Le renard dans le bassin VauBan
Lorsque je vous ai parlé de Surcouf, je vous ai précisé que je reviendrai sur le dernier navire qu'il a armé pour la course, ce n'est pas un hasard, vous allez comprendre pourquoi.
La course en Manche n'est plus ce qu'elle était, Surcouf a décroché des lointaines batailles en 1808 pour devenir un armateur et un bon père de famille, cependant les Anglais restent "l'Ennemi", ils sont devenus plus vigilants mais continuent à pilonner les côtes bretonnes.
En 1812, Surcouf arme le " Renard ", un cotre de 20 mètres rapide et manoeuvrant, portant 10 caronades et quatre canons. Il en confie le commandement à Emmanuel-Yves Leroux-Desrochettes. A son bord, 61 hommes. Le 8 septembre 1813, le "Renard" rencontre près des côtes anglaises la goélette de guerre "Alphéa", forte de 16 canons et autant de pierriers, et armée par 80 hommes d'élite. Le combat s'engage dans la nuit, meurtrier. Il demeure incertain, durant plusieurs heures, jusqu'au moment où une salve tirée par le cotre malouin atteint la réserve de poudre de la goélette qui explose et disparaît corps et biens. Le " Renard ", durement éprouvé et mené par les 13 hommes demeurant valides, rallie Diélette puis Saint-Malo. Il avait livré le dernier combat corsaire : quatre mois plus tard, la France abolissait la course. L'année suivante, Waterloo sonnait le glas de l'Empire.
Renaissance du Renard :
Une association de la ville de St Malo, qui cherchait à faire revivre un « gréement traditionnel », comme la bisquine réalisée à Cancale en 1987, va choisir ce navire corsaire.
La cancalaise
Il aurait dû rester dans l'histoire comme le cotre corsaire malouin qui a participé au dernier combat naval le long des côtes françaises. Mais 1 200 passionnés en ont décidé autrement.En 1989, la quille est posée.
En mai 1991, l'association Cotre corsaire de Saint-Malo, a lancé à l'eau la réplique exacte du Renard. Trente mètres de long pour 464 m² de voiles maximum au portant, avec trinquette et grand voile, rien n'a été omis ! « Il a été construit à l'identique sur des plans d'origine », rappelle François Viguié, responsable de la communication de l'association. Un an après, il accueillait ses premiers touristes à bord. Vingt deux ans plus tard, la tradition perdure, d'avril à octobre, avec des sorties en mer pour les touristes, en juillet et en août. La coque a nécessité 90 mètres-cubes de chêne. Les espars sont en pin massif. En revanche, la mâture et la voilure sont quelque peu réduites par rapport aux surfaces extrêmes portées par les cotres corsaires, contrebandiers ou douaniers de l'époque. Il possède 2 jeux de voiles, l'un en synthétique, l'autre en lin.
Le cotre est lancé le 18 mai 1991. Il participe à Brest 92 et à diverses fêtes marines, dont le centenaire vieux trois mâts,de la Duchesse Anne;célébré à Dunkerque en 2001.
Le port d'attache du bateau est Saint-Malo.
Rien n'est plus beau à mes yeux que les régates que s'imposent régulièrement la Cancalaise(bisquine) et le Renard(cotre). Flanc à flanc, ils fendent la lame fièrement comme du temps de leur splendeur. C'est un spectacle magnifique mais également émouvant qui nous ramène à il y a bien longtemps. Si vous passez dans le coin, je vous souhaite de tout coeur de pouvoir les admirer se pourchassant amicalement dans la baie.
Le renard