS LES COTES DE LA SARDAIGNE, COUCHE PAR DE FORTES RAFALES SYSTEO TIENT BON ET FEND LA LAME COURAGEUSEMENT. LES VENTS SONT CONTRE NOUS, DANS L'OBLIGATION DE TIRER DES BORDS NOUS SOMMES A BOUT DE FORCE EN ATTEIGNANT L'EXTREMITE SUD DE L'ILE.
EN MER DEPUIS PLUS DE 24 HEURES NOUS ASPIRONS A UN REPOS BIEN MERITE, IL EST 2H30 ET CAGLIARI EST ENCORE A DES HEURES DE ROUTE. SUR NOTRE TRIBORD(droite), SE PROFILENT LES ILES DE SAN PIETRO ET SAN ANTIOCO, PEU FACILES D'ACCES CAR ENTOUREES DE BANCS DE SABLE, ELLES POURRAIENT CEPENDANT NOUS OFFRIR UN ASILE CALME POUR LA NUIT. L'EQUIPAGE VOTE AVEC SOULAGEMENT LA RELACHE SUR LA PLUS GRANDE(san antioco) MAIS SI NOUS AVIONS SU CE QUI NOUS ATTENDAIT NOUS AURIONS PEUT ETRE CHOISI DE POURSUIVRE JUSQU'AU PORT DE LA CAPITALE(cagliari).
NOUS ABATTONS(la barre est tirée vers le barreur pour faire pivoter le bateau vers la droite ce qui nous place en situation de vent par le travers, position plus souple pour systéo et pour nous) ET POINTONS VERS LES MINCES LANGUES DE TERRE QUI EMERGENT A PLUSIEURS MILES ECLAIREES PAR LA LUNE. SEULS LES ECLATS DE LEURS PHARES NOUS GUIDENT, NOUS SOMMES ENCORE TROP LOIN POUR APERCEVOIR LES BALISES DE CHENAL.
LES 2 HEURES SUIVANTES, NOUS LES PASSONS LES YEUX RIVES SUR LE SONDEUR ET SUR LA SURFACE DE L'EAU. INUTILE DE SE PLANTER SUR UN HAUT FOND DANS LA BAIE, PEU OU PAS DE MAREE EN MEDITERRANEE ET NOUS DEVRIONS AVOIR RECOURS AUX SAUVETEURS. AUCUN MARIN N'AIME FAIRE APPEL A CETTE ASSISTANCE POURTANT SI PRECIEUSE. IL NOUS EST ENFIN POSSIBLE D'ATTEINDRE LES BOUEES ANNONCANT L'ENTREE DE CE MINCE ESPACE DEGAGE QUI NOUS PERMET DE NAVIGUER EN TOUTE SECURITE(le chenal d'accès au port).
LE PLUS AMUSANT, C'EST QU' A PARTIR DE CET INSTANT ALORS QUE NOUS DEVRIONS ETRE A L'ABRI DE TOUT DANGER, LES EVENEMENTS S'ENCHAINENT EN CORSANT SINGULIEREMENT NOTRE ARRIVEE. EN ME REMEMORANT CE QUI VA SUIVRE, JE RIS SEULE DEVANTMON ECRAN.
LONGEANT LA COTE DE SAN ANTIOCO AU PLUS PRES POUR RESTER RELATIVEMENT A L'ABRI DU VENT FURIEUX QUI CONTINUE DE MUGIR, NOUS APPROCHONS DOUCEMENT DE L'ENTREE DE L'AVANT PORT PROTEGEE PAR UNE JETEE. CONSTRUCTION MASSIVE, ELLE EST SIGNALEE PAR UN PHARE LONGUE PORTEE ET POURTANT NOUS AVONS BIEN FAILLI LA PERCUTER.
LE CAPITAINE ANEANTI DE FATIGUE BARRE AVEC L'ESPRIT AILLEURS ET JE NE COMPRENDS PAS POURQUOI IL NE CHANGE PAS DE CAP. LA CATASTROPHE EST IMMINENTE ET JE SUIS DANS L'OBLIGATION DE LE BOUSCULER POUR FAIRE VIRER LE BATEAU A QUELQUES METRES SEULEMENT DU MOLE. INTERDIT, IL ME REGARDE SANS BIEN COMPRENDRE CET ASSAUT INTEMPESTIF. JE LUI MONTRE L'IMPRESSIONNANTE SILHOUETTE QUI DEFILE MAINTENANT SUR NOTRE TRIBORD(toujours la droite). CROYEZ MOI OU NON, IL NE L'AVAIT PAS VU.
A CET INSTANT, JE M'INQUIETE UN PEU POUR L'ACCOSTAGE AU PONTON QUI DEMANDE TOUJOURS PRECISION ET IDEES CLAIRES. CA RISQUE D'ETRE MOUVEMENTE ET JE SUIS LOIN DE LA VERITE. LA SUITE DES EVENEMENTS ME DONNE RAISON.
