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Titre du blog : Mes passions
Auteur : kryspassions
Date de création : 18-12-2013
 
posté le 03-04-2014 à 09:48:47

Les châteaux du Moyen âge - 2

Désolée de reposter cet article et les deux suivant mais ils disparaissent comme par miracle dans les heures qui suivent leur envoi

 

 

 

Le temps du canon

 

Peu après le milieu du XVème va se dessiner un tournant dans l'architecture bretonne. La raison en est le progrès de l'artillerie. Bien sûr le canon est connu depuis bien longtemps dans le Duché mais les énormes bombardes de 15 tonnes qui peuvent lancer des boulets de 45O kgs sont alors fort coûteuses et très peu maniables. Les architectes de Jean IV n'en font ils donc que peu de cas. Même si la Tour Solidor possède des couleuvrières(aménagée en 1380), le Donjon de Dinan, oeuvre maitresse du duc, lui en est complètement dépourvu.

La silhouette des tours et des fortifications élevées par la noblesse va conserver jusqu'au milieu du XVème les formes traditionnelles du siècle précédent. En fait, l'augmentation progressive des murailles semble être l'élément clé pour faire face aux dangers des nouvelles armes.

 

L'atmosphère de paix et de neutralité géopolitique qui régnait sur le Duché va pourtant graduellement  se corrompre à partir de 144O. En 1449, lors des derniers soubresauts de la Guerre de Cent ans, les Anglais vont s'emparer de Fougères. Quelques années plus tard, Louis XI monte sur le trône et poursuivant la politique de ses prédécesseurs, vise à établir un fort centralisme dans son royaume. Les Duchés de Bourgogne et de Bretagne semblent mettre en péril la solidité de son pouvoir, aussi envoie t'il ses troupes en Armorique dès 1468. François II, le Duc de Bretagne de l'époque conclut une triple alliance avec le Duc de Bourgogne, Charles Le Téméraire et Edouard IV(roi d'Angleterre). Face à la menace française, les ingénieurs bretons vont modifier la défense du Duché. Apparaissent alors les tours d'artillerie.

 

Tour d'artillerie-Fougères-Ille et vilaine

 

 

Leur silhouette montre avec évidence la nouveauté de la conception. Contrairement aux donjons, leur hauteur et leur largeur sont égales. Dotées de murs extrêmement épais, ces tours sont aveugles frontalement, ce qui les rend invulnérables. Dans le contexte tendu de l'époque, plusieurs seigneurs importants travaillent aussi à renouveler la défense de leurs forteresses. Jean II de Rohan va, avec l'accord ducal, protéger son château de Pontivy avec 4 énormes tours d'artillerie tout comme le sont les forteresses de Jean IV. Ce renforcement des fortifications bretonnes va se révéler inutiles. En 1487, l'armée française pénètre en Bretagne. En 1488, six mille bretons périsssent à St Aubin du Cormier.. Ecrasées par les Français, les armées ducales déposent peu à peu les armes offrant les forteresses sans combat. Rapidement, les vainqueurs verrouillent leur dispositif d'occupation en investissant le quadrilatère - St Malo, Dol, Dinan, Fougères- clé du Duché Breton.

 

Une page d'histoire vient de se tourner. Entre 1491 et 1532, années durant lesquelles de nombreux actes seront signés, la Bretagne rejoint officiellement la France.

 

 

Les derniers feux du Moyen Age

 

L'ère des grandes forteresses privées est désormais close. Les fortifications ne seront plus que le fait du pouvoir central. Ainsi la Duchesse Anne de Bretagne fera t'elle batir la tour Qui-En-Groigne à St Malo(1498) afin de dominer la cité indocile.

 

 

 

Qui en groigne-St Malo

 

 

Pendant quelques décennies les seigneurs bretons vont continuer à élever de grosses tours circulaires monumentales et massives mais à l'intérieur ces édifices ne renferment en fait que des pièces d'habitation et n'ont plus aucune vocation militaire.

 

 

 

Château ducal de Nantes

 

 

A l'opposé de cette volonté de rester fidèle à des formes traditionnelles, l'éclosion, autour de 15OO de châteaux à l'architecture toujours marquée par l'influence française, va marquer un nouveau tournant dans les constructions de l'ancien Duché(Josselin(morbihan)-Château de Nantes). Le trait le plus frappant de ces nouvelles tendances est le développemement d'un décor mural fastueux(style Louis XII).

 

 

 

Loggias du château ducal

 

 

De luxuriantes et hautes toitures agrémentées de lucarnes élancées et richement ornées rappellent les châteaux royaux(Amboise, Blois). Cette ornementation va se retrouver également dans la riche sculpture des ouvertures.

Bientôt des constructions de moindre importance vont emprunter ce nouveau style.

 

 

 

Manoir de Lanrigan-Combourg

 

 

A Lanrigan,  joli manoir près de Combourg, la tour d'escalier possède une ravissante loggia au dessus de la porte d'entrée qui rappelle celles du château de Nantes.

 Si les innovations s'imposent rapidement à l'extérieur, il n'en est pas de même pour l'organisation interne des logis qui reste obstinément attachée à la primauté de la salle et de la grande chambre, Les éléments de base étant distribués par la tour d'escalier à vis articulant chaque étage.

 

 

 

Château de Goulaine-Loire Atlantiqsue

Deux grandes demeures vont rompre avec les vieilles habitudes dans les années 15OO(La Motte Glain et La Goulaine). Elles seront copiés mais partiellement, indication du refus ou de l'incompréhention des innovations. En fait, les contradictions rencontrées dans bon nombre de constructions peuvent se comprendre aisément. Si la grande noblesse bretonne est absorbée dans le milieu de la haute aristocratie française, il n'en va pas de même pour la petite noblesse rurale confrontée à une véritable crise d'identité. Cette dernière, déterminée à maintenir des formes ancrées dans une tradition régionale archaïque, a ainsi pu s'inventer un âge d'or sur le souvenir des grandes réalisations de la Bretagne Ducale.

 

 

Château de la Motte Glain-Loire Atlantique

 

 

Ce phénomène d'illogisme architectural se décéle également dans les petits manoirs du début du XVIème. Des projets fort ambitieux vont être dessinés mais ne verront jamais le jour. Ces abandons de construction symbolisent probablement le découragement ressenti par une société meurtrie