Il était une fois,
une petite fille de 2 ans et demi... Ainsi pourrait commencer l'histoire d'une complicité qui n'a fait que croître au fil des années. Grisé par le souffle du vent, caressé par les embruns, bercé par les vagues, il n'a pas fallu très longtemps pour que le jeune mousse devienne un matelot passionné qui rêvait déjà de lointains rivages. Une première école de voile à l'âge de 9 ans complète les connaissances acquises lors des navigations au large. Le marin que je suis devenue se souvient encore du premier "dessalage"(çà c'est quand le voilier décide de chavirer) dans une eau glacée en plein hiver. Merveilleux souvenir, même si vous en doutez. Excellente nageuse puisque faisant de la compétition à l'époque ce bain imprévu n'a eu pour effet que de me fouetter un peu le sang.
Adolescente solitaire, je n'ai eu pour seul véritable ami et confident que le flot vert émeraude de cette mer qui baigne nos côtes. Tantot souriant et bienveillant il me consolait en chuchotant doucement, tantot furieux et rebelle il grondait sans ménagement dans un fracas assourdissant. Bien souvent, tandis que je barrais, il m'est arrivé de faire corps non seulement avec le bateau mais également avec cette grandeur mystérieuse. Je m'imaginais alors être une sirène chevauchant un dauphin.
Je n'ai jamais été capable de demeurer bien longtemsps loin d'un rivage, j'ai toujours eu le besoin de voir et de sentir proche cette compagne si chère à mes yeux. Elle est le sang qui coule dans mes veines et me permet d'avancer et de me battre. Elle est le souffle qui me permet de respirer et de vivre. Cet amour qui n'a jamais failli jusqu'à aujourd'hui ne m'a jamais déçue. J'ai appris à craindre et à respecter autant que je peux l'aimer, celle que j'appelle la "Grande Dame". Quelque soit son humeur, elle est d'une beauté saisissante qui jamais ne lasse le regard. Avez vous jamais vécu un lever ou un coucher de soleil au large ? Il n'y a pas de mots pour décrire ou pour raconter le grandiose du moment, on se sent tout petit devant cette merveille de la nature et même si l'on a envie d'exprimer son admiration, aucun mot n'est prononcé. Envahi par une immense vague de chaleur, on voudrait que cet instant ne s'arrête jamais.
Il y a tant à dire sur ce que l'on a la chance de vivre loin des côtes, là où l'océan et le ciel ne font plus qu'un que je pourrais y passer des jours entiers. J'ouvre les pages à venir pour vous faire partager ce sentiment si profond qui me lie à cette amie de toujours. Des poèmes(qui ne sont pas de moi), des récits, des anecdotes et des photos bien sûr vont petit à petit faire vivre cette partie de mon univers virtuel pour, je l'espère, votre plus grand plaisir.
A terre, depuis bien trop longtemps à mon gout, j'ai choisi pour inaugurer cette rubrique un poème un peu mélancolique.
Barque échouée au bord des rivages bretons,
J'ai désappris l'essor de mes jeunes sillages
Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
Vos scalps souillés d'écume, ô goémons des plages.
Il ne m'importe plus si d'autres les refont,
Mes croisières d'antan, mes belles odyssées ;
Promise au lent trépas des carènes blessées,
J'abandonne le large à celles qui s'en vont.
Ni l'aile des courlis que le matin soulève,
Ni l'émoi de la mer sous un vierge soleil
Ne peuvent, dans mon être à la tombe pareil,
Faire sourdre un regret ou tressaillir un rêve.
Je vois partir mes soeurs à la pointe du jour,
Je les vois revenir aux premières étoiles,
Sans envier le chant que gonflent dans leurs toiles
La fièvre du départ et l'orgueil du retour.
(anatole Le Braz)
Commentaires
Magnifique!!
Bisous