Le "Gothique" apparait dès la fin du XIIème siècle venant de la Loire mais surtout de la Normandie et de l'Angleterre. Cathédrales, Abbayes et Chapelles plus modestes se dressent un peu partout avec des caractères dont certains vont marquer longtemps l'architecture bretonne.
Aux XVème et XVIème siècles, le gothique flamboyant s'épanouit largement dans l'art des chapelles, disséminées par centaines dans les campagnes, qui assurent la permanence du caractère sacré ancré dans certains lieux(fontaines, sommets de colline...), objets de la piété populaire. Elles ne sont pourtant pas l'oeuvre des paysans mais des ducs, des grandes familles et des riches commerçants dont on aperçoit d'ailleurs les armoiries sculptées sur les façades. Réalisées par quelques ateliers spécialisés qui se déplaçaient dans la région, elles possèdent des éléments communs caractérisant cette art mais aussi sa grande variété.
Parfois jumelée à une chapelle plus petite, l'église gothique est en général accompagnée d'un ossuaire, d'un calvaire et meme parfois d'une fontaine qui composent l'enclos paroissial.
Afin d'obtenir une sculpture tant compliquée qu'élégante, les artisans utilisaient le "Kersanton"(roche balsamique au grain très fin).
Totalement intégrée à la Bretagne et réinterprété par la tradition locale, l'art gothique flamboyant resta longtemps le moyen d'expression de la création architecturale. Sans doute, répondait il aux aspirations religieuses mais également à un ensemble de structures sociales, économiques, mentales et culturelles. Les formules mises en place au XVème siècle furent reproduites jusqu'au XVIIIème dans les campagnes. Captées par des couches de plus en plus profondes de la population, elles deviennent véritablement un art populaire.
La Renaissance apparait dès le début du XVIème en pleine activité du gothique flamboyant, c'est l'époque où la Bretagne s'ouvre à la France. Les édifices s'agrémentent alors du décors des pilastres et candélabres des chateaux de la Loire. Des retables, statues et vitraux sont importés d'Allemagne et d'Italie. C'est au XVIIème que va se développer une prodigieuse adaptation de la Renaissance classique et qu'apparaitront les enclos paroissiaux.
La structure architecturale va demeurer celle des siècles passés mais se pare d' un nouveau décor parisien. Porches, ossuaires, grands calvaires et portes triomphales vont etre décorés avec splendeur, les artisans s'inspirant de l'oeuvre de Philippe Delorme(batisseur des tuileries).
L'intérieur des édifices va se voir doter d'un mobilier exceptionnel(XVIIème et XVIIIème). Un grand décor baroque plantureux et coloré monte à l'assaut du choeur et des chapelles latérales.
J'ai l'intention de vous faire découvrir quelques merveilles de cette époque et pour commencer je vous emmène à Pont Croix(à 4 kms de l'océan sur la route de la pointe du raz) dans le Finistère.
La collégiale de Pont Croix, dédiée à Notre Dame de Roscudon fut édifiée vers 12OO dans un style roman tardif. Son intérieur est marqué par des chapiteaux sobres et des arcades en plein cintre. L'église actuelle se compose d'une nef de six travées, d'un transept peu saillant et d'un choeur à quatre travées.
Vers 1299, le Seigneur Sinquin de Pont Croix fait agrandir le choeur initial et batir la chapelle du Rosaire. Plus tard, c'est sans doute en prévision de son mariage avec Alix de Tyvarlen(héritière des seigneurs de Pont Croix) que Jean Ier de Rosmadec fait construire le porche méridional.
L'arc surbaissé soutient un tympan ajouré surmonté d'un gable scuplté de rosaces. Deux contreforts dans le meme style sont surmontés chacun d'un ange. A l'intérieur de ce porche, six niches latérales accueillaient à l'origine les douze apotres.
De 1260 à nos jours, cette église s'est enrichie de travées, porches, sculptures, vitraux... Agrandie de deux travées en 192O, elle renferme également un retable, une chaise à precher du XVIIème, une sculpture en bois en haut relief de la Cène, une piéta ainsi que de nombreuses statues anciennes et débris de vitraux du XVIème siècle.