Voici le dernier article qui a joué à cache cache et avec mes nerfs
La Révolution a naturellement marqué un grand bouleversement dans l'histoire des châteaux bretons. Les grandes forteresses deviennent des cantonnements pour les troupes ou bien des prisons comme à Fougères, qui bien qu'étant la plus grande enceinte d'Europe, va se révéler insuffisante en 1794 pour recevoir tous les suspects arrêtés.
Château de la Rouërie-Saint Ouen de la Rouërie(ille et vilaine)
Bien qu'enclavée dans les terres de Fougères, cette paroisse dépend, dès le XIe siècle, de la baronnie de Combourg. Son histoire est étroitement liée à celle de la famille Tuffin de La Rouërie dont le dernier membre, le colonel Armand, est célèbre pour ses aventures de toutes sortes, tant à la cour du roi que pendant la guerre d'Indépendance américaine. C'est dans sa propriété de Saint-Ouen qu'il organise le 27 mai 1792 la première réunion de la conjuration bretonne.
Durant cette période trouble, maints châteaux ont été pillés voir même brûlés, d'autres sont devenus des centres de résistance contre révolutionnaires, tel "La Rouërie"(demeure d'un célèbre chef chouan). Beaucoup dont les propriétaires ont émigré vont être confisqués et vendus au titre des biens nationaux. Durant ces années dramatiques, l'activité architecturale fut complètement anéantie et il faudra attendre les premières années du XIXème pour que la "Vie de Château" reprenne de plus belle.
Château de la Motte Beaumanoir-Pleugueneuc (Ille et vilaine)
En 1776, le manoir est acquis par Jean Thomas de Lorgeril, capitaine de vaisseau du roi, grâce à la récompense qui lui est octroyée pour avoir ramené d'Amérique un bateau chargé d'or pris en course aux Anglais. L'homme fait agrandir le château en lui ajoutant des ailes supplémentaires à l'est comme à l'ouest. Son descendant, Louis de Lorgeril, fervent partisan de l'amendement des terres et maire de Plesder, achève, au XIXe siècle, de remanier le bâtiment.
La Révolution ayant eu pour effet de dépeupler les villes en redynamisant les campagnes, les nouveaux propriétaires fonciers considèrent la terre comme la seule source réelle de richesse, adhérant ainsi aux idées des économistes du siècle précédent. Une réorganisation méthodique et rationnelle du domaine agricole autour des châteaux va alors apparaître. Proches de la "maison de maître" sont construits de superbes bâtiments d'exploitation où l'effet architectural se conjugue avec un puissant souci d'efficacité.
Château de Landall-Broualan(ille et vilaine)
Vendu en 1799 comme bien national, le château est racheté en 1803 par Louis de Breil qui fait reconstruire le logis en 1850. Bien que d'aspect médiéval, le donjon est élevé au XIXe siècle.
En 183O, l'abdication de Charles X crée un traumatisme dans la noblesse traditionnellement légitimiste. Refusant de cautionner la monarchie orléaniste(Louis Philippe), elle se replie sur une vie provinciale marquée par un fort esprit de caste et construit ou aménage des demeures équipées pour la résidence permanente. Ce grand mouvement ne s'arrêtera qu'au moment de la guerre 1914-1918 qui décimera les vieilles familles et provoquera uen redistribution complète des fortunes.
Château de la Ballue-Bazouges La Pérouse(ille et vilaine)
Près du Mont Saint-Michel, se cache un jardin enchanté. "Les treize chambres de verdure du jardin maniériste se succèdent dans un dédale à travers des scènes variées et surprenantes.
Cette aristocratie revenue à la terre va prendre exemple sur la "Gentry" anglaise. Les références aux habitudes d'outre manche sont nombreuses, ainsi le style Tudor est il souvent utilisé tandis que les abords des bâtiments sont paysagés à l'anglaise. On passe en effet sans transition de la cour à la prairie ou aux espaces forestiers. Les allées aux courbes crapricieuses épousent les vallonnements du terrain, animé de place en place par des bosquets aux essences savamment mélangées(plantes exotiques-arbres géants...)
Château de Keriolet-Concarneau(finistère)
Veuve du prince Boris Youssoupoff, Zénaïde Ivanovna Narychkine épouse à Saint-Pétersbourg le secrétaire du grand chambellan des Tuileries, Charles de Chauveau. Ayant entendu parler de Concarneau par la princesse Mathilde, fille de Jérôme Bonaparte, le couple achète la propriété de Keriolet et demande à l'architecte Joseph Bigot de rhabiller le bâtiment à la manière d'un château breton de la Renaissance. À partir de 1880 sont construites une monumentale salle des gardes, surmontée par les chambres des invités, puis une seconde tour d'escalier et une chapelle. Ce bâtiment est l'une des oeuvres majeures de l'architecte, qui a pris pour modèle les châteaux de Josselin (Morbihan) et de Rustéphan, à Nizon.
Dans l'architecture de ces nouvelles constructions, on peut lire un souci constant d'affirmer la légitimité historique de l'appartenance nobiliaire des propriétaires. Lors de la réédification de ces demeures seront conservées des parties anciennes, symboles des origines du fief. Autour de ce noyau primitif vont se développer des structures extravagantes fort souvent construites dans le style gothique fantaisiste qu'on a appelé parfois le gothique troubadour. Le Moyen Age est ressenti à cette époque comme le "Bon Vieux Temps" par cette société resserrée autour de ses hautes origines. Cependant si le syle gothique apparaît comme tout spécialement apprécié, le style Louis XII et la Renaissance servent également de sources d'inspiration même si plus rarement.
Château de Kéruzoret-Pouvorn(finistère)
Bel exemple de style LouisXII, matiné renaissance
Château de Trévarez-Saint Goazec(finistère)
L'histoire du domaine de Trévarez est marquée par l'empreinte d'un homme : James de Kerjégu. C'est ce riche politicien qui décide il y a un siècle d'édifier le fameux château rose, au flanc des Montagnes noires, en centre-Finistère. Il fait ainsi basculer le vieux domaine de Trévarez constitué dès le Moyen-Age dans la modernité trépidante de la Belle Époque. L'imposante bâtisse est dotée des équipements les plus novateurs (charpente métallique, ascenseurs, électricité, chauffage, décorations Art nouveau…), les écuries sont à la mesure architecturale du château, le parc est un condensé des tendances paysagères du moment. Un luxe qui ne durera qu'un temps
Pour en terminer avec l'architecture bretonne du XIXème, il est intéressant de mentionner les gigantesques villas édifiées sur le front de mer à partir du second empire. Elles offent, elles aussi, tout le vocabulaire de formes héritées du passé imaginaire qui donne aux châteaux de cette période un caractère étrange et fascinant. Dinard s'ennorgueillit de ces belles demeures dignes d'ailleurs de justifier de longues visites. Ces hautaines silhouettes, auxquelles la patine du temps donne un charme étrange et mystérieux, témoignent d'un sens aigu du rêve.
Villa Rochebrune-Dinard(ille et vilaine)
La villa Rochebrune, villa emblématique de la station, qui figure sur nombre d'affiches et de cartes postales, est située dans le quartier de La Malouine, qui fait face à la cité corsaire.