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Titre du blog : Mes passions
Auteur : kryspassions
Date de création : 18-12-2013
 
posté le 03-01-2014 à 10:27:39

Il était une fois le "Buron" - 2

 

 

 

Il fait nuit lorsque nous appareillons, je barre tandis que les hommes s'activent autour des voiles. Ma mère, quant à elle, range méthodiquement la nourriture. L'espace dans une cabine est restreint et chaque chose doit trouver la place qui lui convient le mieux. Tiki, en ancien bateau de course qu'il est, n'offre que peu de confort. Ce n'est que bien plus tard qu'il va bénéficier d'un aménagement pour la croisière, en fait juste avant de couler dans le détroit de Gibraltar(comme je l'ai précisé prcédemment).

La côte défile doucement, à droite la silhouette des remparts de St Malo, à gauche le rivage dentelé dinardais.

 

A l'avant, mon père ronchonne, une fois de plus nous allons naviguer au près serré, ce qui signifie 2 fois la route puisqu'il va fallloir tirer des bords. Je ne vais pas me lancer dans un cours de théorie mais pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu'est le près serré, je vais l'expliquer brièvement. Déjà, c'est la pire des allures... La proue(l'avant) du bateau pointe vers le lit du vent et il est donc nécessaire de maintenir un cap à quelques degrés de ce dernier pour ne pas stopper la course du voilier. Suis-je assez claire? Je l'espère. Le près serré est la bête noire des plaisanciers d'une façon générale...Plus d'efforts, une distance doublée et une coque inclinée(la gîte) qui fait parfois se demander à certains ce qu'ils sont venus faire dans cette galère. Par bon vent, il vaut mieux penser à amarrer solidement tout ce qui se trouve dans la cabine sous peine de voir passer des objets volants identifiés ou non. En l'occurence, nous avons un force 4 (2O noeuds ou environ 4O kms) établi, c'est une aubaine pour Tiki, sa fine carène frémit déjà prête à s'élancer dès que la plume(les voiles) sera envoyée. Mon père a choisi de partir à la renverse du courant , celui ci va donc nous pousser vers le large durant quelques heures (la navigation en Bretagne doit impérativement tenir largement compte des courants dûs aux marées, parfois fort violents ils leur arrivent de réserver des surprises de taille aux marins inattentifs).

 

Une nuit froide et étoilée comme je les aime nous envellope. Un peu plus tard, après le dîner, j'aurai l'immense bonheur de tenir compagnie à mon père durant son quart. Encore trop jeune pour demeurer seule à la barre durant 4 heures, je reste malgrè tout dans le cockpit apprenant ainsi les règles de la navigation nocturne. Instants magiques, où la complicité entre le père et la fille habités par une passion identique est à son comble.

 Fascinée par le sillage de Tiki, que la lune rend argenté, j'écoute avec attention et admiration mon capitaine me raconter la mer. Les heures passent toujours trop vite dans ces moments là. Il est temps pour nous de céder la place . Equipier attitré de Tiki, Bob enregistre les recommandations et consignes du grand chef, c'est lui aussi un fameux marin. Tiki n'a plus guère de secrets pour lui depuis le temps. Tandis que nous descendons nous glisser dans nos duvets, il s'installe pour savourer à son tour le bonheur que les heures à venir vont lui procurer. Barrer de nuit donne des sensations toutes particulières, entre ciel et mer avec comme compagnes les étoiles, la lune et la grande dame qui chuchote, on a l'impression d'être seul au monde. On se sent à la fois puissant et tout petit face aux éléments et à la beauté sauvage de la nature. Je sais que mon père, même s'il a confiance en son second, ne dormira que d'un oeil. Capable de détecter le moindre changement de cap au bruit de l'eau sur la coque, il reste prêt à intervenir au moindre problème. Il a d'ailleurs dans les années suivantes éviter à Teb d'aller s'éventrer sur une barrière de récifs.

 

A l'aube, se profile au loin la masse sombre de l'île. Tout le monde est déjà debout, pas de grasse matinée possible lorsque l'équipage est restreint. Il va nous falloir tirer un bord pour amener Tiki dans l'axe de la passe d'entrée. Ce ne sera pas le dernier, celle-ci se trouvant dans le lit du vent nous allons devoir virer à plusieurs reprises. Le petit déjeuner est reporté à plus tard, dans n'importe quelles conditions, la mer est et reste la patronne. C'est elle qui détermine, même indirectement les manoeuvres qui vont être nécessaires et l'emploi du temps à bord. Maîtresse exigeante, elle reste dangereuse même par calme plat pour l'étourdi qui pense l'avoir conquise. L'accès au port de St Hélier est très mal pavé et bonnes connaissances de l'endroit ou pas, il faut rester vigilant.

 

Arrivant à marée haute, nous n'avons pas besoin de patienter pour pouvoir passer le seuil(sorte de marche à l'entrée de certaines marinas qui ne permet pas toujours aux bateaux de rentrer lorque l'eau est basse). Nous atteignons le ponton que l'on nous a indiqué alors que tout s'éveille doucement autour de nous.

 

Commentaires

Misscalimero le 04-01-2014 à 09:45:32
coucou!

On s'y croirait!!!

je continue ma lecture!

bisous
anaflore le 04-01-2014 à 07:27:35
moi le bateau c'est mon cauchemar et pourtant étant ilienne je le prend plus souvent que je le souhaiterai

merci de tes bons voeux que 2014 te donnes plein de belles choses
kryspassions le 03-01-2014 à 20:02:59
bonsoir

Merci Wolfe, pour mes écrits si tu aimes, tu vas être servi, pour tout ce qui concerne la mer c'est fait avec de l'humour, les situations sont parfois des plus cocasses et j'en garde des souvenirs impérissables.

Pour la Bretagne, ç'est un peu plus sérieux mais je pense que cela reste plaiant à lire.

Bonne soirée

Bisous
wolfe le 03-01-2014 à 19:48:30
Bonsoir

J'adore ce que tu écris sur ton blog!

Et bravo pour la photo du jour!

Bisous