NOUS NE TROUVONS PAS L'ENTREE DE LA MARINA DONT LES FEUX SONT PERDUS PARMI LES ENSEIGNES ET NEONS DE LA VILLE, NE CONNAISSANT PAS DU TOUT LE COIN NOUS VOILA COMPLETEMENT PERDUS. IL FAIT SOMBRE DONC IMPOSSIBLE DE DISTINGUER LES MATS DES VOILIERS QUI AURAIENT PU NOUS GUIDER.
LE PORT DE COMMERCE QUE NOUS APERCEVONS PLUS LOIN N'EST GUERE RECOMMANDE POUR UNE UNITE AUSSI PETITE QUE SYSTEO. IL NE NOUS RESTE PLUS QU'A NOUS INSTALLER SUR UN MOUILLAGE FORAIN. PLUSIEURS BOUEES SONT DISPONIBLES, NOUS AVONS LE CHOIX. MUNIE DE LA GAFFE, SOLIDEMENT CAMPEE A L'AVANT JE SUIS PRETE A SAISIR L'ANNEAU. UNE EMBARDEE DE SYSTEO ET LA MANOEUVRE ECHOUE, IL NE RESTE PLUS QU'A RECOMMENCER(cela arrive encore assez souvent). MALHEUREUSEMENT, MONSIEUR JOHNSON(le moteur) EN A DECIDE TOUT AUTREMENT ET APRES 3 HOQUETS IL SE TAIT. JE NE PEUX PAS M'EMPECHER DE RIRE. UNE PRISE DE MOUILLAGE AU MOTEUR PAR SALE TEMPS N'EST PAS UNE PARTIE DE PLAISIR MAIS A LA VOILE CELA DEVIENT UN MINI CAUCHEMAR. NOUS TENTONS CEPENDANT LE COUP A PLUSIEURS REPRISES MAIS AVEC NOTRE FATIGUE NOUS ENCHAINONS LES ECHECS. OU EST LA SOLUTION?
DEVANT NOS YEUX LA SOLUTION, MEME SI UN PEU PERILLEUSE MAIS AU POINT OU NOUS EN SOMMES, NOUS TENTONS LE TOUT POUR LE TOUT.
DANS UN COIN RECULE, QUELQUES PONTONS OU SONT AMARRES DES BATEAUX DE TOUTES TAILLES. CONCERTATION DE QUELQUES MINUTES POUR METTRE LA MANOEUVRE AU POINT, CA NE VAS ETRE FACILE MAIS CE N'EST PAS INFAISABLE, IL FAUT SIMPLEMENT EVITER LA CASSE. JE GRIMPE SUR LE BALCON AVANT TOUJOURS MUNIE DE LA GAFFE ET JE ME PREPARE A M'ENVOLER VERS LE QUAI AU MOMENT OU SYSTEO SERA ENGAGE ENTRE DEUX AUTRES VOILIERS. LE CAPITAINE A POUR MISSION DE LE PRESENTER CORRECTEMENT ET D'AFFALER LA GRAND VOILE AUSSI VITE QUE POSSIBLE POUR CASSER LA VITESSE. L'AUSSIERE EST A POSTE FIXEE A UN TAQUET. SEULE LA RAPIDITE D'EXECUTION NOUS EVITERA DES DEGATS.
JE SAUTE DANS LE VIDE EN ME PROPULSANT UN MAXIMUM VERS L'AVANT TOUT EN ME RETOURNANT POUR FAIRE FACE A L'ETRAVE QUI ARRIVE(un peu vite à mon gout mais bon). L'ATTERISSAGE UN PEU RUDE EST CEPENDANT REUSSI ET JE M'ARC-BOUTE POUR FREINER LA MASSE QUI RISQUE DE GRIMPER SUR LES PLANCHES OU JE ME TROUVE. SIMULTANEMENT, A L'ARRIERE LE CAPITAINE A PASSE UN BOUT AUTOUR DU BALCON DE LA GROSSE VEDETTE VOISINE EN LE REDUISANT AUTANT QUE POSSIBLE.FINALEMENT IMMOBILISE SYSTEO SE BALANCE DOUCEMENT TANDIS QUE NOUS TERMINONS DE L'AMARRER.
SOULAGES, NOUS NOUS APPRETONS A MANGER UN MORCEAU AVANT DE DORMIR(il est 5 heures) QUAND BRUSQUEMENT ARRIVE UN HOMME GESTICULANT ET VOCIFERANT. C'EST LE CAPITAINE DE CETTE PETITE MARINA PRIVEE ET NOUS NE SOMMES PAS AU BOUT DE NOS PEINES.
