Nous sommes en 142O, la Bretagne vit son âge d'or. Les ducs de Rohan tiennent leur rang et lancent la construction de ce qui deviendra un chef d'oeuvre de l'art gothique flamboyant breton : Notre Dame de Kernascléden.
Petite commune renommée du fait de cet admirable monument, Kernascléden voisine de la romantique forêt de Pontcallec(célèbre repaire des chouans) se trouve dans le canton de Guéméné-sur-Scorff à mi chemin entre Lorient et Pontivy.
Très caractéristique du gothique flamboyant avec le clocher du pignon, le développement de la façade sud avec sa vaste rose, ses deux porches(le porche des hommes et le porche des dames) et son grand chevet plat percé d'une maitresse vitre, l'édifice possède une architecture exceptionnelle.
Partout, la pierre est dentelée et festonnée. On retrouve la même finesse dans les porches dont l'un abrite les statues des apôtres ou dans les balustrades et contreforts ornés de niches, de pinacles et de gargouilles.
A l'intérieur, les arcs soutiennent une des rares voûtes de Bretagne mais ce qui est peut être le plus beau à voir en cet endroit, ce sont les peintures qui couvrent les voûtes du croisillon nord(anges, musiciens et ascension) et, surtout , du choeur(scènes de la vie de Marie et de Jésus). Ces splendeurs que l'on regrette bien sur de ne pouvoir approcher de plus près constituent un fort bel exemple de l'art français du XVème.
Celles du croisillon nord sont moins belles mais beaucoup plus surprenantes voire dérangeantes. Il s'agit de saisissants fragments de fresques recouverts de peinture par les pretres à une époque et mis à jour aux environs de 1912.
Frapper les esprits et assurer leur prestige
Tel était le but des nobles mécènes... Mission accomplie avec "L'Enfer" une peinture murale à la fois inquiétante et drole qui éclaire le bras sud du transept. Les damnés mijotent dans des marmites ventrues touillées par des démons hilares.
Seigneur ou laboureur, chacun se présente sur un pied d'égalité devant la mort.
Tel est le message de la "Danse Macabre", fresque voisine de "L'Enfer". Tout le monde passe de l'autre coté du miroir : du pape au roi jusqu'au pauvre gueux.