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Titre du blog : Mes passions
Auteur : kryspassions
Date de création : 18-12-2013
 
posté le 05-01-2014 à 09:24:30

Il était une fois "Le Buron"-4

 

Ile de Cézembre àl'arrière plan

 

 

Phare du grand jardin à la pointe de l'ïle

 

Postée à l'avant avec mes yeux de 10 ans je "joue" à la vigie. Nous entendons à babord(gauche) la cloche de la bouée signalant les roches derrière l'ile de Cézembre, puis subitement sortie de nulle part je distingue la haute silhouette massive du "Grand Jardin"(phare longue portée). Ma mère est venue me rejoindre peut être pour que je ne tombe pas à l'eau ou peut être tout simplement parce qu'elle se dit que deux paires d'yeux valent mieux qu'une.

Seul dernier bastion avant l'eau libre de la baie, le "Buron" reste encore invisible mais comme il se trouve assez éloigné du phare ill va falloir patienter un peu avant d'essayer de le trouver.

 

Depuis un moment nous entendons la puissante corne de brume d'un bâtiment apparemment important. Les voiles affalées nous avançons prudemmment au moteur dans le couloir descendant du goulet donnant accès à l'entrée du port tout en faisant fonctionner à intervalles réguliers notre petite sirène manuelle. Le bruit des machines du cargot que nous percevons maintenant distinctement s'amplifie rapidement. Pour notre plus grand malheur le monstre qui remonte vers le large paraît être au centre de la passe probablement pour ne pas frôler de trop près les écueils de bordure de Cézembre. Pourtant équipé d'un radar, il devient de plus en plus évident qu'il ne nous a pas repérés sur son écran ou qu'il ne souhaite tout simplement pas se dérouter pour ne pas trop se rapprocher des dangers fort proches. Malgrè le malaise qui s'insinue en moi je continue à scruter inlassablement l'opacité nous entourant pour parvenir à trouver celui qui annonce l'au libre et qui va nous permettre d'abattre nous évitant ainsi une collision qui parait inéluctable. J'entrevois soudain une masse sombre sur notre tribord(droite) ce que j'annonce immédiatement au barreur qui demande une confirmation à ma mère. Celle-ci un peu moins sûre que moi prends un temps de réflexion avant de répondre qu'effectivement on voit "quelque chose". Le cargot est maintenant tout proche et si nous ne le voyons pas encore, nous "sentons" sa coque imposante. Se fiant à mon acuité visuelle , mon père décide de modifier la route de Tiki ce qui de toute façon nous évitera de nous faire harponner. Il était temps, à environ 2O métres  déchirant le voile de brume glisse sous nos yeux un mastodonte qu'il n'aurait pas fait bon embrasser. La tension à bord comme par enchantement descend de plusieurs degrès.

 

Le fameux Buron avec le fort Harbourg à l'arrière plan

 

Toujours plantée à la proue je fixe maintenant la surface lisse de l'eau, surprise par ce que je viens de découvrir. Voici ce que je dis mot à mot :

 -"Oh maman, regarde dans l'eau on dirait des journaux."

Suivant mon doigt ma mère hurle alors : -"On est sur les rochers"

 Un choc sourd et violent l'empêche de rajouter quoi que ce soit. Tiki vient de s'échouer, le "Buron" n'avait été qu'un mirage dix minutes auparavant.Plus de peur que de mal pour nous deux qui nous retrouvons assises sur le pont. A l'arrière, les deux hommes qui ont entendu l'avertissement bien trop tard restent figés quelques secondes, le temps de comprendre ce qui se passe. Une fois revenu de sa stupeur mon père lance la marche arrière à pleine puissance essayant ainsi de sortir le voilier du guépier dans lequel il se trouve. Rejoignant tant bien que mal le cockpit qui nous semble plus sûr, nous manquons à plusieurs reprises de passer par dessus les filières avec ma mère. Tiki est comme possédé, passant inlassablement d'un bord sur l'autre en frappant la mer avec toute la force de ses douze tonnes. Déjà capelés avec des gilets de sauvetage depuis notre départ de St Hélier, nous n'avons à nous préoccuper que d'organiser un peu le vaste foutoire qui règne autour de nous. L'eau monte dans la cabine à une vitesse assez ahurissante et maints objets flottent çà et là ajoutant au dramatique de la scène. Mon père toujours à la barre tente de faire pivoter Tiki tandis que Bob qui s'est saisi de l'annexe s'applique à la rendre opérationnelle. En temps normal, elle est fastidieuse à gonfler mais dans les conditions actuelles cela relève du tour de force. Je sanglote doucement non seulement de peur mais aussi de tristesse. Mon beau lévrier des mers souffre et gémit à fendre l'âme. Allons nous donc le perdre ainsi, si proche de la côte et par calme plat ? Inutile d'envoyer des fusées de détresse même si mon père en donne l'ordre, elles se perdent dans la brume et doivent etre invisibles de la terre. Comme je l'ai dit pas de vhf à bord, cela nous aurait permis d'envoyer un appel de détresse mais il n'est plus temps d'avoir des regrets.

 

Fort Harbourg

 

Commentaires

nathysjade le 05-01-2014 à 18:30:14
je te souhaite une bonne année , je t'embrasse smiley_id117175