MUETS DEVANT L'ATTAQUE EN REGLE DE CE DIABLE D'HOMME SEMBLANT SORTIR DE NULLE PART, NOUS LE LAISSONS VITUPERER PENDANT UN BON MOMENT AVANT DE REPRENDRE NOS ESPRITS. JE PARLE ITALIEN ET DANS CE FLUX DE PAROLES FURIBONDES JE PARVIENS A COMPRENDRE QU'IL A EU LA PEUR DE SA VIE EN CONTEMPLANT NOTRE ARRIVEE KAMIKAZE. CE PAUVRE SARDE A LA RESPONSABILITE DE TOUS LES BATEAUX QUI NOUS ENTOURENT ET A CRAINT DE NOUS VOIR EN EPERONNER UN OU DEUX AU PASSAGE.
REMISE DE MA SURPRISE, JE TENTE ET LA JE DIS BIEN, JE TENTE DE LUI EXPLIQUER NOTRE PROBLEME. CELA S'AVERE IMPOSSIBLE, JE NE PARVIENS PAS A PLACER LE MOINDRE PETIT MOT. SOUS L'OEIL GOGUENARD DE MON CAPITAINE QUI TROUVE LA SITUATION SUCCULENTE, JE SENS MONTER L'AGACEMENT ACCOMPAGNE D'UNE FOLLE ENVIE DE CALMER L'ENERGUMENE QUI ME FAIT FACE EN LUI FAISANT OPERER UN PLONGEON DANS LES EAUX SOMBRES DU PORT. J'OPTE CEPENDANT POUR UNE AUTRE METHODE ET ME METS A CRIER PLUS FORT QUE LUI, CE QUI A POUR EFFET DE LUI CLOUER LE BEC. IL ETAIT TEMPS!!!!!!
AUSSI CALMEMENT QU'IL M'EST POSSIBLE DE LE FAIRE A CET INSTANT, JE LUI EXPLIQUE NOTRE ERRANCE DANS L'AVANT PORT A LA RECHERCHE DE LA MARINA PUBLIQUE ET LA PANNE DE MOTEUR ENCORE INEXPLIQUEE. DANS UN PREMIER TEMPS, IL NE VEUT RIEN ENTENDRE ET EXIGE QUE NOUS REPARTIONS SUR LE CHAMP, CETTE MARINA ETANT PRIVEE ELLE NE RECOIT AUCUN HOTE DE PASSAGE. C'EST BIEN NOTRE VEINE! IL NOUS EST IMPOSSIBLE DE NOUS DEHALER SANS LE SECOURS DE MONSIEUR JOHNSON, UN BATEAU A VOILES N'A QUE POUR SEULLE MARCHE ARRIERE CELLE DE SON MOULIN(moteur).
LA TENSION DES PREMIERES MINUTES EST CEPENDANT TOMBEE ET IL EST TEMPS DE FAIRE DU CHARME POUR OBTENIR L'ASILE(pas politique) AU MOINS QUELQUES HEURES. JE FINIS PAR LE FAIRE CEDER NON SANS MAL. IL NOUS AUTORISE A DEMEURER A QUAI JUSQU'A MIDI. CELA NOUS LAISSE JUSTE LE TEMPS DE DORMIR UN PEU AVANT DE NOUS CONCENTRER SUR CE QUI A BIEN PU ARRIVER AU MOTEUR. APRES MOULTES REMERCIEMENTS(hypocrites ou pas...), NOUS PLONGEONS DANS NOS DUVETS SANS DEMANDER NOTRE RESTE, L'ESTOMAC VIDE CERTES MAIS SANS PENSER A NOUS PLAINDRE. LE SOMMEIL EST DEVENU PRIMORDIAL. 3 PETITES HEURES DE REPOS ET IL FAUT PENSER AUX CHOSES SERIEUSES.
IL EST 9 HEURES ET NOUS AVONS PEU DE TEMPS SI NOUS VOULONS TENIR NOS ENGAGEMENTS. APRES UN PETIT DEJEUNER RAPIDE, NOUS ATTAQUONS LA BRICOLE. EN FAIT, RIEN DE BIEN MECHANT SI CE N'EST L'HELICE UN TANT SOIT PEU FAUSSEE PAR LA RENCONTRE AVEC UN CORDAGE QUI EST VENU S'ENROULER AUTOUR DE L'ARBRE DURANT NOTRE PREMIER ESSAI DE PRISE DE MOUILLAGE LA VEILLE. RASSURES, NOUS ENTREPRENONS LE DEMELAGE AFIN DE POUVOIR REJOINDRE TRANQUILLEMENT CETTE FOIS LA MARINA PUBLIQUE OU NOUS POURRONS FINIR LA REPARATION.